Sexisme en politique : « Plus on sera nombreuses, plus on sera respectées » estime Karima Delli
Les invitées de l’émission « On va plus loin » débattent du sexisme en politique, qui, malgré quelques avancées, perdure toujours.

Sexisme en politique : « Plus on sera nombreuses, plus on sera respectées » estime Karima Delli

Les invitées de l’émission « On va plus loin » débattent du sexisme en politique, qui, malgré quelques avancées, perdure toujours.
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Le mois dernier, le magazine « Marie Claire » a publié tout un dossier sur le sexisme en politique, recueillant le témoignage de dix femmes politiques. Alors que le mouvement #MeeToo a libéré la parole des femmes en général et mis en lumière des violences verbales et physiques inacceptables, qu’en est-il du sexisme ordinaire dans les allées feutrées du Parlement ou des ministères ?

Yaël Braun-Pivet, députée La République en Marche des Yvelines, présidente de la Commission des Lois de l'Assemblée Nationale raconte son expérience : « Je suis présidente d’une commission (…) qui s’occupe de sujets régaliens (la sécurité, le terrorisme, la justice…). Ce sont des sujets bien souvent réservés aux hommes, en politique. Et donc  le fait que je sois une femme (…) a été tout de suite très mal perçu et j’ai eu des premières attaques sur ma famille. J’étais mère, j’avais cinq enfants et donc forcément incapable d’exercer cette fonction (…) On vous fait sentir que vous n’êtes pas à votre place parce que vous êtes une femme. »

Pascale Boistard, ancienne secrétaire d’État aux droits des femmes, explique que ce sexisme est dû à des problèmes de partage du pouvoir : « Il est difficile pour certains hommes de partager le pouvoir. Et lorsque vous arrivez à certains postes ou certaines responsabilités, que ce soit en politique ou dans la vie économique aussi (…) eh bien on ne partage pas le pouvoir.  

Des femmes qui arrivent avec des convictions, qui ont du caractère et qui sont là pour défendre leurs idées (…) ça ne plaît pas. »

 Pour montrer concrètement ce qu’est ce sexisme, Karima Delli, députée européenne EELV et présidente de la  Commission transports au Parlement européen, a créé en 2014 un Tumblr qui s’appelait « Et sinon, je fais de la politique » et qui permettait à des élues de dénoncer le sexisme en politique, en partageant les remarques déplacées qu’elle avait entendues : « Ce genre de remarques est très révélateur parce que la politique a été faite par des hommes et pour des hommes » analyse la députée européenne.

« Ne rien laisser passer »

Lorsqu’elle a préparé le dossier sur le sexisme en politique pour son magazine, Marianne Mairesse, rédactrice en chef de Marie-Claire, a été choquée particulièrement par deux choses : « Ce qui me frappe beaucoup c’est déjà les mots (…) On ne reconnaît pas la fonction d’une femme politique et on ne l’appelle pas comme telle. Ensuite c’est le corps. Les femmes politiques et  les femmes en général, sont très souvent réduites à leur corps. Les hommes focalisent sur ça. »

Pour lutter contre ce sexisme, il y a des méthodes, explique Karima Delli. La première étant de se « faire respecter ». Mais cela ne suffit pas pour changer les choses en profondeur : « Les femmes aujourd’hui doivent revendiquer leur place en politique. Plus on sera nombreuses, plus on sera respectées. ».   

Pascale Boistard considère qu’« il faut aussi qu’il y ait de la solidarité entre les femmes » : « Parce qu’il y a en cela quelque chose d’essentiel aussi pour pouvoir avancer. La solidarité entre les femmes c’est de se lever quelle que soit notre appartenance, lorsque de tels actes ou propos sont posés et de ne rien laisser passer. »

Et d’ajouter : « Tout cela existe aussi parce qu’il y a un travail à faire au sein des instances politiques (…) Il y a eu des lois qui nous ont « aidées » pour imposer la parité dans ce pays parce qu’on n’y arrivait pas naturellement (…) Il faut qu’il y ait une volonté politique (…) par la loi, mais ça ne règle pas tout (…) Dans les cabinets ministériels, qui fait la parité aujourd’hui ? (…) Nous, on est la devanture de tout cela et l’on doit se battre aussi pour (…) celles qui sont dans les couloirs et les postes moins visibles et qui aussi méritent d’avoir cette reconnaissance de leur compétence, de leurs qualités, et [qui] sont en capacité d’exercer ces responsabilités. »

 

Vous pouvez voir et revoir ce débat sur le sexisme en politique, en intégralité :

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