Vaccination : « Le gouvernement désorganise la campagne à force de communication », tacle Bernard Jomier
Alors que le ministre de la Santé a autorisé le personnel de santé à vacciner, une note de la Direction générale de la Santé expliquant aux médecins qu’ils ne pourraient pas réserver de doses vaccinales cette semaine pour privilégier les pharmaciens, provoque la colère des syndicats.

Vaccination : « Le gouvernement désorganise la campagne à force de communication », tacle Bernard Jomier

Alors que le ministre de la Santé a autorisé le personnel de santé à vacciner, une note de la Direction générale de la Santé expliquant aux médecins qu’ils ne pourraient pas réserver de doses vaccinales cette semaine pour privilégier les pharmaciens, provoque la colère des syndicats.
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L’autorisation pour les pharmaciens d’administrer le vaccin contre le covid-19 à partir du 15 mars, fait débat. Vendredi dernier, le ministre de la Santé, invité sur le plateau de BFM TV, a indiqué qu’il avait signé le décret autorisant les pharmaciens, infirmiers et sages-femmes à vacciner, sans la présence obligatoire d’un médecin. Une décision qui s’inscrit dans le cadre de l’accélération de la campagne de vaccination sur le territoire, souhaitée par le gouvernement. Le décret prévoit, par ailleurs, que les pharmaciens peuvent désormais prescrire le vaccin à toute personne, exceptées les femmes enceintes et celles qui présenteraient un trouble de l’hémostase.

Ce dimanche, une note envoyée par le ministère de la Santé a cependant mis le feu aux poudres dans le corps médical. Compte tenu des nouvelles prérogatives des pharmaciens, le ministère a indiqué que les commandes de vaccins seront réservées à cette seule catégorie professionnelle pour la semaine du 8 mars, privant ainsi les médecins de la possibilité de commander des doses. « Pour la semaine du 8 mars, la commande ne sera ouverte que pour les besoins propres des officines, il ne sera pas possible de prendre des commandes pour les médecins compte tenu du nombre de doses livrées par AstraZeneca (environ 28.000 flacons disponibles à la commande) », explique le ministère dans une note « DGS-Urgent », adressée dimanche à ces deux catégories de professionnels de santé.

« On ne peut pas continuer à travailler avec une personne si déconnectée du terrain. »

Une annonce très mal reçue par les médecins généralistes. « C’est l’incompréhension face à cette circulaire qui nous explique que cela s’arrête net pour nous, alors qu’on avait mis en place un certain nombre de choses, d’autant que cela s’inscrit dans une séquence médiatique de bashing des soignants qui est très mal vécue par la profession », réagit Yoan Saynac, médecin généraliste à Pantin, au micro de Public Sénat. Chez les syndicats, les sentiments de colère et d’incompréhension cohabitent, et certains, comme MG France, vont jusqu’à demander la démission du directeur de la Direction générale de la Santé, Jérôme Salomon.

 

« Ce communiqué priorise les pharmaciens la semaine prochaine et c’est une décision que nous ne comprenons absolument pas », réagit Jean-Christophe Calmes du syndicat MG France. « On s’est investis la semaine dernière et ce week-end, massivement. On a réservé nos rendez-vous des prochaines semaines, on ne comprend plus rien. Cela a suscité une colère immense et ce n’est pas un coup d’essai pour Jérôme Salomon, qui enchaîne les cafouillages des masques et ceux de la stratégie de dépistage. Il faut que ça s’arrête, il n’y a pas d’autres options à ce stade. On est dans une colère folle dans les territoires, et on demande la démission de M. Salomon. On ne peut pas continuer à travailler avec une personne si déconnectée du terrain. »

« C’est une réaction épidermique »

« C’est une réaction épidermique de la part des syndicats », commente le sénateur Les Républicains et médecin Alain Milon. « C’est une décision que nous avions d’ailleurs votée au Sénat, dans le cadre de la proposition de loi Rist, parce que nous pensons que dans le parcours de soins, le médecin traitant doit coordonner une équipe de soins comprenant différents professionnels compétents pour vacciner, dont le pharmacien. » Pour Alain Milon, si la question du parcours de soins se pose légitimement, la situation de crise sanitaire prend le pas sur les questionnements des syndicats de médecins. « Il n’y a pas de place pour ce genre de réaction, alors que l’on parle de santé publique et de possibilité de libération prochaine de l’économie de notre pays », assure-t-il.

 

Le sénateur socialiste Bernard Jomier affiche, pour sa part, un avis plus nuancé. « Il est évidemment nécessaire d’augmenter le nombre de lieux où les gens peuvent se faire vacciner. Que les médecins, les infirmières et les pharmaciens vaccinent, je l’approuve », assure-t-il. Il revient cependant sur la disponibilité des doses vaccinales, et pointe du doigt une mauvaise gestion de la part du gouvernement. « La note de la DGS, c’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Il est logique que ce soit d’abord les médecins généralistes, qui avaient calé leurs rendez-vous, qui puissent vacciner, et il ne faut pas instaurer cette logique de concurrence délétère. Je crains que le gouvernement ne soit allé trop vite, dans sa volonté de multiplier les opérations de communication, et que cela finisse par désorganiser la campagne de vaccination. »

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