« Simone Veil, mémoire d’une immortelle » : interview du réalisateur

« Simone Veil, mémoire d’une immortelle » : interview du réalisateur

Alors que Simone et Antoine Veil entrent au Panthéon ce dimanche, Public Sénat diffuse un documentaire inédit sur la vie de Simone Veil, intitulé Mémoire d’une immortelle ce samedi 30 juin sur Public Sénat. Entretien avec le réalisateur Pierre Bonte-Joseph.
Public Sénat

Par Adrien BAGET

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Comment vous est venue l’idée de ce documentaire ?

En 2013, en reportage sur le site de Pierrefitte-sur-Seine aux Archives nationales, la directrice de l’époque avait évoqué l’arrivée des archives privées de Simone Veil. Que contenaient-elles ? Que pouvaient-elles nous raconter sur la vie de celle qui fut jusqu’au bout de sa vie une des personnalités préférée des Français ?

Photo du tournage aux Archives nationales.
Le réalisateur Pierre Bonte-Joseph dans l'exploration du fonds d'archives de Simone Veil

Que nous disent ces archives ?

Quand l‘appel pour sa panthéonisation a été lancé, nous nous sommes dit que ces archives recelaient, non pas une part de l’intime mais autant de pièces de la pensée de Simone Veil. Des pièces qui reconstituées, offraient non pas une histoire différente de celle que l’on connaît mais une histoire précise, plus détaillée, celle que Simone Veil elle-même, avait constitué. Car le projet du film n’est pas d’explorer les archives familiales – d’ailleurs Simone Veil compartimentait vie personnelle et professionnelle – mais de s’appuyer sur les documents officiels, les courriers reçus, les agendas de l’ancienne ministre de la Santé pour obtenir un récit inédit.

L’émotion est réelle de voir ses notes, notamment celles prises en novembre 1974 lors des débats à l’Assemblée où encore ces mots d’anonymes reçus après l’adoption du projet de loi sur l’IVG comme autant de témoignages d’affection.

Simone Veil, mémoire d'une immortelle
La conservatrice du patrimoine Constance de Vergnette dans l'exploration du fonds Simone Veil.  Pierre Bonte-Joseph

Une pièce vous a-t-elle marquée ?

Ce film n’aurait pas été possible sans l’autorisation des enfants de Simone Veil et la collaboration étroite des équipes des Archives nationales. Notamment le travail de Constance de Vergnette en charge du fonds. Elle a été notre boussole dans ces archives et nous a soumis une sélection de documents. C’est à ses côtés que nous avons découvert quelques pièces les plus précieuses de ce film, comme un extrait du procès-verbal d'une réunion au ministère de la justice datant de 1972, dans lequel elle revient sur le droit des prisonniers d'avoir un crayon et du papier dans leurs cellules, ou un questionnaire dans lequel la jeune magistrate se dévoile dans un style personnel. Elle revient sur son choix d’œuvrer dans la justice. Une vie après la déportation qu’elle a choisi de consacrer aux condamnés, dit-elle, victimes « de leurs passé, de leur milieu, et de leur misère ».

Que représente pour vous Simone Veil ?

Il y a chez elle la figure de la femme politique au service des autres. Comment ces grandes personnalités d'après-guerre avaient le sens de l'État, du collectif avant celui de l'opportunisme politique. C'était une femme plutôt de droite sur les aspects économiques mais qui était de gauche sur le sens des valeurs comme la loi sur IVG l'a montré. Il y avait quelque chose de la justice, de la probité et de l'exigence... des adjectifs qui ne sont pas si courants que cela. Le fait qu'elle est décidé de verser ses archives privées aux Archives nationales dit bien qu'elle rend à la Nation le fruit de son travail. Cela ne m'appartient pas car je vous le dois. Il y a quelque chose de l'ordre du service à la République.

Diffusion le samedi 30 juin à 21h30, dimanche 1 juillet à 12h30, lundi 13 août à 22h, lundi 20 août à 17h30, dimanche 26 août à 9h30, mardi 28 août à 17h et le dimanche 2 septembre à 10h30.

 

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