Valls et Juppé : deux manières de réagir face à la défaite

Valls et Juppé : deux manières de réagir face à la défaite

La défaite en politique est un moment délicat pour le vaincu.En un temps très court, il doit faire face aux médias, quitter la scène sans insulter l’avenir et, dans le cas d’une primaire interne, mettre en place les éléments de langage lui permettant de projeter le vainqueur dans une dynamique favorable pour la suite de la campagne, en lui souhaitant notamment bonne chance.
Public Sénat

Par Guillaume Gosalbes

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Un discours en trois temps

Battu par Benoît Hamon lors du second tour de la primaire de la Belle Alliance, Manuel Valls s’est livré à cet exercice compliqué. L’ancien Premier ministre s’est tout d’abord montré souriant « tel un boxeur qui vient de livrer un combat et qui est soulagé que celui-ci se termine » comme le relève Pierre Prévôt-Leygonie, conseiller en communication. Puis il a disséminé dans son discours des messages subliminaux à destination du vainqueur, « comme un boxeur qui revient à la charge ».

Dans un troisième temps, Manuel Valls évoque sa famille. Un moyen de « s’humaniser, mais sans céder » pour Sébastien Bohler, journaliste spécialiste en neurosciences et rédacteur en chef de la revue Cerveau & Psycho. Pour lui, cette manière de rester maître de sa personne peut notamment s’expliquer par le fait que le candidat a eu une semaine pour se préparer à une éventuelle défaite.

Extrait - Déshabillons-les - La défaite en politique
01:10




Alain Juppé et la dénégation du regret

Tout le contraire d’Alain Juppé, qui, pour Sébastien Bohler, ne vit pas la défaite de la même façon. Une débâcle inattendue et synonyme de fin du rêve présidentiel, pourtant mise en perspective par le maire de Bordeaux quelques semaines après cet échec à la primaire de la droite et du centre lors de ses vœux adressés à la presse. Ce dernier affirme alors tirer les leçons de son échec et n’en garder « ni regrets ni amertume ».

Une réaction qui résulte d’une dénégation du regret pour Sophie Cadalen. D’après la psychanalyste, « avoir à ce point besoin de le préciser, si nettement, si assurément, laisse à penser que bien sûr il y a des regrets, de la rancœur, de la rage » chez Alain Juppé. Des sentiments que le candidat malheureux tente de ravaler en citant Les vertus de l’échec de Charles Pépin. Un livre qui amène le lecteur à tirer parti de ses échecs pour mieux rebondir et accéder à la réussite, comme le rappelle Christian Delporte, professeur d’histoire politique à l’université de Versailles- Saint-Quentin.

Manuel Valls déjà tourné vers 2022 ?

Accepter la défaite, prendre du recul pour mieux rebondir et se réinventer, tel est le credo de l’ancien Premier ministre comme l’explique Sébastien Bohler : «  Il a intégré le fait que la défaite est une chose dans sa vie, qu’elle fait partie de la vie politique et qu’elle ne le marque pas au fer rouge ».

Si cette campagne présidentielle est, pour Alain Juppé, la fin d’une ambition, c’est au contraire le début de quelque chose pour Manuel Valls. Pour Christian Delporte, le maire d’Evry « va prendre du recul, ce qui est la meilleure façon de rebondir et de revenir ».

Dans la même thématique

Au sein de la droite sénatoriale, de plus en plus de sénateurs tentés par le parti Horizons
8min

Politique

Au sein de la droite sénatoriale, de plus en plus de sénateurs tentés par le parti Horizons

Le président de la commission de l’aménagement du territoire, Jean-François Longeot, rejoint Horizons, tout en restant dans son groupe de l’Union centriste. Pour les membres du parti d’Edouard Philippe, il ne fait aucun doute que d’autres l’imiteront après les européennes. Des membres du groupe LR confirment que certains collègues « se posent des questions ».

Le

Valls et Juppé : deux manières de réagir face à la défaite
6min

Politique

Européennes 2024 : quelles sont les principales mesures du programme de Valérie Hayer ?

Valérie Hayer présentait, ce lundi, 48 propositions de son programme pour que « l’Europe ne meure pas ». Parmi les mesures mises en évidence, un « Plan Europe 2030 », destiné à compléter le Pacte vert, un investissement 100 milliards pour le réarmement de l’UE, l’inscription du droit à l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux ou encore une hausse des moyens de Frontex.

Le