Sénatoriales : les enjeux pour Emmanuel Macron
Les sénatoriales s’annoncent difficiles pour La République En Marche ce dimanche. Le groupe devrait gagner peu de sièges à cause du mode de scrutin, qui renforcera la droite, et de la grogne des élus locaux. Mais LREM pourra compter des appuis dans presque tous les groupes. Indispensable pour obtenir la majorité des 3/5 au Congrès.

Sénatoriales : les enjeux pour Emmanuel Macron

Les sénatoriales s’annoncent difficiles pour La République En Marche ce dimanche. Le groupe devrait gagner peu de sièges à cause du mode de scrutin, qui renforcera la droite, et de la grogne des élus locaux. Mais LREM pourra compter des appuis dans presque tous les groupes. Indispensable pour obtenir la majorité des 3/5 au Congrès.
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Emmanuel Macron a adoré la présidentielle et les législatives. Il va moins aimer les sénatoriales. Le scrutin qui renouvelle, ce dimanche, la moitié des 348 sièges de la Haute assemblée ne s’annonce pas comme un grand succès pour le Président. Emmanuel Macron le sait déjà. Les sénateurs sont élus par les grands électeurs, environ 76.000 aujourd’hui. Ils sont composés à 95 %  par les conseillers municipaux et leurs représentants. En 2014, lors des dernières municipales, La République En Marche n’existait pas et la droite a remporté le scrutin. Elle va donc renforcer sa majorité.

Pas de carton plein pour En Marche…

Dans la foulée des législatives, LREM imaginait capitaliser sur la vague Macron. Le groupe LREM s’est lancé avec 30 sénateurs (puis 29 après le décès de Nicole Bricq), essentiellement issus du groupe PS, comme son président François Patriat. Mais le sénateur imaginait d’abord doubler ce chiffre après les sénatoriales. Mais l’été a tout changé. Ou plutôt les annonces du gouvernement sur les collectivités : 13 milliards d’euros d’économies au lieu de 10, réduction du nombre d’emplois aidés, fin de la réserve parlementaire  et de la taxe d’habitation. Autant de sujets anxiogènes pour les élus locaux qui votent aux sénatoriales. Emmanuel Macron aurait voulu faire une croix sur les sénatoriales, il ne serait pas pris autrement. A quelques jours du scrutin, l’exécutif a adouci les efforts demandés, en limitant les économies sur la progression des dépenses. Pas sûr que cela suffise.

D’une soixantaine de sénateurs, l’objectif a été rabaissé à 50 voire 40 sénateurs LREM. D’autant que 19 des 29 sièges du groupe sont renouvelables. Ce soir, en cas de mauvais résultats, les éléments de langage de LREM sont déjà tout trouvés : il ne s’agit pas d’une défaite puisqu’En marche part de zéro aux municipales.

… mais des alliés répartis dans presque tous les groupes

LREM ne fera pas de carton plein au Sénat. Mais il pourra s’appuyer sur des soutiens à droite, comme à gauche : au groupe Union centriste (UDI et Modem), au groupe RDSE (à majorité PRG, en cours de rapprochement avec le Parti radical), chez une partie du groupe PS, dont le président Didier Guillaume est conciliant avec le chef de l’Etat et chez les Constructifs du groupe LR, qui veulent monter leur groupe, et même chez les LR sur certains textes.

Pour  rassembler tous les sénateurs Macron-compatibles, François Patriat organisera un intergroupe. Si la formule n’a pas de réalité dans le règlement du Sénat, le sénateur de la Côte-d’Or évoquait déjà auprès de Public Sénat au mois de mai l’idée d’« un intergroupe au Sénat qui regrouperait l’ensemble des marcheurs, qu’ils soient socialistes, centristes, ou Républicains » (voir la vidéo). De quoi constituer des majorités au Sénat, selon les textes et au cas par cas. Le groupe LREM pourra être l’arbre qui cache la forêt.

L’enjeu des 3/5 pour Emmanuel Macron

LREM ne fera pas basculer le Sénat. Gérard Larcher sera réélu à sa tête. Mais L’enjeu, pour Emmanuel Macron se situe ailleurs : obtenir une majorité des 3/5 au Congrès pour pouvoir modifier la Constitution. Elle sera indispensable pour certaines réformes, comme la réduction du nombre de parlementaires.

L’exécutif peut compter sur sa large majorité à l’Assemblée. Il pourrait s’appuyer sur un peu plus de 390 députés au total. Pour arriver au 3/5, il faut donc un peu plus de 160 sénateurs. Ce qui semble difficile. Mais détail d’importance : il faut obtenir les 3/5 des suffrages exprimés. Autrement dit, si par exemple 30 parlementaires s’abstiennent, le nombre de voix à obtenir est plus faible. La majorité des 3/5 passe alors de 555 à 537. Il manque alors environ 145 sénateurs, un objectif qui semble plus à la portée de La République En Marche. A n’en pas douter, les stratèges de la majorité ont déjà fait leurs calculs : si LREM compte 40 sénateurs ce soir, que 30 LR apportent leur soutien, 20 PS, environ 15 RDSE, 40 centristes, on arrive à 145… Avec une fourchette plus haute de 50 sénateurs LREM, cela fait 155 sénateurs. Ce sera difficile mais jouable. Mais dimanche soir, il ne sera peut-être pas évident de savoir si Emmanuel Macron peut disposer d’une majorité des 3/5.

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