Tenue des régionales en juin : le Conseil scientifique botte en touche mais souligne les risques
Le Conseil scientifique renvoie la responsabilité de décider du maintien ou non des élections régionales en juin au pouvoir politique. Mais il souligne cependant une série de « risques ». Par ailleurs, il pointe indirectement l’insuffisance des mesures prises par Emmanuel Macron, « dont l’effet reste incertain ».

Tenue des régionales en juin : le Conseil scientifique botte en touche mais souligne les risques

Le Conseil scientifique renvoie la responsabilité de décider du maintien ou non des élections régionales en juin au pouvoir politique. Mais il souligne cependant une série de « risques ». Par ailleurs, il pointe indirectement l’insuffisance des mesures prises par Emmanuel Macron, « dont l’effet reste incertain ».
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Le Conseil scientifique présidé par Jean-François Delfraissy a choisi… de ne pas trop se mouiller sur la tenue, ou non, des élections départementales et régionales, reportées de mars à juin prochain pour cause de covid-19. Son avis était attendu. C’est la fameuse clause de revoyure, prévue avant le scrutin.

Résultat, « il incombe aux seules autorités politiques de procéder en toute légitimité démocratique aux appréciations générales, qui dépassent les seuls aspects sanitaires, ainsi qu’aux arbitrages nécessaires, qui sont éminemment politiques s’agissant de l’organisation d’élections » écrit le Conseil, qui « se situe sur un plan strictement sanitaire ». Les attaques qu’il a subies dans le passé peuvent expliquer cette prudence.

Des « risques » existent pour les candidats et les électeurs

Mais le Conseil scientifique ne dit pas rien. Il dit même beaucoup de choses en réalité. Si le scrutin est maintenu, avec un niveau de circulation élevé du virus, il souligne une série de difficultés : « Les risques auxquels s’exposent les candidats et les équipes de campagne, et les personnes rencontrées physiquement par les candidats et leurs équipes. La gestion de ce risque est la plus délicate ; les risques auxquels s’exposent les électeurs en allant voter ; les risques auxquels sont exposées les personnes participant aux opérations de vote et en particulier lors du dépouillement ; les risques liés à l’utilisation des locaux, notamment scolaires ; les risques liés à une reprise de l’épidémie, suivant les élections sous forme de clusters ou d’une « petite vague » »…

Mais « les risques auxquels s’exposent les électeurs en allant voter peuvent être réduits par la mise en œuvre d’un protocole adapté », écrivent les scientifiques. La vaccination qui progresse diminuera aussi les risques. Pour tenir les bureaux de votre, il serait préférable de faire appel à des personnes vaccinées ou ayant fait un test PCR à J-2. De plus grandes plages horaires pour aller voter pourraient être mises en place, ainsi que des horaires privilégiés pour les personnes vulnérables.

A l’inverse, « si les autorités décident un report des élections, les risques de contamination seraient sensiblement moindres qu’au cours du mois de juin en raison d’un niveau prévisible de vaccination nettement plus élevé. Fin septembre 2021, entre 40 et 45 millions de personnes pourraient être vaccinées » soulève le Conseil.

« L’intensité et la nature des mesures de contrôle sont un élément clé »

L’avis du Conseil scientifique ne se limite pas à la tenue des élections. Il porte évidemment sur la situation globale. Et au passage, le Conseil pointe indirectement la faiblesse du niveau des mesures prises la semaine dernière par Emmanuel Macron. Il le fait avec prudence et de manière quelque peu détournée, mais on comprend le message. « L’intensité et la nature des mesures de contrôle mises en œuvre au cours des deux mois qui viennent (avril et mai 2021) sont un élément clé pour anticiper l’état de la pandémie en juin 2021 » peut-on lire. Le Conseil présidé par Jean-François Delfraissy ajoute pudiquement :

Le couvre-feu a été renforcé le 20 mars 2021 par des mesures de freinage d’un nouveau type, dont l’effet reste incertain.

L’effet vaccin ne sera pas un effet miracle, explique par ailleurs le Conseil. « Les travaux de modélisation suggèrent que cet effet ne sera pas suffisant pour éviter un rebond important des hospitalisations sans un renforcement des mesures de contrôle » dit le rapport.

Les scientifiques relativisent aussi « l’effet de l’été ». « Il serait erroné de penser que l’état de l’épidémie en juin 2021 sera nécessairement identique à ce qu’il était en juin 2020. A l’époque, la France sortait d’un confinement strict de 2 mois » rappellent-ils. « En septembre 2021, la couverture vaccinale devrait avoir progressé, permettant de réduire l’impact sanitaire de la pandémie. Si l’immunité collective, qu’elle soit vaccinale ou naturelle, reste inférieure à 70-80 % de la population, un rebond de l’épidémie est malgré tout possible » ajoute encore le Conseil scientifique, qui « ne peut éliminer l’hypothèse de l’apparition d’un nouveau variant dont la sensibilité aux vaccins serait diminuée »…

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