Un rapport pour réformer l’islam et contrer la « fabrique de l’islamisme »
Une structure chargée d'organiser et financer le culte musulman et une lutte accrue contre le discours salafiste sur les réseaux sociaux : l...

Un rapport pour réformer l’islam et contrer la « fabrique de l’islamisme »

Une structure chargée d'organiser et financer le culte musulman et une lutte accrue contre le discours salafiste sur les réseaux sociaux : l...
Public Sénat

Par Karine PERRET

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une structure chargée d'organiser et financer le culte musulman et une lutte accrue contre le discours salafiste sur les réseaux sociaux : l'Institut Montaigne ébauche des pistes de lutte contre "la fabrique de l'islamisme" dans un rapport publié lundi.

Rendu public en plein débat sur l'organisation de l'islam en France, le rapport de ce groupe de réflexion libéral veut réformer la deuxième religion de France et s'alarme particulièrement de la prolifération des thèses islamistes sur internet.

Intitulé "la fabrique de l'islamisme", ce document énumère les "usines de production de l'islamisme" (Frères musulmans en Egypte, wahhabisme en Arabie Saoudite, "turco-islamisme en Turquie"...) et souligne "l'incroyable" influence des réseaux sociaux dans son expansion, assurant que derrière Barack Obama ou Donald Trump, six des dix plus grands "influenceurs mondiaux" sont saoudiens.

En France, l'auteur du rapport, Hakim El Karoui, dit constater une "progression de l'idéologie islamiste" même si "les islamistes (...) sont largement minoritaires".

Les salafistes - branche rigoriste de l'islam - "gagnent du terrain à l'intérieur de la communauté", surtout chez "les jeunes", selon lui. "Il y a à peu près 800.000 à un million de personnes qui suivent un discours religieux (...) produit par les salafistes", a-t-il affirmé sur Europe 1, disant s'appuyer sur une étude d'un institut de sondage.

Selon lui, la France doit "se doter de moyens et de réseaux importants pour diffuser [un] contre-discours" aux thèses salafistes.

Cet ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon constate aussi que le "halal" imprègne de plus en plus "la façon de vivre ensemble", avec le développement de sites communautaires, d'hébergement ou de covoiturage "halal".

- Un rapport qui "enfonce des portes ouvertes" -

Ce rapport est publié alors que sont organisées jusque mi-septembre des "assises territoriales de l'islam de France" dans chaque département, sous l'égide des préfets, pour faire émerger auprès du président Emmanuel Macron des propositions sur l'organisation de l'islam de France et ses six millions de fidèles. Grands thèmes abordés : représentation institutionnelle, financement des mosquées et formation des imams et aumôniers.

Dans ce cadre, M. El Karoui présente à nouveau sa proposition de "création d'une institution chargée d'organiser et de financer le culte musulman" : l'Association musulmane pour l'islam de France (Amif).

Des musulmans prient dans la rue près de la Grande Mosquée de Paris le 21 août 2018
Des musulmans prient dans la rue près de la Grande Mosquée de Paris le 21 août 2018
AFP/Archives

Objectif : "Créer une organisation neutre, indépendante des pays d'origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd'hui les mosquées, pour prélever une toute petite somme d'argent sur chaque acte de consommation et réinvestir cette somme d'argent dans le travail théologique", souligne-t-il.

Cette structure pourrait notamment gérer une "taxe halal", idée maintes fois évoquée depuis les années 90. Il ne s'agirait pas d'un impôt prélevé par l'Etat, mais d'un prélèvement géré par l'association et s'inspirerait de la "taxe de cacherout" de la communauté juive, gérée par les rabbinats et qui permet de certifier les produits "casher".

"C'est la montagne qui a accouché d'une souris", a estimé auprès de l'AFP Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français pour le culte musulman (CFCM), instance élue considérée comme représentative par les pouvoirs publics mais critiquée pour son manque d'efficacité. "Il n'y a aucune proposition nouvelle", a-t-il dit.

Il a rappelé que les grandes fédérations de mosquées, dont celles animant le CFCM, avaient annoncé en juillet un projet d'Association pour le financement et le soutien du culte musulman (AFSCM). Celle-ci va mettre en place une structure "chargée de collecter une contribution volontaire sur le halal, le pèlerinage, la zakat (aumône légale) et les dons des fidèles", selon le CFCM.

La Grande Mosquée de Paris le 21 août 2018
La Grande Mosquée de Paris le 21 août 2018
AFP

"C'est aux musulmans de s'occuper de leur religion, ce n'est pas à l'Etat de l'organiser", a par ailleurs estimé M. Zekri.

L'ancien président du CFCM Anouar Kbibech a pour sa part dit sur BFMTV "ne pas constater du tout cette montée si inquiétante" de l'islamisme décrite dans le rapport.

Dans un communiqué, Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a pris note de "propositions très intéressantes (...) qui appellent à un rassemblement et une mobilisation des musulmans républicains en France".

Autre proposition du rapport : "relancer l'apprentissage de la langue arabe" à l'école. Il faut lui "donner du prestige", a répondu le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Partager cet article

Dans la même thématique

Un rapport pour réformer l’islam et contrer la « fabrique de l’islamisme »
4min

Politique

711 jours otage au Mali : « C’est l’histoire la plus extraordinaire et terrible de ma vie » raconte Olivier Dubois

C’est un journaliste pas comme les autres. Parti interviewer un lieutenant djihadiste à Gao au Mali en mars 2021, il n’en revient que près de deux ans plus tard, après avoir été capturé par des terroristes. Une expérience marquante qui a chamboulé sa vie. Sa passion du journalisme est-elle toujours intacte ? Comment tenir dans de telles conditions, mais surtout comment se reconstruire ? Olivier Dubois répond à ces questions dans l’émission Un monde, un regard de Rebecca Fitoussi.

Le

Un rapport pour réformer l’islam et contrer la « fabrique de l’islamisme »
3min

Politique

Fin des moteurs thermiques en 2035 : « Si on n’a pas de période de transition, c’est du suicide économique » selon l’eurodéputé belge Benoît Cassart

D’ici à 2035, la vente des ventes de voitures thermiques neuves sera interdite. Un objectif remis en cause par la droite européenne et les défenseurs de l’automobile. Un enjeu majeur pour l’Union, où 8 véhicules neufs sur 10 roulent encore à moteur thermique. Voiture thermique stop ou encore on en débat dans l’émission Ici L’Europe présentée par Caroline de Camaret et Alexandre Poussart.

Le

MIGRANTS – CALAIS – CLASK DUNES
8min

Politique

Accord franco-britannique sur les migrants : « On va se renvoyer à la frontière les migrants dans un jeu de ping-pong », dénonce l’écologiste Guillaume Gontard

L’accord sur les migrants annoncés par Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer est accueilli froidement au Sénat, à droite, comme à gauche. Du côté de Calais, « la situation est lourde à supporter », rappelle le sénateur LR du Pas-de-Calais, Jean-François Rapin.

Le