Suicides dans la police : les fonctionnaires toujours en attente d’une réponse forte
Ils étaient près d’une centaine de policiers rassemblés devant le siège de la Direction des ressources et des compétences de la Police nationale pour réclamer enfin des mesures concrètes visant à améliorer les conditions de travail des fonctionnaires.

Suicides dans la police : les fonctionnaires toujours en attente d’une réponse forte

Ils étaient près d’une centaine de policiers rassemblés devant le siège de la Direction des ressources et des compétences de la Police nationale pour réclamer enfin des mesures concrètes visant à améliorer les conditions de travail des fonctionnaires.
Public Sénat

Par Romain Demarquay

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Répondant à l’appel de l’intersyndicale des policiers, plusieurs rassemblements ont eu lieu dans le calme dans plusieurs villes de France entre 11h30 et midi ce vendredi 19 avril devant les services respectifs des fonctionnaires du ministère de l’intérieur. Les 4 suicides qui ont eu lieu depuis lundi viennent s’ajouter aux 24 autres survenus depuis le début de l’année. Pour rappel, 35 policiers s’étaient suicidés sur l’ensemble de l’année 2018. On se dirige donc vers des projections extrêmement élevées pour 2019 alors même que les forces de l’ordre sont particulièrement sollicitées depuis fin novembre et le mouvement des gilets jaunes.

La fatigue physique vient s’ajouter au désespoir de constater des sanctions pénales jugées trop légères, minant le moral des policiers quant à leur travail fait en amont. Pour Yves Lefèvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP police FO, « Il faut diagnostiquer le mal pour trouver un remède. Il faut une étude en profondeur du mal-être de la police à tous les niveaux, du personnel administratif, technique, scientifique aux commissaires, officiers et gardiens de la paix. »

Pour lui, une partie du remède consiste à « améliorer le temps de travail, permettre aux flics de concilier vie professionnelle et vie familiale. Ils souhaitent pouvoir vivre leur vie de père, de mère, d’ami… » mais aussi permettre aux policiers de « redonner un sens à un métier qui est fait d’abnégation, de disponibilité. Aujourd’hui le flic ne trouve plus de sens dans son métier et c’est un problème. »

« Ce n’est pas étonnant que les collègues craquent »

Près de lui, Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative Police, constate qu’il faut toujours attendre des drames pour que des mesures soient annoncées par le gouvernement. Il prône une augmentation des effectifs qui permettrait de mettre en place une réforme dite de la vacation forte qui offrirait aux policiers un week-end de repos sur deux au lieu d’un week-end sur six. La difficulté du métier ajoutée au déracinement géographique et social que connaissent de nombreux membres des forces de l’ordre originaires de province constitue un terreau pour ceux incapables de supporter une telle pression. Qui plus est, la plupart des policiers cachent leurs failles sous l’habit de l’uniforme dans un univers où la sollicitation d’une aide extérieure pourrait être perçue comme un aveu de faiblesse. « Aujourd’hui, quand le policier est formé, il n’est pas préparé aux violences, à la vue du sang, à la misère sociale. Ce n’est pas étonnant que les collègues craquent », s’inquiète M. Jacob.

Partager cet article

Dans la même thématique

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

Suicides dans la police : les fonctionnaires toujours en attente d’une réponse forte
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le

Suicides dans la police : les fonctionnaires toujours en attente d’une réponse forte
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le