Sommet climat à l’ONU : l’opposition accuse Macron d’avoir « un double discours »
Le sénateur écolo Ronan Dantec pointe la « contradiction » entre « l’orthodoxie financière » voulue par le gouvernement et l’investissement pour le climat. « On a toujours un train de retard » selon Bernard Jomier. « Les actes sont loin de la volonté » ajoute le sénateur LR Jean-François Husson.

Sommet climat à l’ONU : l’opposition accuse Macron d’avoir « un double discours »

Le sénateur écolo Ronan Dantec pointe la « contradiction » entre « l’orthodoxie financière » voulue par le gouvernement et l’investissement pour le climat. « On a toujours un train de retard » selon Bernard Jomier. « Les actes sont loin de la volonté » ajoute le sénateur LR Jean-François Husson.
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La France en fait-elle assez pour le climat ? Alors qu’Emmanuel Macron est à New York pour le sommet de l’ONU sur l’urgence climatique, Greta Thunberg, l'adolescente suédoise devenue symbole de la lutte contre le réchauffement climatique, attaque notamment la France devant le Comité des droits de l'enfant de l'ONU pour son inaction en la matière. Le chef de l’Etat, interrogé par Europe 1, lui a répondu. « Toutes les mobilisations de notre jeunesse ou des moins jeunes sont utiles » souligne-t-il, mais « là, des positions très radicales, c’est de nature à antagoniser nos sociétés ».

Le président de la République pousse plutôt la jeunesse à viser ceux qui bloquent en Europe pour inscrire la neutralité carbone à l’agenda. « Qu’ils aillent manifester en Pologne ! Qu’on vienne m’aider à faire bouger ceux que je n’arrive pas à faire évoluer » a-t-il dit dans l’avion présidentiel.

« Contradiction évidente »

Si devant la tribune de l’ONU, le chef d’Etat affiche son ambition écologique, beaucoup d’opposants au Président l’accusent d’être en réalité dans le double langage. Pour le sénateur écologiste Ronan Dantec, « Emmanuel Macron a raison de dire qu’on a des difficultés sur certains pays européens. Mais ça ne doit pas servir de prétexte pour ne pas suivre nos engagements ». Le sénateur pointe du doigt le « en même temps » de l’exécutif. « La France est confrontée à la même contradiction que l’ensemble des économies des pays développés, entre un modèle économique ancien et une exigence climatique » souligne l’ancien d’EELV, qui ajoute :

« Il y a une contradiction évidente entre l’orthodoxie financière que prônent les ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, et le fait qu’il manque environ 40 milliards euros d’investissements chaque année pour tenir les objectifs climat. Soit au moins 8 milliards d’argent public pour faire un effet levier. Cette contradiction n’est pas levée ».

« On reste au milieu du gué »

Du côté du PS, le président du groupe socialiste du Sénat, Patrick Kanner, « pense qu’il y a un double discours ». « On a un Président qui s’exprime beaucoup sur le sujet mais qui est en décalage total avec les décisions politiques qu’il prend au niveau national » ajoute le sénateur PS du Nord, qui y voit « une forme de paradoxe ». Quant à Greta Thunberg, Patrick Kanner estime qu’il « faut la respecter ». « Elle secoue le cocotier », « il faut savoir être dérangé pour mieux agir demain ». Même constat, pour son collègue Bernard Jomier sénateur apparenté PS : « On a toujours un train de retard et le train n’accélère pas assez vite ». Regardez :

Sommet climat à l’ONU : Patrick Kanner accuse Macron d’avoir « un double discours »
01:38

« On est toujours dans le même discours. Si on écoute Macron, c’est toujours "nous on est formidable et les autres sont à la traîne". Alors que dans les faits, on est loin de ça » ajoute de son côté Guillaume Gontard, sénateur à la fibre écologique, membre du groupe communiste. Il accuse l’exécutif de « rester au milieu du gué ». Il en veut pour preuve, le texte sur l’économie circulaire, en examen au Sénat, où « les industriels se sont rués sur le recyclage pour faire perdurer le tout plastique » (voir notre article). Autre exemple, avec « la Guyane, où on autorise encore la prospection minière » ou bien l’agriculture, où le sénateur de l’Isère attend « une position claire sur la transition de notre modèle ».

Jean Bizet (LR) sur Greta Thunberg : « Une jeune fille de son âge doit être à l’école »

A droite, le sénateur LR Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes, estime que « le climat est une problématique extrêmement importante. La France en fait beaucoup, mais pourrait en faire davantage si elle appréhendait le sujet au travers des sauts technologiques ». Le sénateur LR de la Manche n’apprécie pas beaucoup en revanche l’action de la jeune suédoise. « Quant à Greta Thunberg, je ne peux pas m’empêcher de considérer que sa démarche me dérange beaucoup, pour la bonne raison qu’une jeune fille de son âge doit être à l’école et non faire des sit-in ici ou là, et jouer l’atermoiement ».

Emmanuel Macron aurait-il dû répondre à la jeune fille ? « Non, à mon avis. Souvenez-vous de l’affaire de Monsieur Hollande et de cette Roumaine. Il faut élever le débat » affirme Jean Bizet, en référence à Leonarda. Le sénateur, connu par ailleurs pour relativiser l’impact du glyphosate, ajoute : « J’ai horreur des symboles. Ça ne trompe personne que cette jeune fille est instrumentalisée. Je la plains car un jour, elle tombera de très haut. (…) on la sent extrêmement fragile ». Regardez :

Jean Bizet (LR) sur Greta Thunberg : « Une jeune fille de son âge doit être à l’école »
01:51

Son collègue du groupe LR, Jean-François Husson, est moins dur et comprend Greta Thunberg. « Ce que cette jeune Suédoise défend, elle le fait avec les arguments de la jeunesse, qui sont une certaine forme de colère. Et les mouvements de jeunesse, il faut toujours les prendre en compte, même si je ne suis pas dupe, il peut y avoir des arrière-pensées » dit le sénateur, coauteur d’une commission d’enquête du Sénat sur le coût de la pollution de l’air. Il estime que « la France n’en fait pas assez (pour le climat) depuis longtemps ». Mais pour Jean-François Husson, l’action ne peut pas passer uniquement par l’Etat. « Je crois à la capacité de la finance, de la banque, des grands acteurs économiques de s’emparer de ces sujets, car il y a des opportunités », dit-il. Il reconnaît à Emmanuel Macron un « discours volontariste, mais jusqu’à maintenant, les actes sont loin de la volonté. (…) Il y a eu du marketing politique, mais ça a fait flop, quand Nicolas Hulot est parti ».

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