Vaccins contre le covid-19 : « Il fallait éviter une concurrence européenne »

Vaccins contre le covid-19 : « Il fallait éviter une concurrence européenne »

Bien que la Commission européenne ait précommandé deux milliards de doses auprès de six laboratoires différents, il lui est reproché, notamment en Allemagne, d’avoir misé sur les mauvais vaccins, et d’avoir mal mené les négociations. Interrogée dans l’émission Ici l’Europe, la députée européenne française et socialiste Sylvie Guillaume défend l’idée d’une commande groupée, qui a permis aux Etats les moins fortunés de disposer d’un vaccin meilleur marché.
Public Sénat

Par Marie Brémeau

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« La Commission est habituée à prendre des coups », rappelle d’emblée la française Sylvie Guillaume. La députée européenne socialiste épargne peu d’ailleurs en général l’exécutif européen. Mais dans le cadre de la stratégie vaccinale, fait rare, elle prend clairement la défense de la Commission européenne et des choix effectués. « Les choix qui ont été faits sont les bons, c’est-à-dire d’éviter une forme de concurrence entre les Etats membres, éviter au maximum une pression sur les prix. »

Plus fort à 27

Même son de cloche, et là aussi c’est inhabituel, auprès du coprésident belge du groupe les Verts. Philippe Lamberts ne décolère pas. « Il n’y a aucune polémique en Belgique sur le rôle de l’Union européenne et il est évident que le pouvoir de négociation d’une Commission qui négocie pour le compte de 450 millions d’habitants est largement supérieur à celui de n’importe quel pays ou gouvernement, même le gouvernement allemand. » Les indiscrétions sorties il y a quelques semaines sur le prix des vaccins négociés par les Britanniques semblent lui donner raison. Le Royaume-Uni aurait ainsi payé presque deux fois plus cher ses vaccins.

« le pouvoir de négociation d’une Commission qui négocie pour le compte de 450 millions d’habitants est largement supérieur à celui de n’importe quel pays ou gouvernement, même le gouvernement allemand » Philippe Lamberts.

Pour l’heure, l’Agence européenne des médicaments a autorisé deux vaccins, ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna. Certains reprochent à la Commission européenne de s’être éparpillée en précommandant des doses à six laboratoires, quitte donc à faire de mauvais choix.

« Les Etats membres auraient dû rester en dehors des négociations »

Outre-Rhin, des voix s’élèvent et accusent Paris d’avoir voulu limiter les commandes auprès du laboratoire américano-allemand Pfizer BioNTech, pour ne pas trop désavantager le Français Sanofi, toujours pas sur le marché. Le député allemand Andreas Schwab (PPE) regrette à demi-mot l’intervention des Etats membres. « Au moment de la négociation, les Etats membres sont intervenus de nouveau pour dire n’achetez pas cela, c’est trop cher… Et à cause de cela, l’Europe n’a pas joué à 100 % son rôle, celui du choix commun. Les Etats membres auraient dû rester en dehors. »

« Sanofi a l’air complètement dans les choux dans ce dispositif et c’est quand même un accident industriel qui méritera d’être un peu élucidé » Sylvie Guillaume.

Faire la lumière sur le retard du vaccin français

Sylvie Guillaume dresse, elle, un constat désolant pour le laboratoire pharmaceutique français Sanofi dans cette course aux vaccins. « Il a l’air complètement dans les choux dans ce dispositif et c’est quand même un accident industriel qui méritera d’être un peu élucidé », conclut l’élue française.

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