Ukraine : « Il y a le risque d’une troisième guerre mondiale », avertit Christian Cambon

Ukraine : « Il y a le risque d’une troisième guerre mondiale », avertit Christian Cambon

Sur Public Sénat, le sénateur Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères, a estimé que le comportement « erratique et fou » de Vladimir Poutine devait pousser les Européens à se préparer à toute éventualité après l’invasion russe de l’Ukraine. Réagissant à des propos de Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, il indique que les forces nucléaires françaises sont sous alerte.
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Jusqu’où Vladimir Poutine ira-t-il ? Le président russe a lancé jeudi matin une invasion de l’Ukraine ; ses armées ont pénétré dans le sud du pays, tandis qu’une série de bombardements a frappé l’ensemble du territoire, visant vraisemblablement des sites stratégiques, notamment des aéroports. Cette situation a pris de cours de nombreux commentateurs et géopoliticiens, qui, sans exclure une intervention russe dans la région contestée du Donbass, n’imaginaient pas, il y a encore quelques jours, que le maître du Kremlin puisse passer outre les avertissements des Occidentaux et aller si loin. « Moi-même je ne pensais pas que la folie de Poutine l’entraînerait à de telles actions », a admis vendredi, sur le plateau de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Christian Cambon, le président de la commission des affaires étrangères du Sénat.

« Vladimir Poutine continuera d’avancer jusqu’à ce que l’on arrête », avertit désormais ce spécialiste des questions internationales. « Il ira jusqu’aux limites de l’Otan puisque les pays membres bénéficient du soutien de l’ensemble de l’alliance s’ils sont agressés. Malheureusement, l’Ukraine n’en faisait pas partie. » Par le jeu des alliances, une incursion russe dans un pays membre de l’Otan, comme la Roumanie ou les pays baltes, pourrait en effet entrainer une série de réactions internationales sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Il y a le risque d’une troisième guerre mondiale », lâche Christian Cambon. « Il vaut mieux le savoir et ne pas jouer la politique de l’autruche en disant ‘rien ne va arriver’ ».

>> Lire notre article : « Si le pire des scénarios, c’est l’attaque d’un pays de l’Otan par la Russie, il faut s’y préparer », selon la chercheuse Anna Colin Lebedev

Un risque de cyberattaques en France

« Il faut aussi prendre en compte d’autres risques qui sont nouveaux. Les pays européens, y compris la France, risquent de subir des cyberattaques massives », ajoute ce sénateur. « Un pays comme la Lituanie peut subir 57 000 cyberattaques en deux jours, pendant un week-end entier vous n’avez plus de système hospitalier, plus de système bancaire…. On peut avoir ça », estime Christian Cambon. Dans un discours télévisé, Vladimir Poutine a mis en garde tout pays qui serait tenté d'interférer avec l'action en cours, évoquant des conséquences « pires que tout ce que vous pouvez imaginer ».

« Il peut aller jusqu’à des provocations militaires, la mise en œuvre d’attaques cyber qui peuvent être très handicapantes et dangereuses. Évidemment, on n’envisage pas aujourd’hui que la France puisse recevoir des bombes, mais il faut s’y préparer », poursuit notre invité. « Je sais que les forces de l’Otan, dont l’état-major français, se préparent », indique encore Christian Cambon pour qui il faut « se tenir prêt à toute hypothèse face à quelqu’un qui se comporte de manière si erratique et folle ».

 

La dissuasion nucléaire

Jeudi soir, sur le plateau de TF1, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, a voulu rappeler que « l’Alliance atlantique est aussi une alliance nucléaire ». Une manière de prévenir Vladimir Poutine contre tout recours à l’arme ultime ? « La France est dotée d’un système de dissuasion nucléaire, et comme son nom l’indique, un système de dissuasion, c’est pour éviter de s’en servir ! », veut rappeler Christian Cambon.  « Le propos de Jean-Yves Le Drian était un petit peu fort… Il ne s’agit pas de créer un moment de panique. Nous n’en sommes pas là mais il faut se tenir prêt, nos forces classiques, nos forces nucléaires sont sous alerte. Nous participons à des opérations de l’Otan et nous allons vraisemblablement renforcer notre dispositif dans les pays baltes et en Roumanie, pour pouvoir les aider avant qu’il ne soit trop tard. »

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