Sylvain Brouard : « La parole présidentielle a eu un impact sur la perception des Français »
Une enquête Ipsos Sopra Steria pour le Cevipof paru le 20 mars étudie l'opinion des Français face au coronavirus et leur sentiment sur la manière dont l'exécutif gère la crise.Sylvain Brouard, directeur de recherches au Cevipof a répondu à nos questions.

Sylvain Brouard : « La parole présidentielle a eu un impact sur la perception des Français »

Une enquête Ipsos Sopra Steria pour le Cevipof paru le 20 mars étudie l'opinion des Français face au coronavirus et leur sentiment sur la manière dont l'exécutif gère la crise.Sylvain Brouard, directeur de recherches au Cevipof a répondu à nos questions.
Public Sénat

Par Oriane Mancini

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Face à l'épidémie, la peur et la colère

Face à l'épidémie, c'est le sentiment de peur qui prédomine pour 45% des Français, selon l'étude du Cevipof, réalisée par Ipsos Sopra Steria, et rendue publique le 20 mars. Et selon Sylvain Brouard, il y a "une dimension inquiétante pour le pouvoir en place, c'est un niveau de colère non négligeable".

Emmanuel Macron a-t-il raison de dire que trop de Français prennent les consignes à la légère ? Non pour le chercheur. "Ce n'est pas ce qu'on constate. Plus de 75% des Français considèrent avoir changé de comportement. On a un indicateur fort c'est le niveau de participation aux municipales, qui montre qu'une partie non négligeable des Français, conscients du risque, a souhaité ne pas participer."

Pourtant admet-il, "il reste une minorité qui persiste. Peut-être parce qu'elle est confrontée quotidiennement à des injonctions contradictoires du type "Surtout ne sortez pas de chez vous" mais en même temps "Allez travailler". Ces injonctions contradictoires même paradoxales que le gouvernement envoie aux Français durent depuis quelques semaines. Par conséquent, il ne faut pas s'étonner que la perception et l'acceptation ne soient pas totale."

Les Français font fortement confiance aux médecins, moins à l'exécutif

Sans surprise, pour gérer la crise, les Français font plus confiance aux scientifiques et aux médecins (92%) qu'aux acteurs politiques. "On comprend pourquoi les politiques s'appuient et mettent en avant les médecins et les scientifiques lors de leur prise de décision", dit Sylvain Brouard.

Mais parmi les politiques, il y a une "très claire différence entre les acteurs politiques nationaux et l'acteur politique local, l'élu de proximité." En effet, 73% des Français font confiance à leur maire.

Ce baromètre de confiance montre la faiblesse de l'exécutif sur ce sujet. Les Français ne sont que 43% à faire confiance au président de la République et 39% au gouvernement. 

Et pourtant ils sont satisfaits de la gestion et des mesures prises

Dans le même temps, une majorité des Français (54%) est satisfaite de la manière dont le gouvernement gère la crise du Coronavirus. "Ce qui permet au président de la République et au Premier ministre d'avoir une légitimité pour agir et d'entraîner les Français dans les changements de comportements. Mais cette légitimité est encore très fragile" selon Sylvain Brouard.

Les Français adhèrent largement aux mesures prises par l'exécutif, comme la fermeture des établissements scolaires (87%) ou la fermeture des commerces non indispensables (82%).

L'étude a mesuré l'impact de la parole présidentielle. Une partie des Français ont été sondés avant la prise de parole du chef de l'Etat en début de semaine, l'autre partie après : "Les prises de parole ont rassuré les Français. L'intervention a augmenté la satisfaction de la gestion de la crise par le gouvernement, a augmenté le niveau d'espoir, a diminué le niveau de peur et de colère. La parole présidentielle a eu un impact sur la perception des Français de la situation ils ont eu l'impression qu'il y avait quelqu'un aux commandes", estime le chercheur.

Mais l'impopularité d'Emmanuel Macron reste forte, "c'est une forme de miracle que la gestion de la crise du Coronavirus soit soutenue par une majorité de Français", conclut Sylvain Brouard.

Retrouvez tous les résultats de l'étude sur le site du Cevipof (PDF).

Partager cet article

Dans la même thématique

Sylvain Brouard : « La parole présidentielle a eu un impact sur la perception des Français »
3min

Politique

« Le théâtre est un refuge » pour Arthur Jugnot

Arthur Jugnot joue tous les rôles au théâtre, tantôt metteur en scène, auteur ou encore acteur. La scène n’a désormais plus de secret pour lui et depuis plus de vingt-cinq ans, il enchaîne écritures, tournages et représentations à un rythme effréné qui ferait tourner la tête à plus d’un. Invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il revient sur son parcours et partage son expérience.

Le

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le