Soupçons d’emplois fictifs: Penelope Fillon attendue chez les juges
Depuis deux mois, la campagne du candidat de la droite à la présidentielle François Fillon est engluée dans l'enquête sur les emplois passés de...
Par Nathalie ALONSO
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Depuis deux mois, la campagne du candidat de la droite à la présidentielle François Fillon est engluée dans l'enquête sur les emplois passés de son épouse : celle-ci est convoquée mardi dans le bureau des juges d'instruction où elle risque à son tour une mise en examen.
Après François Fillon et son ex-suppléant à l'Assemblée nationale, Marc Joulaud, Penelope Fillon est attendue mardi chez les magistrats financiers, selon une source proche du dossier, à moins que le rendez-vous ne soit décalé par souci de discrétion.
François Fillon, qui avait dévoilé la date de sa propre audition, prévue initialement le 15 mars, avait été mis en examen la veille, notamment pour détournement de fonds publics et complicité d'abus de biens sociaux.
L'enquête a depuis été élargie à des soupçons de trafic d'influence, après les révélations sur ses costumes de luxe, mais aussi à des soupçons d'escroquerie aggravée et de faux.
A l'issue de son audition, son épouse peut aussi être placée sous le statut de témoin assisté.
Marc Joulaud (D) à son arrivée au pôle financier le 24 mars 2017 à Paris
AFP/Archives
Les révélations du Canard enchaîné sur les possibles emplois fictifs de Penelope Fillon, pourtant sans profession connue, à La Revue des deux mondes et à l'Assemblée comme assistante parlementaire de son mari, ont bouleversé la campagne de l'ex-Premier ministre, qui jusqu'alors avait mis l'accent sur la probité. Désormais, il dénonce une "machination" et accuse le président François Hollande d'animer un "cabinet noir" contre lui.
Entre 1986 à 2013 - avec des coupures - l'épouse discrète a perçu 680.380 euros net, soit environ 3.600 euros mensuels en moyenne, comme assistante à l'Assemblée de son mari ou de Marc Joulaud, l'actuel maire de Sablé-sur-Sarthe, mis en examen vendredi pour détournement de fonds publics.
Marc Joulaud (D) à son arrivée au pôle financier le 24 mars 2017 à Paris
AFP
Les enquêteurs ont mené mercredi une perquisition dans sa mairie, où ils ont "consulté des documents et l'ordinateur" de Marc Joulaud, a précisé à l'AFP le porte-parole de la municipalité, Gaël Bigorgne, confirmant une information d'Ouest-France.
Penelope Fillon a aussi été employée à La Revue des deux mondes entre mai 2012 et décembre 2013, sans s'être rendue sur place, pour un salaire de 5.000 euros bruts, qu'elle a cumulé avec son emploi à l'Assemblée à partir de juillet 2012, lorsque son mari est redevenu député.
Les enquêteurs cherchent à savoir si ces emplois, aux contours flous, étaient effectifs.
- "Pures rumeurs" -
Le clan Fillon a vigoureusement défendu le contenu du travail d'assistante accompli par l'épouse, dans l'ombre de l'ex-député, dont la permanence était à leur domicile sarthois.
Penelope et Marie, l'épouse et la fille de François Fillon lors de de L'Emission politique de France 2, le 23 mars 2017 à Paris
AFP
François Fillon a mis en avant des "tâches simples mais essentielles" comme la gestion du courrier et de l'agenda et la préparation des discours. Mme Fillon a affirmé avoir remis aux enquêteurs des preuves de son travail, "des courriers avec des notations", "des échanges de mails", pour les périodes les plus récentes.
Mais alors que le candidat a décrit une relation de travail très personnelle avec son épouse, la nature de la collaboration entre Marc Joulaud et Penelope Fillon pose question. "Ce qu'il faut comprendre, c'est que quand Joulaud l'a remplacé, le député élu, c'était quand même Fillon", expliquait récemment un membre de l'entourage du candidat.
L'autre enjeu de la convocation de Penelope Fillon porte sur des soupçons d'abus de biens sociaux derrière son emploi à la Revue des deux mondes, propriété de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, dont les liens avec son ami François Fillon interrogent les enquêteurs.
Penelope Fillon a évoqué plusieurs "notes et des fiches de lecture" mais seules deux recensions ont été publiées. Elle aurait aussi eu un rôle de conseil auprès de M. de Lacharrière, des entretiens oraux.
Pierre Cornut-Gentille Antonin Levy, les avocats de Penelope et François Fillon, lors d'une conférence de presse le 9 février 2017 à Paris
AFP/Archives
Son contrat de 281 jours par an "lui laissait une totale liberté" pour organiser son travail, a expliqué à l'AFP l'avocat de François Fillon, Antonin Levy. Selon lui, elle avait mentionné en 2012 un travail mensuel de 14 heures à la Revue des deux mondes dans une fiche de renseignement saisie fin janvier à l'Assemblée.
Selon plusieurs médias, les enquêteurs se demanderaient si le nombre d'heures effectuées à la Revue des deux mondes aurait été minimisé pour respecter la règlementation sur le cumul d'emplois, alors que Penelope Fillon était salariée à la même époque à l'Assemblée.
"Tous les documents" sur son activité sont "strictement authentiques", a déclaré auprès de l'AFP son avocat Pierre Cornut-Gentille.
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