Statu quo dans le conflit des retraites, en attendant la rentrée lundi
La grève contre la réforme des retraites a vécu jeudi sa 29e journée, un record pour un blocage en continu des transports depuis plus de 30 ans,...

Statu quo dans le conflit des retraites, en attendant la rentrée lundi

La grève contre la réforme des retraites a vécu jeudi sa 29e journée, un record pour un blocage en continu des transports depuis plus de 30 ans,...
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Par Marie-Pierre FEREY, Lucile MALANDAIN

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5 min

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La grève contre la réforme des retraites a vécu jeudi sa 29e journée, un record pour un blocage en continu des transports depuis plus de 30 ans, mais le dialogue de sourds entre exécutif et syndicats reste bien installé.

La trêve de facto des fêtes de fin d'année s'est traduite par une amélioration des transports jeudi. A la SNCF, le taux de grévistes est tombé sous les 7%, son plus bas niveau depuis le début du mouvement le 5 décembre.

Vendredi, la compagnie ferroviaire prévoit deux TGV sur trois en circulation et la moitié des TER. Mais en région parisienne, seulement un tiers des Transilien (RER SNCF, trains de banlieue) rouleront. A Paris, une seule ligne de métro sera complètement fermée, les autres fonctionnant partiellement et seulement à certaines heures de la journée.

Quelques actions locales ont continué à être menées jeudi matin, dont une devant le siège de LREM à Paris, avant la journée interprofessionnelle d'actions prévue jeudi 9 janvier, à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU et des organisations de jeunesse qui réclament le retrait de la réforme.

De nouveaux mots d'ordre de grève ont été lancés. Des syndicats de professions libérales (infirmières, kinésithérapeutes...) appellent à des actions à partir de vendredi. Les avocats se lanceront dans la bagarre lundi. Deux syndicats d'Air France, le Spaf (pilotes) et le SNGAF (hôtesses et stewards), appellent à faire grève la semaine prochaine, lundi et mardi pour le premier, de lundi à jeudi pour le second.

A partir de mardi, la CGT-Chimie a appelé à un durcissement du mouvement, avec des blocages de raffineries, terminaux pétroliers et dépôts pendant quatre jours. Un type d'action que la secrétaire d'État à l'Économie Agnès Pannier-Runacher a jugé jeudi "illégal".

Mardi également, l'Unsa ferroviaire décidera si elle reprend à la SNCF la grève qu'elle avait décidé d'interrompre pendant les fêtes de fin d'année. La Fédération nationale des ports et docks CGT a appelé à une opération "ports morts" le 9 janvier.

- Concertations -

Des usagers à la Gare Montparnasse, le 2 janvier 2020 au 29e jour de grève dans les transports
Des usagers à la Gare Montparnasse, le 2 janvier 2020 au 29e jour de grève dans les transports
AFP

Dans ce contexte, les concertations reprendront mardi entre les syndicats et le gouvernement, prié par Emmanuel Macron lors de ses vœux aux Français de trouver un "compromis rapide".

Une réunion multilatérale avec les partenaires sociaux est prévue au ministère du Travail, a précisé ce dernier jeudi à l'AFP. Elle devrait aborder les questions de pénibilité et de l'emploi des seniors.

Il s'agira essentiellement de chercher des portes de sortie avec les syndicats réformistes CFDT, CFTC et Unsa.

Mais le président n'ayant fait aucune mention mardi de "l'âge pivot", l'une des grandes inconnues sera la position adoptée par la CFDT, qui a érigé cette mesure "paramétrique" en "ligne rouge".

Dans un tweet de vœux, son secrétaire général Laurent Berger a appelé "à plus de solidarité, de fraternité, de justice sociale et d'écologie" que l'année dernière. Il s'est aussi dit convaincu que "les militants CFDT prendront leur part dans les nombreux combats qui nous attendent".

La CFDT n'a pas prévu de rejoindre dans l'immédiat la mobilisation interprofessionnelle du 9 janvier.

Des usagers tentent de monter dans un bus près de la Gare Montparnasse à Paris, le 2 janvier 2020, au 29e jour de grève dans les transports
Des usagers tentent de monter dans un bus près de la Gare Montparnasse à Paris, le 2 janvier 2020, au 29e jour de grève dans les transports
AFP

Sans prononcer le terme - dont on sait depuis le 3 octobre qu'il ne l'"adore pas, parce que ça donne le sentiment que le travail, c'est pénible" -, Emmanuel Macron a tendu une perche sur la question de la pénibilité. La réforme "prendra en compte les tâches difficiles, pour permettre à ceux qui les exercent de partir plus tôt", a-t-il rappelé.

Créé par la réforme des retraites de 2013, le compte pénibilité incluait à l'origine dix critères, dont le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les agents chimiques dangereux. Mais ces quatre items ont été retirés à l'arrivée d'Emmanuel Macron et le gouvernement n'a pas paru prêt à les réintroduire à ce stade. Au grand dam des syndicats réformistes, qui comptent profiter de la concertation pour gagner des points sur cette question.

"Quand vous avez des carrières longues, vous avez déjà un âge de départ qui est différent. La pénibilité doit être prise en compte", a déclaré jeudi la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne sur LCI.

Concernant la mise en place progressive d'un âge pivot, en dessous duquel il ne sera plus possible de bénéficier d'une retraite à taux plein, elle a répété que "le système doit être à l'équilibre". "Après, on est ouvert à des propositions syndicales", a-t-elle assuré.

Le calendrier est serré, puisque le projet de loi doit être présenté en conseil des ministres le 22 janvier.

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