SNCF : qui sont les gagnants et les perdants de la grève?
Alors que la grève des cheminots aborde sa 10ème journée ce mardi, les effets se font déjà sentir sur les acteurs économiques. Difficultés dans l'hôtellerie et le tourisme, désorganisation du fret et report des voyageurs vers d’autres moyens de transport, retour sur les gagnants et les perdants de ce mouvement social.

SNCF : qui sont les gagnants et les perdants de la grève?

Alors que la grève des cheminots aborde sa 10ème journée ce mardi, les effets se font déjà sentir sur les acteurs économiques. Difficultés dans l'hôtellerie et le tourisme, désorganisation du fret et report des voyageurs vers d’autres moyens de transport, retour sur les gagnants et les perdants de ce mouvement social.
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Par Jules Duribreu

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Malgré une mobilisation générale en baisse chez les cheminots, le mouvement reste suivi. Ainsi, pour cette 10ème journée d’une grève perlée prévue pour durer jusqu’en juin, le taux de grévistes s’élève à 17,87%, une donnée à mettre en parallèle avec le taux chez les personnels indispensables à la circulation. Ainsi 63,4% des conducteurs, 53,3% des contrôleurs et 26,3% des aiguilleurs sont en grève aujourd’hui. En conséquence, un mouvement social qui pèse sur l’économie du pays, mais de manière inégale. Certains secteurs sont à la peine, quand d’autres y trouvent de nouvelles opportunités commerciales.  

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Le tourisme inégalement impacté

Pour le secteur touristique et plus particulièrement hôtelier, la grève marque un coup d'arrêt à un début d’année positif. « Un ralentissement est clairement observé sur la première quinzaine d’avril. Hormis, le lundi de Pâques qui est comparé à un lundi non férié, les plus fortes baisses de taux d’occupation correspondent aux jours de grève ce qui montre que les clients se sont adaptés à la grève perlée en décalant ou annulant leurs déplacements. » analyse le cabinet de conseil MKG.

Une tendance qui est plus marquée en région qu’à Paris. « Cette tendance est d’autant plus marquée sur la Province. En effet, l’hôtellerie parisienne surfe sur un excellent début d’exercice 2018 et continue notamment d’attirer une clientèle internationale moins à même d’annuler son voyage à la dernière minute. » Ainsi, Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), évoque pour sa part une « perte d'activité qui atteint 10% à 20% selon les régions »

Le secteur de la restauration souffre lui aussi, mais cette fois, les restaurants de la capitale sont aussi touchés. « On enregistre des baisses jusqu'à moins 50 % les jours de grèves dans certains établissements parisiens du fait du télétravail et des journées plus courtes qui font sauter le restaurant à midi. » note le GNI, le syndicat national de l'hôtellerie-restauration.

Le fret encore plus fragilisé

La mobilisation des cheminots touche aussi l’activité de fret, en raison notamment de la grève des aiguilleurs. Le train représente seulement 10% du transport intérieur de marchandises en France, mais certains secteurs y ont fréquemment recours.

« Concrètement, la grève des cheminots prévue ce jeudi et aux mois d'avril, mai et juin, va se traduire par une impossibilité des opérateurs de fret ferroviaire de faire circuler les trains prévus, désorganisant ainsi la logistique des chargeurs et occasionnant des manques à gagner et des surcoûts », alerte l'Association Française du Rail.

Les perdants sont principalement les usines de sidérurgie, les entreprises de la chimie qui préfèrent le train pour des raisons de sécurité, les constructeurs automobiles qui expédient sur les rails les véhicules, mais aussi le bâtiment et les travaux publics, qui s'approvisionnent en granulats et autres matériaux de construction.

En définitive, la principale victime de cette grève pourrait bien être Fret SNCF. L’entreprise rencontre des difficultés dans un marché compétitif et concurrentiel, et sa clientèle pourrait bien perdre confiance et se tourner, à l’avenir, vers la route ou le fluvial.

Les modes de transports alternatifs en grands gagnants

Sans surprise, le covoiturage profite des difficultés ferroviaires. Ainsi pour la plateforme BlaBlaCar, le leader du marché avec 13 millions de membres, les réservations ont déjà connu un bond de 100% lors de la grève du 22 mars. « Dès le début de la grève, la question a été de savoir si nous aurions suffisamment de conducteurs pour absorber l’explosion de la demande », estime Nicolas Brusson, le directeur général de BlaBlaCar.

Même chose pour les compagnies de transport de voyageurs en bus, les « cars Marcon », un marché dominé ici par trois acteurs, Ouibus, Eurolines et Flixbus. « Nous avons enregistré une augmentation de + 70 % du nombre de réservations depuis le début des grèves, à commencer par les grandes destinations, d’ordinaire desservies par les TGV, comme Paris-Lyon, Paris-Marseille ou Paris-Lille. » observe Yvan Lefranc-Morin, directeur général France de Flixbus.

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