Traquer la fraude fiscale sur les réseaux sociaux: feu vert de l’Assemblée
Moyennant une série de garanties pour la protection des libertés individuelles, l'Assemblée nationale a approuvé mercredi soir l...

Traquer la fraude fiscale sur les réseaux sociaux: feu vert de l’Assemblée

Moyennant une série de garanties pour la protection des libertés individuelles, l'Assemblée nationale a approuvé mercredi soir l...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Moyennant une série de garanties pour la protection des libertés individuelles, l'Assemblée nationale a approuvé mercredi soir l'expérimentation prévue par le gouvernement de collecte de données sur les réseaux sociaux pour détecter des fraudes fiscales.

Les députés ont approuvé en première lecture l'article 57 du projet de budget de l'Etat pour 2020 prévoyant cette expérimentation durant trois ans, au sein de l'administration fiscale et des douanes. Celle-ci pourra collecter et exploiter les données librement accessibles sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques (par exemple Facebook, Le Bon Coin, Twitter, etc.).

Actuellement, "la voiture du voleur va plus vite que la voiture du gendarme" fiscal, qui doit désormais "utiliser les nouvelles technologies", a défendu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Il s'agit selon lui de passer de la recherche "manuelle" de données, déjà pratiquée par les contrôleurs fiscaux, à une recherche "professionnelle", grâce à l'intelligence artificielle et l'usage d'algorithmes, comme aux Etats-Unis ou en Espagne.

Le ministre a cité l'exemple de la vente de tabac par correspondance via Facebook: l'Etat, qui veut défendre les buralistes, a actuellement "les armes contre le trafic physique mais pas sur les réseaux sociaux".

Dans un avis rendu en septembre, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) avait émis des réserves sur le projet initial d'expérimentation, arguant qu'il était "susceptible de porter atteinte à la liberté d'opinion et d'expression" des personnes concernées.

La version originelle de l'article 57 a aussi suscité une levée de boucliers de la plupart des groupes d'opposition, Les Républicains comme la gauche pointant le risque d'une "surveillance généralisée" de la population.

"Vous tirez un peu plus sur le noeud coulant qui enserre notre liberté individuelle", a lancé au gouvernement Michel Castellani (Libertés et territoires).

Des réticences ont persisté jusque dans les rangs de la majorité, Philippe Latombe (MoDem) critiquant un "chalutage des données" et un problème de "taille de la maille du filet".

"Il n'y aura pas de remontée d'autres critères que ce que nous mettons", a assuré M. Darmanin, tandis qu'Emilie Cariou (LREM) rappelait que les droits de la défense seraient respectés dans le cadre du contrôle fiscal s'ensuivant.

Le ministre s'est montré favorable à plusieurs aménagements déjà adoptés par les députés en commission, pour mieux encadrer l'expérimentation et atteindre un "équilibre" entre "protection des libertés individuelles et lutte contre la fraude".

Les députés ont ainsi restreint le champ de l'expérimentation à la recherche des activités occultes et des domiciliations fiscales frauduleuses. Sur ce point, "ce n'est pas M. et Mme Tout-le-monde" mais les personnes "organisant leur domiciliation fiscale à l'étranger tout en profitant des services publics français", a souligné M. Darmanin.

La collecte des informations sera aussi limitée aux seuls contenus "manifestement rendus publics" par les utilisateurs de plateformes, ont précisé les députés.

En outre, le traitement et la conservation des données collectées ne pourront être sous-traités par l'Etat. Cependant "il se peut que des prestataires privés nous aident à construire" l'algorithme, d'après M. Darmanin.

L'administration devra détruire au plus tard cinq jours après leur collecte les données collectées sensibles ou sans lien avec les infractions recherchées. Les autres données devront être analysées au maximum dans un délai de trente jours et détruites si elles n’apparaissent pas pertinentes.

La Cnil sera saisie du décret nécessaire à la mise en œuvre de l'expérimentation.

Enfin, un bilan intermédiaire sera réalisé au bout de dix-huit mois.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le