Un dîner autour de Marion Maréchal sème la zizanie chez LR
De Marion Maréchal à Patrick Buisson, les partisans d'une rupture du cordon sanitaire entre droite et extrême droite multiplient les initiatives...
Par Anne RENAUT
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De Marion Maréchal à Patrick Buisson, les partisans d'une rupture du cordon sanitaire entre droite et extrême droite multiplient les initiatives pour bâtir des ponts, au risque de déstabiliser davantage le parti Les Républicains et la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen.
Un dîner avec des élus et parlementaires LR mardi, une rencontre avec des collaborateurs d'élus du même parti la semaine dernière et désormais une invitation à l'université d'été du Medef fin août: Marion Maréchal, ancienne députée RN et nièce de Marine Le Pen, se retrouve de nouveau au cœur de l'actualité post-européennes, marquée par la débâcle de la droite traditionnelle.
Officiellement en retrait de la scène politique, celle qui plaide pour une union des droites est omniprésente depuis le fiasco de LR le 26 mai (8,48%) et la victoire du parti de sa tante (23,34%). Et elle n'est pas la seule.
"Marion reste une des incarnations possibles" de l'union des droites, souligne l'un des chantres de cette alliance, l'ancien eurodéputé souverainiste Paul-Marie Coûteaux, qui avait proposé en vain à Marion Maréchal et au polémiste Éric Zemmour de figurer sur une même liste pour les élections européennes.
Ex-président du micro parti identitaire Siel et soutien de François Fillon, M. Coûteaux vient lui-même de rejoindre le Parti chrétien-démocrate de l'ancien candidat à la présidentielle Jean-Frédéric Poisson.
- "Totale étanchéité" -
Patrick Buisson, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a affirmé pour sa part dimanche sur BFMTV travailler avec M. Zemmour à une "union nationale". Il cherche un candidat "qui ne serait pas issu du RN mais passerait un accord de gouvernement avec le RN".
Eric Zemmour lors d'un débat le 25 avril 2019 à Paris
AFP/Archives
Quant à Éric Zemmour, il a affirmé au Parisien qu'il existait "une possibilité de se rassembler avec l'électorat du RN" sur l'immigration et l'islam mais qu'il n'était "candidat à rien".
"La stratégie vise à faire sauter le verrou du cordon sanitaire" entre le RN et LR, qui exclut de forger des alliances avec le RN, explique le politologue Jean-Yves Camus.
"Mais tout cela reste dans la sphère des idées. Quid des partis politiques?", s'interroge ce spécialiste de l'extrême droite.
Reste que ces offensives ont semé la pagaille chez LR, déjà plongé dans la crise.
Le président par intérim de LR, Jean Leonetti, a jugé jeudi "inacceptable" la participation d'élus LR à ce dîner et leur a demandé de "clarifier leur position" sur leur appartenance au parti, au nom d'une "totale étanchéité à toute alliance avec l'extrême droite".
"L'héritage historique et la ligne politique de @lesRepublicains refusent toute compromission avec la famille Le Pen, leurs représentants et les partis extrémistes", a abondé Christian Jacob, seul candidat déclaré à la présidence du parti.
Les participants "se sont mis d'eux-mêmes en dehors de leur formation politique", a pour sa part jugé le président LR du Sénat Gérard Larcher.
Plusieurs d'entre eux se sont également attirés les critiques de leurs collègues locaux, tel le sénateur Sébastien Meurant dans le Val-d'Oise ou l'élu régional Sébastien Pilard dans les Pays-de-la-Loire.
- "Capacité de résilience" -
Ce dîner "suscite des interrogations", a admis M. Pilard, membre du bureau politique de LR, en rappelant "la ligne" de son parti: "Des débats et des discussions oui, des alliances électorales non".
Mais LR n'est peut-être pas l'unique victime collatérale de ces échanges. Le leadership de Marine Le Pen, exclue de ces initiatives qui visent à dépasser l'étiage électoral du RN, risque aussi d'être mis à mal.
"Les idées, une partie de la pensée qui est développée par Marion et qu'on a pu retrouver chez un candidat comme François-Xavier Bellamy, ça a fait 8,5% aux européennes", a cinglé la semaine dernière la cheffe du RN.
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Mais "tous ces protagonistes minorent la capacité de résilience de LR" et de son large réseau d'élus locaux, qui auront moins besoin du RN que du centre pour se faire réélire aux municipales, rappelle M. Camus.
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