Suspense autour de la candidature à l’Inserm d’Yves Lévy, époux d’Agnès Buzyn

Suspense autour de la candidature à l’Inserm d’Yves Lévy, époux d’Agnès Buzyn

Yves Lévy, l'actuel patron de l'Inserm, l'organisme public de recherche médicale, sera-t-il candidat à sa propre succession? L...
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Par Brigitte CASTELNAU

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Yves Lévy, l'actuel patron de l'Inserm, l'organisme public de recherche médicale, sera-t-il candidat à sa propre succession? L'époux de la ministre de la Santé laisse planer le mystère avant l'audition des candidats jeudi devant une commission ad hoc.

La ministre Agnès Buzyn, interrogée par RTL sur ce sujet, disait dimanche: "Vous lui poserez la question". Mais l'homme est resté muet.

"Je ne veux pas être mêlée à cette affaire", insistait Mme Buzyn.

"Très franchement, c'est un mauvais procès qui lui est fait", a pour sa part jugé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux en rappelant les règles de droit qui réglementent les conflits d'intérêts. Mme Buzyn "n'a pas de pouvoir sur la nomination", "ne jetons pas la suspicion en permanence…", a-t-il ajouté.

Les candidats doivent être entendus à huis clos par trois hommes et trois femmes désignés par arrêté du Premier ministre et de la ministre de la Recherche.

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale est traditionnellement placé sous double tutelle des ministères de la Recherche et de la Santé.

Mais la nomination de Mme Buzyn en mai 2017 comme ministre de la Santé posait un problème de conflit d'intérêts. Un décret à la fin du même mois lui a donc enlevé toute autorité sur l'Inserm, la transférant au Premier ministre, en plus de la tutelle du ministère de la Recherche.

Le dépôt des candidatures était clos le 28 avril. Et la réglementation prévoit que les noms restent confidentiels.

"L'anonymat est garanti par la loi, sinon les gens n'oseraient pas postuler, au risque d'être mis en échec", soulignait la ministre dimanche.

Mi-juin, la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet dénonçait l'"opacité" entourant cette nomination, estimant que "la réputation du milieu scientifique français a été endommagée (...) tant sur la scène nationale qu'internationale".

"Le président Emmanuel Macron a mené une campagne basée sur la transparence; il lui incombe maintenant de restaurer la confiance dans un système terni par cette opacité", écrivait la revue, dans un éditorial publié en anglais et exceptionnellement en français.

Nommé par décret du président de la République pour quatre ans en 2014, le Pr Lévy (60 ans) occupe ce poste par intérim depuis la fin de son mandat le 11 juin.

- Tiraillements -

Son maintien a suffi à susciter des remous. Des chercheurs auraient en effet jugé préférable de promouvoir la directrice générale déléguée de l'Inserm, Claire Giry.

Sur les huit candidats de départ, qui ont droit à un quart d'heure de présentation suivi de trente minutes de questions, seuls deux, Philippe Froguel et Jessica Zucman-Rossi, ont rendu leur candidature publique.

La liste des six membres de la commission d'examen des candidatures, présidée par Alain Beretz, du ministère de la Recherche, a été publiée le 16 juin au Journal officiel.

Elle comprend la Finno-Suédo-Brésilienne Elisabete Weiderpass, qui deviendra le 1er janvier directrice du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC), l'agence de l'OMS pour le cancer à Lyon, la Franco-Britannique Marie Buckingham, membre de l'Académie des Sciences, et Maryvonne Hiance, présidente de France Biotech, Daniel Louvard, autre membre de l'Académie des Sciences, et Yvon Berland, président de l'Université d'Aix-Marseille.

Pour le Pr Froguel, "cela correspond à une commission indépendante".

Le candidat retenu par le gouvernement devra ensuite être auditionné par le Parlement pour confirmation.

Les tiraillements autour de cette succession ont entretenu une ambiance de suspicion en interne.

Le SNTRS-CGT (Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique) a dénoncé une "campagne malsaine" contre le Pr Lévy, qu'il impute à des "mandarins dirigeants" des Instituts hospitalo-universitaires (IHU) qui "n'ont pas toléré" la possibilité récemment donnée à l'Inserm d'intervenir dans leur gestion.

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