Ukraine : « Une guerre nucléaire est tout à fait possible », avertit l’écrivain Vladimir Fédorovski
Invité de notre matinale, l’ancien diplomate Vladimir Fédorovski estime que la capacité de résilience des Russes et le « jusqu’au-boutisme » de Vladimir Poutine ne doivent pas être sous-estimés par les Occidentaux. Selon lui, le dirigeant serait capable, s’il se retrouve « dos au mur », d’avoir recours à l’arme suprême.

Ukraine : « Une guerre nucléaire est tout à fait possible », avertit l’écrivain Vladimir Fédorovski

Invité de notre matinale, l’ancien diplomate Vladimir Fédorovski estime que la capacité de résilience des Russes et le « jusqu’au-boutisme » de Vladimir Poutine ne doivent pas être sous-estimés par les Occidentaux. Selon lui, le dirigeant serait capable, s’il se retrouve « dos au mur », d’avoir recours à l’arme suprême.
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Américains et Européens s’apprêtent à durcir leur régime de sanctions contre la Russie. De nouvelles mesures de rétorsion économique contre le régime de Vladimir Poutine, qui poursuit son action militaire en Ukraine, devraient être annoncées jeudi, alors que Joe Biden, le locataire de la Maison Blanche, sera à Bruxelles pour assister à une triple rencontre internationale : un sommet de l’Otan, un sommet du G7 et un sommet de l’Union européenne. Invité mercredi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Vladimir Fédorovski, écrivain russe d’origine ukrainienne et ancien conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev, a appelé les Occidentaux à ne pas humilier la Russie, ce qui pourrait, selon lui, conduire à une nouvelle escalade.

« Les Américains veulent un nouvel Afghanistan en Ukraine », soutient Vladimir Fédorovski, en référence à l’invasion du territoire afghan par l’URSS à la fin des années 1980, un conflit dans lequel s’est enlisée l’armée rouge et qui est souvent citée comme l’une des causes de la chute du régime soviétique. « Je sais que les Américains veulent faire du conflit en Ukraine un prélude à la chute de Poutine et de la Russie. C’est aussi un danger parce que si l’on pousse la Russie dos au mur, dans leur détresse, ces gens-là peuvent aller jusqu’à l’utilisation d’armes extrêmes », avertit notre invité.

« Ses forces nucléaires peuvent nous anéantir plusieurs milliers de fois »

« Il faut faire attention quand on parle des armes chimiques, car il y a autour de ça une guerre des suppositions et de la propagande », poursuit Vladimir Fédorovski. « En revanche, une guerre nucléaire est tout à fait possible », lâche-t-il. La Russie a indiqué avoir mis son arsenal en alerte après l’annonce des premières sanctions américaines. « Ses forces nucléaires peuvent nous anéantir plusieurs milliers de fois. »

Vladimir Fédorovski pense que Vladimir Poutine ne reculera devant aucune extrémité pour obtenir satisfaction, le maître du Kremlin réclamant notamment une démilitarisation et un statut neutre pour l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance de la Crimée, annexée par Moscou en 2014, comme territoire russe. « Poutine est un enfant abandonné, qui a été formé par la pègre. C’est quelqu’un qui est jusqu’au-boutiste. Dans cette crise il est jusqu’au-boutiste, il ne recule pas », analyse Vladimir Fédorovski.

Il doute également des capacités des sanctions économiques à retourner le peuple russe contre son dirigeant. « Il y a une résilience russe, sous Boris Eltsine les Russes ont vécu dix fois moins bien que sous Poutine. Avec les sanctions, ils vont perdre la moitié de leur pouvoir d’achat », explique-t-il. « Un retournement de l’opinion contre Poutine peut se produire, mais il ne faut pas vivre dans l’illusion. »

Banalisation du risque nucléaire

« Quand Poutine dit qu’un monde sans la Russie ne l’intéresse pas, je pense qu’il reflète le fond de sa pensée. Et cela m’effraie », pointe encore notre invité. Moscou n'utilisera l'arme nucléaire en Ukraine qu'en cas de « menace existentielle » contre la Russie, a fait savoir mardi 22 mars le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur la chaîne CNN International. Vladimir Fédorovski estime toutefois que le discours sur le recours aux armes nucléaires s’est « banalisé » depuis le mandat de Donald Trump. On se rappelle, en effet, des échanges entre le milliardaire américain et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, le premier faisant savoir au second dans un tweet qu’il avait à sa disposition « un bouton nucléaire beaucoup plus gros et plus puissant que le sien ».

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