Strasbourg : après les hommages, les polémiques ne sont pas loin
Après l’attentat de Strasbourg, l’ensemble de la classe politique rend hommage aux victimes. Mais les débats sur les fichés S, ou l’opportunité de continuer le mouvement des gilets jaunes, sont vite arrivés. « La meilleure façon de lutter collectivement contre le terrorisme, c'est souvent de continuer à pratiquer ce que nous croyons : la démocratie » a affirmé le premier ministre.

Strasbourg : après les hommages, les polémiques ne sont pas loin

Après l’attentat de Strasbourg, l’ensemble de la classe politique rend hommage aux victimes. Mais les débats sur les fichés S, ou l’opportunité de continuer le mouvement des gilets jaunes, sont vite arrivés. « La meilleure façon de lutter collectivement contre le terrorisme, c'est souvent de continuer à pratiquer ce que nous croyons : la démocratie » a affirmé le premier ministre.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Après chaque attaque, c’est la même chose. D’abord la sidération. Puis le temps des hommages aux victimes et aux familles. Puis celui des réactions politiques, qui deviennent vite polémiques. Mais le temps entre les deux dernières étapes se réduit. L’attaque de Strasbourg qui a fait, selon un bilan provisoire deux morts, une personne en état de mort cérébrale et douze blessés, illustre cette accélération.

Du côté du gouvernement, on dénonce évidemment ce nouveau drame, que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a qualifié dès ce matin sur Public Sénat d’« attentat ». Au Sénat, une minute de silence a été respectée pour les victimes.

Une partie de la droite veut « un arsenal préventif sur les fichés S »

A droite, Laurent Wauquiez n’a pas beaucoup attendu pour remette sur la table la question des fichés S. « Combien d’attentats commis par des fichés S devons-nous encore subir avant d’adapter notre droit à la lutte contre le terrorisme ? » a-t-il demandé, après avoir exprimé sa « pensée » pour les victimes.

Après la « réaction d’horreur », le sénateur LR Alain Joyandet pose la même question : « Je suis favorable à un arsenal préventif sur les fichés S. Concrètement, on a déjà proposé il y a un certain temps de les interpeller préventivement, de remettre en liberté ceux qui ne sont pas a priori dangereux et de neutraliser les autres ». Alain Joyandet ajoute :

« Il faut imaginer une façon de les neutraliser, de les rééduquer. Ce sont des fous. Ceux qui sont fous, en liberté et dangereux, il ne faut peut-être pas les laisser en liberté ».

La présidente du RN, Marine Le Pen, a estimé pour sa part que le gouvernement, « en amont, ne prend pas les mesures nécessaires » pour lutter contre le fondamentalisme islamiste. Elle réclame à nouveau l'expulsion des fichés S étrangers.

Patriat : « L’arsenal législatif est suffisant »

Mais dans la majorité, on ne demande pas de mesures supplémentaires. Après cet « attentat dramatique », le président du groupe LREM du Sénat, François Patriat, souligne qu’« on a déjà légiféré plusieurs fois » sur la lutte contre le terrorisme. « Aucun arsenal législatif ne peut nous prévenir de tout attentat. Le risque zéro n’existe pas. L’arsenal législatif est suffisant » pense le sénateur.

Mais François Patriat ajoute que les attentats « sont d’autant plus réalisés, que l’ensemble de nos forces de police sont mobilisées face aux mouvements sociaux ». Les gilets jaunes ont occupé les policiers ces dernières semaines.

« Charognard »

A gauche, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a appelé à une forme d’unité nationale. « Dans ces moments-là tout s’arrête. Nous sommes un peuple. Nous sommes une nation. Nous sommes ensemble la République face aux assassins » dit-il. Mais le porte-parole du PS, Pierre Jouvet, a réagi au tweet de Laurent Wauquiez en y accolant la définition de « charognard » :

« Ce ne sont pas des mots que j’emploie », dit pudiquement Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat. « Dans cette période, on a besoin de montrer que les élus sont au-dessus de la mêlée ». Mais « La polémique sur les fichés S me semble déplacée à ce stade » pour le sénateur du Nord. Il dit « faire confiance à l’exécutif, qui est en charge de la protection des Français ». Le sénateur PS du Bas-Rhin, Jacques Bigot, profitera cependant des questions d’actualité au gouvernement jeudi au Sénat pour poser une question « sur la situation, mais sans surenchère, ni polémique et dans un esprit de responsabilité » explique Patrick Kanner.

Les regards se tournent aussi vers la nouvelle journée de mobilisation des gilets jaunes, samedi. Nicole Belloubet a appelé à la fin du mouvement, après l’attentat de Strasbourg. Ce qui choque la sénatrice écologiste, membre du groupe CRCE (à majorité communiste), Esther Benbassa :

Mélenchon : « Les gilets jaunes n’ont aucune raison de remballer leur revendication »

Lors des questions d’actualité, à l’Assemblée, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a rendu hommage au travail de recherche des forces de police : « Nous sommes certains que vous avez fait et que vous faites pour le mieux, dans les circonstances que nous connaissons ». « Il ne faut pas de récupération politicienne de ce moment » demande Jean-Luc Mélenchon. Pour le député, il est « utile de dire que ni les gilets jaunes, ou la jeunesse mobilisée, n’ont de responsabilité. Ils n’ont aucune raison de remballer leur revendication. Pour que l’assassin n’ait pas le dernier mot, la meilleure réponse est que la vie, la vie démocratique, continue ».

Réponse du premier ministre, Edouard Philippe : « La meilleure façon de lutter collectivement contre le terrorisme, c'est souvent de continuer à pratiquer ce que nous croyons : la démocratie, le débat et d'une certaine façon la fraternité ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Strasbourg : après les hommages, les polémiques ne sont pas loin
4min

Politique

Budget : « Nous avons tout à fait matière à trouver le compromis », estime la ministre de l’Action et des Comptes publics

Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.

Le

Strasbourg : après les hommages, les polémiques ne sont pas loin
2min

Politique

Déficit à 5,3 % : « Ce n’est pas la conséquence du vote du Sénat », assure Mathieu Darnaud

Le Sénat a adopté, sans surprise, le projet de loi de finances pour 2026 avec187 voix pour et 109 contre. Une trentaine de sénateurs LR et du groupe centriste se sont abstenus. Le vote est toutefois moins large que prévu, peut-être en raison du chiffrage du gouvernement d’un déficit public pour 2026 porté à 5,3 %, contre 4,7 % espéré dans la copie initiale. Le président du groupe LR du Sénat, Mathieu Darnaud rejette toute responsabilité et renvoie la balle aux députés.

Le

Strasbourg : après les hommages, les polémiques ne sont pas loin
2min

Politique

Budget : pour le centriste Hervé Marseille, la commission mixte paritaire « ne sera pas facile »

Après son adoption au Sénat avec 187 voix pour, et 109 contre, le projet de loi de finances va pouvoir poursuivre son parcours législatif en commission mixte paritaire vendredi. Pendant deux jours, sept députés et sept sénateurs tenteront de parvenir à un texte de compromis, pour faire atterrir le budget avant le 31 décembre. La tâche s’annonce complexe, même pour les plus optimistes.

Le