Suppression de la taxe d’habitation : « Les compensations de l’État, on n’y croit plus »
Philippe Bas, sénateur de la Manche et président de la Commission des lois, et Hervé Marseille, vice-président du Sénat et vice-président de l’AMF, étaient ce matin les invités de Territoires d’Infos, sur Public Sénat et Sud Radio. Opposés à la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, ils espèrent que la conférence nationale des territoires, qui se tient ce lundi au Sénat, sera l’occasion d’engager un dialogue entre l’État et les collectivités territoriales. Il reste toutefois sur ses gardes.

Suppression de la taxe d’habitation : « Les compensations de l’État, on n’y croit plus »

Philippe Bas, sénateur de la Manche et président de la Commission des lois, et Hervé Marseille, vice-président du Sénat et vice-président de l’AMF, étaient ce matin les invités de Territoires d’Infos, sur Public Sénat et Sud Radio. Opposés à la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, ils espèrent que la conférence nationale des territoires, qui se tient ce lundi au Sénat, sera l’occasion d’engager un dialogue entre l’État et les collectivités territoriales. Il reste toutefois sur ses gardes.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Ce lundi s’ouvre la première conférence nationale des territoires. En début d’après-midi, Emmanuel Macron tiendra un discours très attendu par les collectivités. L’évènement est à suivre en direct sur Public Sénat.

Philippe Bas espère que ce sera l’occasion de créer « une sorte de contrat » entre les collectivités et l’État. « Au cours des dernières années les collectivités ont servi de variable d’ajustement à l’État. C’était l’État dans toute sa splendeur centralisatrice qui rendait son oracle et diminuait années après années leurs dotations », déplore le sénateur de la Manche, qui réclame que « l’État ne fasse pas ses fins de mois au détriment des collectivités ».

De son côté, Hervé Marseille, vice-président du Sénat et vice-président de l’AMF, attend de la « clarté », et souhaite savoir quelles sont « les propositions du gouvernement en matière territoriale, fiscale, de compétences et sur la fracture numérique et la fracture écologique ».

Tous deux redoutent les conséquences de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des foyers. Un manque à gagner de 10 milliards d’euros pour les collectivités, que l’État assure qu’il compensera « à l’euro près ». « Les compensations de l’État on n’y croit plus », confie Philippe Bas, qui « dénonce » cette mesure. Et d’ajouter : « Plus on diminue les ressources des collectivités pour financer les services publics, plus les maires se sentent dans la situation très difficile de devoir soit diminuer le service soit faire payer le service à l’usager, et les deux solutions sont mauvaises. »

« Il y a des évolutions à apporter à notre système d’impôts locaux »

À l’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des foyers, il préférerait une réforme des valeurs locatives, inchangées depuis 1970 : « Il y a des évolutions à apporter à notre système d’impôts locaux car il n’y a pas de justice entre deux voisins qui ont la même maison. »

Le sénateur met en garde l’exécutif  vis-à-vis du respect de la Constitution : « Le Président se heurtera à de très grosses difficultés constitutionnelles s’il poursuit son chemin dans cette direction. La Constitution exige que 60% des ressources d’une commune viennent de l’impôt local. »

« Le Président se heurtera à de très grosses difficultés constitutionnelles s’il poursuit son chemin dans cette direction. La Constitution exige que 60% des ressources d’une commune vienne de l’impôt local. » explique Philippe Bas
00:34

« Attention Monsieur le Président, c’est bien pour les gens de payer moins d‘impôts mais il va falloir que les communes trouvent l’équilibre de leur budget », prévient Philippe Bas.

Hervé Marseille rappelle toutefois que la suppression de la taxe d’habitation était un engagement de campagne du chef de l’État : « On ne peut pas lui reprocher de mettre en œuvre le projet pour lequel il a été élu, ratifié par suffrage universel. »

Hervé Marseille : « On ne peut pas lui reprocher de mettre en œuvre le projet pour lequel il a été élu, ratifié par suffrage universel. »
00:36

Partager cet article

Dans la même thématique

Suppression de la taxe d’habitation : « Les compensations de l’État, on n’y croit plus »
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Suppression de la taxe d’habitation : « Les compensations de l’État, on n’y croit plus »
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Suppression de la taxe d’habitation : « Les compensations de l’État, on n’y croit plus »
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le