Thibaut Coiffier (Ipsos) : « C’est un échec de la greffe locale pour LREM »

Thibaut Coiffier (Ipsos) : « C’est un échec de la greffe locale pour LREM »

Taux d’abstention record, vague verte, restes de l’ancien monde… Thibaut Coiffier, Directeur associé au sein de l’institut de sondage Ipsos, livre à Public Sénat son analyse des élections municipales.
Public Sénat

Par Marylou Magal

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Public Sénat : Quels enseignements tirez-vous de ce scrutin ?

Le premier enseignement, c’est très nettement l’abstention. Elle est historique sous la Ve République, alors les élections municipales sont traditionnellement les élections qui mobilisent le plus les électeurs après l’élection reine : la Présidentielle. Si l’on notait une décroissance de la participation depuis 1983, soulignons que l’abstention gagne pas moins de 21 points par rapport au second tour de 2014 ! Les raisons de cette abstention sont multiples. D'abord, la crise sanitaire a non seulement suscité une inquiétude auprès des électeurs – et pas seulement chez les plus âgés, mais a également empêché la campagne d’exister. Ensuite et à côté de cette raison structurelle, il y a des raisons politiques : l’illisibilité de l’offre politique causée par de nombreuses dissidences et alliances à géométrie variable qui brouillent les repères et n’aident pas à la mobilisation. Et enfin, après quinze semaines d'écart entre les deux tours, les municipales n'étaient tout simplement pas le coeur de leurs préoccupations.

Malgré le taux d’abstention, on tire aussi l’enseignement d’une forte percée écologiste…

Tout à fait, les Verts ont réalisé un score historique en conquérant des villes emblématiques comme Lyon, Strasbourg, Besançon, Bordeaux… Bordeaux qui est d’ailleurs la surprise de ce scrutin puisque les écologistes ont ravi cette ville historiquement ancrée à droite, malgré l’alliance avec LREM. L’enjeu, pour les écologistes, c’est désormais de confirmer cette dynamique sur une élection nationale.

A contrario, La République en marche essuie un échec de grande ampleur…

C’est un énorme échec de la greffe locale. Dans ce scrutin, La République en Marche n’était présente que dans la moitié des villes de plus de 9000 habitants et beaucoup de ses candidats ont fait un score à un chiffre au premier. La victoire d’Edouard Philippe au Havre, c’est finalement l’arbre qui cache la forêt.

Quid des partis « traditionnels » ?

Ce scrutin a également démontré que l’ancien monde n’était pas mort. Le Parti socialiste conserve des fiefs importants et conquiert même de nouvelles villes, comme Nancy ou Saint-Denis. Les Républicains avaient réalisé un très bon premier tour, mais cette dynamique a été tempérée par la perte notamment possible de Marseille et de Bordeaux, même s'ils conservent Toulouse. Le Rassemblement national, quant à lui, s'enracine dans la plupart des villes emblématiques conquises en 2014, mais n’est finalement aux manettes que d’une seule grande ville : Perpignan.

Retrouvez notre carte interactive et toutes nos analyses sur le second tour des municipales

Dans la même thématique

Thibaut Coiffier (Ipsos) : « C’est un échec de la greffe locale pour LREM »
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Thibaut Coiffier (Ipsos) : « C’est un échec de la greffe locale pour LREM »
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le