Service national universel : le rapporteur au Sénat critique le dispositif 2021
Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, a dû s’expliquer au Sénat sur le budget 2021 du Service national universel. Le sénateur PS Jacques-Bernard Magner avait critiqué le doublement de l’enveloppe en 2021, malgré une situation sanitaire toujours difficile.
Quels moyens en 2021 pour le Service national universel (SNU), dont la phase de préfiguration a démarré en 2019 ? Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, auditionnée au Sénat 17 novembre aux côtés de son ministre de tutelle, Jean-Michel Blanquer (Éducation nationale), a annoncé un budget en forte progression : « plus de 31 millions d’euros supplémentaires par rapport à la loi de finances initiale 2020 », soit 61 millions d’euros.
L’ampleur de la progression a surpris le sénateur (PS) Jacques-Bernard Magner, le rapporteur pour avis des crédits budgétaires 2021 de la Jeunesse et la Vie Associative, au sein de la commission de la culture et de l’éducation. « Je me pose la question – et je crois que tout le monde se la pose ici, pourquoi rajouter 32 millions encore ? » Depuis son lancement, le SNU fait l’objet de sévères réserves au Sénat, sur ses missions ou encore son coût.
Après une année 2020, dans laquelle étaient théoriquement engagées 20 à 30 000 jeunes, le sénateur a rappelé que les 30 millions d’euros de l’année en cours « n’ont pas servi à ce pour quoi ils étaient destinés ». Crise sanitaire oblige, des « séjours de cohésion » ont été annulés en cascade. Or, le contexte ne s’annonce pas moins flou pour 2021 sur le front du coronavirus, selon lui. « C’est vraiment de l’argent qui est mobilisé pour un objectif qui ne peut pas se défendre », a-t-il poursuivi, mettant ensuite en doute le soutien de ses collègues à ce budget, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2021.
« Il n’est pas normal que le Parlement ne soit pas saisi pour en débattre, quand il va coûter aussi cher »
La secrétaire d’État a reconnu que « le déploiement en tant que tel » n’avait « pas pu avoir lieu » mais que le budget en hausse traduisait la volonté de « sincériser les comptes ». Selon elle, l’enveloppe correspond à 2 400 euros pour chaque jeune engagé sur une durée d’un mois, et permettra de financer l’armée, les collectivités territoriales ou encore la SNCF. Le précédent budget « n’intégrait pas les coûts » réels. Elle a fixé un objectif de 25 000 jeunes dans le dispositif du SNU « d’ici la fin de l’année 2021 ».
Jacques-Bernard Magner a également regretté que le SNU n’ait fait l’objet d’aucun débat au Parlement. « On n’en a jamais parlé démocratiquement. Il n’est pas normal que le Parlement ne soit pas saisi pour en débattre, quand il va coûter aussi cher », a-t-il reproché.
Répétant que le gouvernement était « encore dans une phase de préfiguration », Sarah El Haïry lui a bien assuré qu’il faudrait « une loi pour permettre le déploiement et la généralisation du SNU », et que la phase d’expérimentation permettrait de préparer ce débat. « Laissons la chance au SNU de faire ses preuves avant de le stabiliser », a-t-elle encouragé.
Le président du groupe LR du Sénat prend ses distances avec la proposition du ministre François Rebsamen de recréer une « contribution modeste » pour les communes. Pour les sénateurs LR, « il faut donner un peu plus d’autonomie » aux collectivités, mais sans nouvel impôt local.
« La position du PS, c’est de dire que nous sommes favorables au principe de la proportionnelle, mais nous voulons savoir quelle sera la sauce à laquelle les électeurs seront associés », affirme Patrick Kanner, patron du groupe PS du Sénat.
Le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard, reproche la mollesse de la réponse « des plus hautes autorités de l’Etat », après l’assassinat d’Aboubakar Cissé, fidèle musulman, tout en saluant les « mots justes » employés par François Bayrou. « Le drame du Gard est épouvantable » a rappelé le premier ministre.
En répondant à une question d’actualité au Sénat sur le meurtre d’Aboubakar Cissé, le ministre auprès du ministre de l’Intérieur a affirmé qu’après s’être rendu aux autorités italiennes le principal suspect avait accepté de revenir en France. Il devrait arriver pour la mi-mai.