Télétravail : Medef et syndicats vont ouvrir des discussions

Télétravail : Medef et syndicats vont ouvrir des discussions

Auparavant exceptionnel, le télétravail est devenu une norme pendant le confinement. Une pratique qui devrait perdurer puisque le gouvernement a demandé aux employeurs de maintenir les salariés qui le peuvent en télétravail. Près de 5 millions de salariés seraient concernés. Syndicats et patronat vont se réunir pour encadrer cette nouvelle pratique.
Public Sénat

Par Flora Sauvage

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« Il y a cinq millions de Français qui travaillent en télétravail et dans le contexte de déconfinement progressif, c’est important qu’ils continuent », a insisté la ministre du travail Muriel Pénicaud, appelant les entreprises à conserver cette pratique jusqu’à l’été. Un guide du télétravail a été publié le 13 mai sur le site du ministère. Une sorte de questions-réponses à l’attention des salariés.

Télétravail permanent

Avant l’épidémie de coronavirus, seuls 3% de la population active exerçait son travail à distance. Depuis, ils seraient 20%. Google et Facebook ont annoncé que leurs salariés ne reviendraient pas sur site avant 2021. Jack Dorsey, le patron du réseau social Twitter va encore plus loin en autorisant ses salariés à rester en télétravail autant qu’ils le souhaitent de façon permanente. Et ce, malgré les mesures de confinement qui ont été levées.  

« Diagnostic partagé »

En France, les grandes entreprises n’imaginent pas faire revenir plus de 10% de leurs effectifs. Ce qui pose la question de l’encadrement de ce travail à distance. Écartant l’idée d’une négociation interprofessionnelle réclamée par les syndicats, le Medef propose aux partenaires sociaux une réflexion pour un « un diagnostic partagé » sur le télétravail afin de faire le point sur « les risques et l’inconfort » liés au travail à distance du point de vue des salariés.

Acter le principe

La CFDT, la CFTC et l’Unsa ont publié jeudi 14 mai leurs préconisations sur le télétravail. Acter le principe du volontariat, l’envisager ailleurs qu’au domicile du salarié, dispenser des formations : autant de propositions pour faire avancer la réflexion. « Si l’on met en regard les enjeux de la transition écologique et de la transformation numérique, de nombreux signaux laissent présager d’un nouvel avenir pour le télétravail », estiment les trois organisations.

Aspiration

Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, « le télétravail pour nombre de salariés correspond à une aspiration mais ne peut pas être un mode de fonctionnement permanent ». La CFDT, la CFTC et l’Unsa militent pour que « désormais tout poste, lors de sa création et/ou modification, intègre la possibilité que certaines activités et/ou tâches soient réalisables en télétravail ».

Risques

Mais d’autres syndicats s’inquiètent des risques psycho sociaux qui peuvent découler du télétravail. Selon le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier « il est urgent de négocier sur les conditions du travail à domicile pour le réglementer et faire en sorte que ce soit en protection des salariés, de leur santé et de leurs conditions de travail ». 

Empreinte carbone

Selon Ronan Dantec, qui fait partie de la soixantaine de parlementaires dressant des propositions pour le « jour d’après », « la crise a révélé que le télétravail ne réduit pas la productivité, bien au contraire ». Pour le sénateur de Loire-Atlantique à la fibre écologiste, l’intérêt du travail à domicile permet de réduire les déplacements, et de fait l’empreinte carbone des trajets domicile-travail, mais « il faudra faire attention à ce que cela n’aille pas dans le sens de l’isolement des salariés ».

Fossé

Il y a donc « un équilibre à trouver » pour alterner le travail à distance et la présence en entreprise. Et il ne faudrait pas que cela « renforce le fossé qui existe entre les cadres qui peuvent pour la plupart être en télétravail et les employés chez qui pour beaucoup le télétravail n’est pas une option », estime le sénateur.

Accords de branches

Pour les syndicats, il faut créer des chartes internes dans les entreprises ou des accords de branches déterminant précisant les plages horaires, les équipements fournis par l’entreprise (ordinateurs, imprimante) ou les défraiements (abonnement téléphonique, internet…).

Travail dégradé

Selon François Hommeril, président de la CFE-CGC, ce qui se passe actuellement « ce n’est pas du télétravail, c’est une continuation du travail dans des conditions extraordinairement dégradées ». Enfin Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, réclame un accord national sur le télétravail « de façon à ce que les règles soient les mêmes pour l’ensemble des travailleurs ».

Synthèse

Le Medef espère démarrer les travaux fin mai début juin pour dresser un diagnostic avec les partenaires sociaux. L’organisation patronale table sur deux ou trois réunions qui pourraient déboucher sur une synthèse sans pour autant prendre le chemin de la négociation.

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