Séparatisme : quelles sont les modifications du Sénat dans le domaine éducatif ?
Respect du principe de neutralité à l’université, maintien du système déclaratif pour l’instruction à domicile mais avec un contrôle renforcé, lutte contre les certificats médicaux de complaisance… A quelques jours de l’examen du projet de loi séparatisme au Sénat, la commission de la culture du Sénat a largement modifié les dispositions qui concernent le portefeuille du ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, et de l’Enseignement supérieur.

Séparatisme : quelles sont les modifications du Sénat dans le domaine éducatif ?

Respect du principe de neutralité à l’université, maintien du système déclaratif pour l’instruction à domicile mais avec un contrôle renforcé, lutte contre les certificats médicaux de complaisance… A quelques jours de l’examen du projet de loi séparatisme au Sénat, la commission de la culture du Sénat a largement modifié les dispositions qui concernent le portefeuille du ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, et de l’Enseignement supérieur.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

28 amendements ont été adoptés cette semaine par la commission. Première modification, la plus notable, la suppression de l’article 21 sur « l’encadrement » de l’instruction en famille. La majorité sénatoriale s’oppose fermement à la mise en place d’une autorisation préalable du rectorat, contre une simple déclaration actuellement. « Il porte une atteinte disproportionnée à la liberté d’enseigner, en souhaitant instaurer un régime d’autorisation. Nous pensons que les objectifs du gouvernement, en matière de lutte contre le séparatisme, peuvent être atteints en conservant le principe de la déclaration et en le modifiant à la marge », a expliqué devant la commission des lois, mercredi, Stéphane Piednoir, rapporteur LR du texte pour la commission de la culture, saisie pour avis.

« Il y a un amalgame qui est fait entre l’instruction en famille et les écoles clandestines »

« Le régime d’autorisation préalable entraîne un climat de suspicion généralisée à l’égard des familles qui pratiquent l’instruction à domicile, qui est une liberté fondamentale. Il y a un amalgame qui est fait entre l’instruction en famille et les écoles clandestines. Nous avons donc fait un pas en direction du ministère pour montrer que nous n’étions pas contre accentuer la recherche des cas délictueux », affirme Stéphane Piednoir à publicsenat.fr.

En effet, la Haute assemblée conserve le système déclaratif avec un contrôle du rectorat plus resserré, comme l’interdiction d’instruire à domicile pour une personne inscrite au FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes) ou condamnée pour crimes et délits à caractère terroriste ou, en cas d’absence de déclaration ou de fraude. Une possibilité est aussi introduite pour le recteur d’un entretien avec la famille au moment de la déclaration d’instruction en famille.

Dans le cas où un enfant serait découvert dans une école clandestine, les parents n’auront pas la possibilité de recourir à l’enseignement en famille jusqu’à la fin de l’année scolaire et l’année suivante.

Principe de neutralité renforcé à la Haute assemblée

La Haute assemblée s'est penchée sur l’université. A la suite de plusieurs cas d’annulation de conférences ou de colloques ces derniers mois, la commission a adopté un amendement visant à interdire les comportements et actions de prosélytisme ou de propagande de nature à perturber les activités d’enseignement et de recherche, la tenue de conférences ou de débats autorisés par le président d’université ou le directeur de l’établissement. Un autre amendement interdit les activités cultuelles dans les lieux d’enseignement. D’autres amendements sur ce sujet devraient être déposés en séance indique le rapporteur.

Dans le domaine du sport, le Sénat veut accentuer la lutte contre les certificats de complaisance qui permettent, par exemple de soustraire certaines jeunes filles de la piscine. En cas de doute sur l’inaptitude de l’élève, le chef d’établissement ou l’enseignant peuvent demander la réalisation d’une visite médicale par un médecin scolaire. Les médecins de santé scolaire seront destinataires des certificats médicaux en cas d’inaptitude supérieure à un mois contre trois mois dans le texte de l’Assemblée nationale.

Les sénateurs souhaitent que toute personne sollicitant une licence sportive s’engage à respecter un contrat d’engagement républicain comme les dirigeants de ces associations et fédérations. Un contrat où est inclut la « promotion des principes de la République, notamment la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité.

Sport : contrôle de l’honorabilité des encadrants renforcé

Enfin, en séance un amendement sera déposé afin de contrôler « l’honorabilité » des encadrants des activités physiques et sportives par la consultation du fichier des auteurs d’infractions terroristes (FIJAIT), et du FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes). Il fait suite à la vague de témoignages, l’année dernière, de plusieurs athlètes abusés sexuellement dans leur jeunesse par leurs entraîneurs.

De même, après avoir été rejeté en commission des lois, un nouvel amendement imposant la neutralité des accompagnants scolaire sera de nouveau débattu en séance publique.

Partager cet article

Dans la même thématique

107th anniversary of the 1918 Armistice
3min

Politique

Sondage : Sébastien Lecornu reste beaucoup moins impopulaire qu’Emmanuel Macron

L'impopularité du Premier ministre est bien moindre que celle du chef de l’Etat : Sébastien Lecornu bénéficie de 35% d’opinions favorables contre 21% pour Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre Odoxa de décembre 2025. Cet écart s'est même creusé, puisque le locataire de Matignon a progressé de 5 points depuis octobre tandis que le président stagne.

Le

3min

Politique

Municipales : le front « anti-LFI » désormais plus fort que le front « anti-RN »

59% des Français sont disposés à se reporter sur un candidat qui ne bénéficie pas de leurs faveurs politiques afin d'empêcher LFI de l’emporter aux prochaines municipales. Ce chiffre dépasse de loin les 44% qui se disent prêts à faire de même contre le RN, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. C’est au sein de la droite et du centre que le sentiment anti-LFI s’exprime avec le plus de force.

Le

Buste de Marianne
2min

Politique

Sondage : 76% des Français s’intéressent aux prochaines municipales

Comme lors des précédentes élections municipales, le thème de la « sécurité et de la lutte contre la délinquance » se dégage largement comme prioritaire pour 50% des Français interrogés, en particulier chez les sympathisants de droite et d’extrême droite, dans un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. La santé et le niveau des impôts locaux suivent, avec 35% de citations chacun.

Le

Séparatisme : quelles sont les modifications du Sénat dans le domaine éducatif ?
4min

Politique

Budget : « Nous avons tout à fait matière à trouver le compromis », estime la ministre de l’Action et des Comptes publics

Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.

Le