Smic: la hausse de 1,5% officialisée, mais le gouvernement préfère la prime d’activité
Le gouvernement a officialisé mercredi la hausse du Smic de 1,5% au 1er janvier, sans "coup de pouce" car l'exécutif a privilégié...

Smic: la hausse de 1,5% officialisée, mais le gouvernement préfère la prime d’activité

Le gouvernement a officialisé mercredi la hausse du Smic de 1,5% au 1er janvier, sans "coup de pouce" car l'exécutif a privilégié...
Public Sénat

Par Fabrice RANDOUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le gouvernement a officialisé mercredi la hausse du Smic de 1,5% au 1er janvier, sans "coup de pouce" car l'exécutif a privilégié la revalorisation de la prime d'activité pour atteindre l'objectif d'une augmentation de 100 euros net pour ceux autour du salaire minimum.

Adoptée par décret en conseil des ministres mercredi, cette revalorisation mécanique portera, en brut, le Smic horaire de 9,88 à 10,03 euros, et le Smic mensuel de 1.498 à 1.521 euros sur la base de 35 heures hebdomadaires.

En net, la hausse sera de 16 euros à 1.204 euros. L'année dernière, alors que le brut n'avait augmenté que de 1,24%, le net avait plus fortement augmenté (20 euros en janvier, 15 en octobre) du fait de la suppression, en deux étapes, des cotisations salariales chômage et maladie.

Cette hausse mécanique est calculée selon deux critères: l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire ouvrier et employé.

Selon une étude de la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail, près de deux millions de salariés du secteur privé ont été concernés par la revalorisation l'année dernière, soit 11,5% des effectifs. 58% des bénéficiaires sont des femmes alors qu'elles ne représentent que 44% des salariés. Ceux des entreprises de moins de 10 salariés sont trois fois plus concernés que les autres, tout comme les salariés à temps partiel.

Pas de "coup de pouce" donc une nouvelle fois, le dernier remontant à juillet 2012, au début du quinquennat Hollande, avec un modeste 0,6%...

Pour répondre aux "gilets jaunes", l'exécutif a préféré passer par la prime d'activité, un complément versé aux travailleurs à revenus modestes, qui va augmenter de 90 euros et sera élargie de 3,8 à 5 millions de foyers éligibles.

Les CAF ont assuré qu'elles seraient en mesure de verser cette prime revisitée dès le 5 février, y compris aux nouveaux allocataires s'ils font une demande entre le 1er et le 25 janvier.

- les syndicats critiques -

Pour justifier son choix, l'exécutif argumente d'abord qu'une forte hausse du Smic augmenterait le coût du travail des personnes peu qualifiées dont le taux de chômage est déjà élevé.

"Le coup de pouce au Smic, on sait que ça détruit des emplois donc ça n'est pas la bonne méthode", répète la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Si cette argumentation est aussi celle du groupe d'experts sur le Smic, un panel d'économistes qui conseille le gouvernement, d'autres économistes la relativisent car les "smicards" travaillent principalement dans les services (hôtellerie-restauration, aide à la personne, nettoyage...) non exposés à la concurrence internationale.

Et si en net le Smic français est l'un des plus élevés de l'OCDE, c'est moins le cas en brut avec les exonérations de cotisations.

Autre argument mis en avant par le groupe d'experts, le Smic est un outil "peu efficace pour lutter contre la pauvreté" qui est d'abord "la conséquence de la faible durée travaillée et des charges familiales".

A l'inverse, "la hausse de la prime d'activité permet de réduire plus efficacement les inégalités et la pauvreté, y compris celle des enfants, car son barème tient explicitement compte de la composition du ménage", soulignent-ils.

En conséquence, contrairement à ce qu'avait dit Emmanuel Macron, 45% des personnes au Smic n'auront pas les 100 euros car elles appartiennent à des ménages qui gagnent plus de 3.000 euros net.

Du coup, une partie de la gauche et des syndicats, qui réclamaient une forte revalorisation du Smic pour enclencher par répercussion une hausse générale des salaires, y voient "une entourloupe".

Pour le parti communiste, c'est "une véritable escroquerie" avec cette allocation qui "n'est pas du salaire". La CGT, qui revendique un Smic à 1.800 euros, dénonce une "prime que les contribuables vont payer", alors que "le salaire, ça doit être les patrons qui paient".

En outre, fait remarquer Force ouvrière, la prime d'activité "ne participe pas au financement de la protection sociale, qui à long terme risque d'en pâtir".

Partager cet article

Dans la même thématique

Smic: la hausse de 1,5% officialisée, mais le gouvernement préfère la prime d’activité
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Smic: la hausse de 1,5% officialisée, mais le gouvernement préfère la prime d’activité
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le