Un nouveau rapport sur les perdants de la politique fiscale et budgétaire hérisse le gouvernement
La politique budgétaire et fiscale menée depuis 2018 a favorisé le pouvoir d'achat des plus aisés au détriment des plus modestes,...

Un nouveau rapport sur les perdants de la politique fiscale et budgétaire hérisse le gouvernement

La politique budgétaire et fiscale menée depuis 2018 a favorisé le pouvoir d'achat des plus aisés au détriment des plus modestes,...
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Par Marie HEUCLIN

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La politique budgétaire et fiscale menée depuis 2018 a favorisé le pouvoir d'achat des plus aisés au détriment des plus modestes, selon un rapport d'économistes publié mercredi. Des conclusions contestées par le gouvernement, qui défend sa politique.

"Président des riches". C'est l'image qui colle à Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Élysée, et elle s'est encore renforcée avec le mouvement des "gilets jaunes", qui s'est cristallisé sur les enjeux de pouvoir d'achat.

Plusieurs rapports d'économistes publiés ces derniers mois montraient déjà que les ménages modestes n'avaient pas été les plus gagnants de la hausse globale du pouvoir d'achat, estimée à 17 milliards d'euros entre 2018 et 2020. Un gain qui représente "quelque chose de totalement massif" et un "effort sans précédent", défend-on à Bercy.

Mais le rapport publié mercredi par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), organisme plutôt classé à gauche, va plus loin: selon ses calculs, "plus des deux tiers des ménages appartenant aux 10% les plus modestes affichent des pertes de revenu disponible" sur la période, quand le reste des Français l'ont vu augmenter.

Rien que pour 2020, 15% des ménages les plus modestes vont voir leur niveau de vie "amputé", en particulier par les réformes des allocations chômage et logement, précise l'OFCE.

A l'inverse, "les grands gagnants" seront plutôt ceux dont le niveau de vie est supérieur au niveau de vie médian. Et entre 2018 et 2020, un quart des 17 milliards d'euros de gains de pouvoir d'achat ont profité aux 5% des ménages les plus aisés.

Une conclusion qui a suscité de nombreuses réactions de l'opposition de gauche. "Quand une étude de l'OFCE confirme le bien fondé de toutes nos critiques faites pendant le débat du #plf2020 (projet de loi de finances 2020) Emmanuel Macron est toujours plus le président des ultra riches au détriment des plus pauvres", a ainsi réagi le député France insoumise Eric Coquerel sur Twitter.

- querelle de méthode -

Après la publication du rapport de l'OFCE, le gouvernement s'est empressé de renvoyer à sa propre étude, jointe au dernier projet de loi de finances à l'automne dernier. Selon celle-ci, le niveau de vie des 10% de ménages les plus pauvres devrait progresser de 2,3% entre 2018 et 2020.

Selon Bercy, "il y a des mesures qui n'ont pas été prises en compte dans le rapport de l'OFCE", par exemple l'augmentation du taux de recours de la prime d'activité, soit un manque d'environ un milliard d'euros, le 100% santé, ou encore des revalorisations du RSA fin 2017 ou de l'allocation de soutien familial en 2018.

Le ministère de l’Économie relève des "désaccords méthodologiques" qui faussent le résultat: comme l'évaluation de la baisse des dépenses de tabac induites par la hausse de la fiscalité ou celle de l'impact sur le revenu des ménages du retour à l'emploi de certains Français modestes. Bercy publiera d'ailleurs prochainement une étude sur ce sujet.

Des critiques en partie fausses, répond à l'AFP Mathieu Plane, un des auteurs du rapport, par exemple sur le 100% santé. Il concède toutefois le désaccord de méthode sur les prix du tabac, estimant que l'expérience passée "donne plutôt raison" à l'OFCE.

A l'inverse, il note que le gouvernement ne semble pas prendre en compte la hausse des recettes de l'impôt sur le revenu l'an dernier et qu'il ne répartit pas de la même manière l'impact de la fiscalité écologique entre ménages et entreprises.

Mais au-delà du niveau de vie, le rapport montre que "le vrai facteur discriminant, c'est l'activité", juge Pierre Madec, économiste à l'OFCE. Les inactifs (chômeurs et retraités) ont ainsi "plutôt été mis à contribution pour financer les augmentations [de pouvoir d'achat] des actifs", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

Un résultat qui résonne avec le discours martelé par le président de la République et le gouvernement depuis le début du quinquennat: "il faut que le travail paye mieux".

Une priorité qu'on "assume" à Bercy. La politique du gouvernement "soutient de manière massive les revenus du travail", et c'est "un axe majeur sur lequel le ministre Bruno Le Maire s'est toujours engagé: il faut que le travail paye davantage".

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