Transports scolaires : « Un vrai casse-tête », selon Nicole Bonnefoy

Transports scolaires : « Un vrai casse-tête », selon Nicole Bonnefoy

Les transports scolaires, « angle mort des politiques éducatives en France » ? C’est ce qu’affirme la sénatrice PS de Charente Nicole Bonnefoy. À quelques jours du retour à l’école de milliers d’écoliers, la présidente de l’Anateep, l’Association nationale pour les transports éducatifs de l’enseignement public, estime que les conditions ne sont pas réunies pour respecter les règles de distanciation sociale. 
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Par Flora Sauvage

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Quel regard portez-vous sur les annonces faites par le ministre de l’éducation nationale ?

Lorsque Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, a annoncé la réouverture des écoles le 11 mai, il a évoqué la problématique des classes, la question de la cantine, mais comme à son habitude, il a complètement oublié de parler des cars scolaires. Cela avait déjà été le cas lorsqu’il a été décidé de modifier la carte scolaire ou lors de la mise en places des nouveaux rythmes. C’est pourtant un vrai sujet. Puisque 4 millions sur un total de 12 millions d’élèves empruntent les transports scolaires. Le gouvernement a fait le choix de rouvrir les écoles dès le 11 mai allant à l’encontre des préconisations du comité scientifique qui souhaitaient qu’elles ne rouvrent pas avant les grandes vacances, cela multiplie les difficultés. Sur mon territoire de la Charente, je vois un nombre conséquent d’élus qui s’interrogent sur leur responsabilité juridique. Certains élus m’ont dit qu’ils ne rouvriraient pas les écoles avant septembre.

Comment faire respecter les gestes barrières et les règles de distanciation sociale dans les cars scolaires alors que cette question génère des inquiétudes chez les parents d’élèves ?

Beaucoup de questions se posent. Comment respecter les gestes barrières, la distanciation sociale dans un car ? Qui désinfectera les cars ? À quelle fréquence ? Cela soulève la question de la logistique et de l’organisation. Depuis les déclarations du ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, certains points ont été précisés. Seuls les collégiens et les lycéens devront porter un masque, les écoliers en sont exclus. Et il faudra condamner un siège sur deux dans les bus. Mais comment faire dans les bus qui transportent en même temps des écoliers du primaire, des collégiens et des lycéens ? Que se passera-t-il si un collégien ou un lycéen refuse de porter un masque ? Le chauffeur aura-t-il la responsabilité de le laisser sur le bord de la route ? Se posera aussi la question de la responsabilité pénale des entreprises de transport. C’est un véritable casse-tête.

Les principaux acteurs concernés par le transport scolaire ont-ils été consultés ?

Le ministère des transports a pris attache le 29 avril avec notre association l’Anateep pour faire remonter les problèmes de terrain. L’objectif pour le gouvernement est de parvenir à rédiger un décret qui fixera tous les points qui conditionnent la reprise par écrit. Mais nous ne sommes pas les seuls acteurs du transport scolaire, il faut prendre en considération également les associations de parents d’élève, les collectivités, les agglomérations. D’autant que les régions ont la compétence du transport scolaire mais ce sont les départements qui sont responsables du transport des jeunes en situation de handicap. Et là la situation peut parfois être problématique, notamment pour les accompagnateurs qui pourraient exercer leur droit de retrait. La question du droit de retrait se pose également pour les chauffeurs de car. C’est un secteur en grande tension où il est très difficile de recruter. Beaucoup de conducteurs ont plus de 60 ans. Vu les conditions sanitaires, certains chauffeurs voudront peut-être exercer leur droit de retrait. Et il ne faut pas oublier que toutes ces nouvelles règles vont entraîner un coût supplémentaire pour les collectivités. Qui va payer pour l’embauche du personnel supplémentaire et la désinfection des cars ?

 

 

 

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