Tour de vis anti-Covid-19 dans les métropoles : une méthode qui interpelle au Sénat

Tour de vis anti-Covid-19 dans les métropoles : une méthode qui interpelle au Sénat

Le trouble suscité par les élus locaux à Marseille et Paris, après l’annonce de mesures locales plus sévères par le gouvernement, a été ressenti jusque dans les rangs du Sénat.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot (avec F.V.)

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Publié le

Fermeture des restaurants et bars à Marseille pour une durée de deux semaines, fermeture anticipée des bars à Paris : les décisions du gouvernement prises lors du Conseil de défense le 23 septembre ont été accueillies avec un vent de révolte. Le Sénat n’est pas passé à côté du trouble ressenti par les élus locaux, qui reprochent d’avoir été seulement avertis, et non consultés. Et qui plus est, à la dernière minute. De la cité phocéenne à la capitale, les édiles dénoncent des mesures prises sans concertation. Lorsque le ministre de la Santé Olivier Véran explique s’est entretenu par téléphone avec tous les maires concernés « dans l’après-midi », des réactions bruyantes se font entendre dans la salle de la commission d’enquête. Agacé que certains remettent en cause la sincérité de ses propos, le ministre a défendu sa stratégie d’une réponse rapide pour freiner la dynamique de l’épidémie. « Concerter ne veut pas forcément dire tomber d’accord », a-t-il assené.

La gêne vis-à-vis de la méthode est loin de se limiter aux sénateurs parisiens présents dans la commission d’enquête. « Il faut vraiment que comme dans certains pays que les décisions soient prises au plus près du terrain », réagit le sénateur (Union centriste) Jean-Marie Bockel, président de la délégation aux collectivités territoriales. « J’ai été maire longtemps, ce n’est pas facile à vivre », a-t-il expliqué sur Public Sénat, dans l’émission Allons Plus loin.

À la commission des Lois du Sénat, la sénatrice de Paris (EELV) Esther Benbassa reproche au gouvernement sa « verticalité » et s’interroge également sur les différences d’approches, entre une ville classée zone rouge, et rouge écarlate. « Pourquoi une telle mesure à Marseille et pas à Paris », s’interroge-t-elle.

La sénatrice Deroche craint une incompréhension qui « nuise à l’acceptation des mesures »

De l’avis des participants à la commission, une « tension » était palpable quand ce point a été abordé. « Cela a été une décision très brutale », commente la sénatrice LR Catherine Deroche, co-rapporteure de la commission, inquiète de voir la logique de dialogue voulue par le gouvernement très affaiblie. « Jusqu’ici, les relations s’étaient améliorées. Le nouveau Premier ministre l’avait dit, il y aurait une relation entre le maire et le préfet : rien ne devait être fait sans les maires. » Pour Jean-Marie Bockel, « le gouvernement a territorialisé en gardant la centralisation ».

Plus grave, selon Catherine Deroche, les contradictions dans la lutte contre la Covid-19 à l’échelle nationale. « Ce qui est compliqué à comprendre, c’est que cette décision concerne les restaurants et les bars, mais pas d’autres lieux où les rassemblements se font dans les mêmes conditions. Il y a une forme d’incohérence. Dans les écoles, on a assoupli les dispositifs », s’interroge la rapporteure. « Ce que je crains c’est qu’il y ait une défiance forte et que ça nuise à l’acceptation des mesures. »

« On est dans une vaste hypocrisie », balaye un ministre

C’est également la crainte qu’affichait juste avant l’audition, le vice-président de la commission d’enquête, René-Paul Savary. « Je ne suis pas persuadé qu’en prenant des mesures contraignantes comme celles qui ont été prises récemment, tout soit bien compris », expliquait-il dans la matinale de Public Sénat.

Du côté du gouvernement, les mêmes inquiétudes, mais inversées. « On est dans une vaste hypocrisie. La maîtrise de l’épidémie, c’est de la responsabilité de l’État. Les réactions des élus locaux participent de la non-acceptabilité sociale », critique un ministre. Ce membre du gouvernement accuse d’ailleurs la municipalité de Marseille de ne pas avoir tenu compte des alertes formulées par l’exécutif tout au long de l’été, ce qu’a également souligné Olivier Véran pendant son audition. « La mise en œuvre des mesures précédentes n’était pas assurée par les autorités locales », reproche un membre du gouvernement, au sujet des contrôles de la police municipale à Marseille.

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