[Série] Présidentielle 2022 : Et si c’était… Nicolas Sarkozy ?

[Série] Présidentielle 2022 : Et si c’était… Nicolas Sarkozy ?

Cette semaine publicsenat.fr vous propose un peu de politique-fiction, en imaginant un scénario qui amènerait un candidat déclaré ou non à l’Elysée au printemps prochain. Alors que chez Les Républicains plusieurs prétendants se disputent l’investiture, Franck Louvrier, maire de la Baule et ancien conseiller en communication de l’Élysée, se prend à rêver d’un retour de Nicolas Sarkozy plus écolo que jamais.
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« Je peux être un peu disruptif ? ». Franck Louvrier a bien compris ce qu’on attendait de lui : de la politique-fiction, et en l’occurrence peut-être plus de fiction que de politique. « J’ai une théorie qui est que la droite n’arrive pas à se mettre d’accord sur un candidat et un système de sélection. La primaire tombe à l’eau faute de participants. La pression est très forte car Marine Le Pen est haute dans les sondages. A l’automne, les médias commencent à sonder l’opinion pour savoir quel candidat peut arriver en tête au premier tour et éventuellement gagner au deuxième. Ils mettent le nom de Nicolas Sarkozy et on s’aperçoit que c’est le seul qui peut avoir ce résultat-là », se prend à rêver Franck Louvrier.

On sait bien qu’avec Nicolas Sarkozy tout peut (re) devenir possible, mais ces derniers temps ce slogan s’est surtout révélé exact sur le volet judiciaire. Condamné en première instance à trois ans d’emprisonnement, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Bismuth, mis en examen pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, sans oublier la peine d’un an de prison dont six mois avec sursis et 3 750 euros d’amende requise contre lui dans l’affaire Bygmalion.

Mais pas de quoi mettre à mal son retour aux affaires (politiques celles-ci) pour Franck Louvrier. « Non, vous avez d’autres candidats qui ont déjà eu des problèmes avec la justice. Je pense que l’enjeu de voir le Rassemblement National arriver au pouvoir est tellement important qu’à droite les yeux vont s’orienter vers celui qui est le plus à même de pouvoir gagner ».

Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, tous anciens ministres de Nicolas Sarkozy, ne parviendraient pas à franchir la barre des 15 % dans les sondages, contraints d’accepter de reformer la fameuse « équipe de France » de la droite, menée par « un sélectionneur qui a déjà exercé », de plus « placé à 25 % dans les sondages ».

« Une équipe de France », où Xavier Bertrand occuperait le poste de Premier ministre, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau irait à Beauvau et Valérie Pécresse à l’Economie, entre autres.

Axe de campagne : « l’homme qui a su gérer la crise »

L’ancien Spin doctor de Nicolas Sarkozy voit un axe de campagne tout tracé. « Nicolas Sarkozy se présentera en disant qu’il ne fera qu’un mandat. L’argument, c’est l’homme qui a su gérer la crise ». « Il part sur une ligne qui est : protéger. Protection de la population, protection de l’environnement, protection du pays.

On tique sur la protection de l’environnement. LR n’est-il pas le parti du gaz de schiste et des OGM » ? Comme l’avait scandé Luc Chatel en 2016 devant le conseil national. « La droite est celle qui a fait le plus en matière d’écologie, le Grenelle de l’environnement, le ministère de l’écologie, les parcs nationaux, la conservation du littoral… C’est la droite. Je veux bien voir le bilan de gauche sur l’écologie », rétorque-t-il.

Symbole de ce tournant écolo, Nicolas Sarkozy prononcera son discours de victoire le soir du second tour « dans une ferme en région parisienne ». « Aussi, parce que les agriculteurs auront été durant toute la campagne derrière lui ». « Son idée, ce sera de remettre l’agriculture au centre de l’équilibre économique français », professe-t-il.

Plus attendu, Nicolas Sarkozy proposera un référendum sur les quotas d’immigration. « On reviendra sur les peines planchers, ça c’est sûr, et on donnera plus de moyens aux polices municipales en leur donnant des attributions similaires à celles de la police nationale ». C’était une disposition de la loi « Sécurité globale » censurée par le Conseil Constitutionnel en mai dernier. « Mais ça peut passer par référendum ça aussi », nous répond Franck Louvrier.

Marine Le Pen absente du second tour

Marine Le Pen est la grande perdante de ce scénario du retour en grâce de l’ancien chef d’Etat. Même pas qualifiée pour le second tour avec un score autour de 15 %, elle paye le spectre d’une candidature finalement abandonnée d’Éric Zemmour. En 81, la France avait envie de la gauche et ils ont eu la gauche. Coluche était annonciateur du pouvoir de gauche. Zemmour, d’une certaine façon, est annonciateur du pouvoir de droite. 

Mais pas de la victoire de l’extrême droite. « En plus, Marion Maréchal commencera à dire qu’elle participera à la prochaine présidentielle, ce qui va accélérer la chute de sa tante ».

Au second tour, Nicolas Sarkozy obtiendra une courte victoire, 51 %, face à Emmanuel Macron qui aura déjà peiné à se qualifier au 2nd tour. Dans une gauche éclatée entre un candidat écologiste et Jean-Luc Mélenchon, c’est le candidat ou la candidate du PS qui tirera son épingle du jeu du premier tour. Le candidat PS « sera assez haut, ça va se jouer dans un mouchoir de poche avec Emmanuel Macron », prédit-il.

Et que retenir du débat d’entre deux tours, climax d’une campagne présidentielle ? Franck Louvrier qui avait préparé Nicolas Sarkozy en 2007, sèche un peu. « Ce sera une bataille sur le bilan. L’idée ce sera de montrer que le nouveau monde est plus ancien que l’ancien monde ».

Faire du neuf avec du vieux. Décidément très écolo cet ancien nouveau Président.

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