"Je veux qu'ils rendent gorge" : relativement discret ces derniers mois, Manuel Valls, qui n'a pas renoncé à "gouverner", se démultiplie...
Valls pilonne sur ses thèmes de prédilection, au risque de l’outrance et de l’isolement
"Je veux qu'ils rendent gorge" : relativement discret ces derniers mois, Manuel Valls, qui n'a pas renoncé à "gouverner", se démultiplie...
Par Stéphanie LEROUGE
Temps de lecture :
4 min
Publié le
"Je veux qu'ils rendent gorge" : relativement discret ces derniers mois, Manuel Valls, qui n'a pas renoncé à "gouverner", se démultiplie désormais dans les médias pour dénoncer "l'égarement d'une certaine gauche", au risque de l'outrance et de l'isolement.
Invité de RMC mercredi, l'ancien Premier ministre n'a pas fait de quartier: prenant le parti de Charlie Hebdo dans la bataille qui l'oppose au fondateur de Mediapart Edwy Plenel, M. Valls a accusé ce dernier de "complicité intellectuelle" avec le terrorisme, et d'avoir lancé un "appel au meurtre" contre lui et Charlie.
Dénonçant "l'égarement" d'une certaine gauche, dont Mediapart est selon lui l'incarnation, M. Valls s'est enflammé: "Je veux qu'ils reculent, je veux qu'ils rendent gorge, je veux qu'ils soient écartés du débat public".
L'ancien Premier ministre Manuel Valls, lors d'une cérémonie de commémoration des victimes des attentats du 13 novembre 2015, à Paris, le 13 novembre 2017
POOL/AFP/Archives
Ces dernières semaines, le député apparenté LREM s'en était aussi pris à la députée LFI Danièle Obono, accusée de propager des "opinions violemment anti-républicaines", ou au directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface, à propos duquel il a saisi les ministères des Affaires étrangères et des Armées, qui financent l'Institut.
Si certains responsables politiques ont approuvé les propos de M. Valls mercredi, tels le député UDI Philippe Vigier ou l'ancienne secrétaire d'Etat Juliette Méadel, d'autres se montrent sévères: le secrétaire national d'EELV David Cormand a ainsi dénoncé un spectacle "pathétique", accusant M. Valls de "surenchéri(r) dans la diatribe pyromane (...) pour son bénéfice égotique".
Interrogé par la presse à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner est resté prudemment à l'écart de la controverse, affirmant que "l'Elysée ne se mêle pas d'une polémique entre un député, fût-il Manuel Valls avec toutes ses qualités, et un journal".
- "+Gouverner c'est exceptionnel !+" -
Au sein de la majorité, nombreux sont ceux qui jugent les termes de M. Valls "excessifs", même lorsqu'ils se reconnaissent dans le fond de ses propos. "Valls a été trop agressif", estime un haut responsable parlementaire, tout en considérant que l'ex-Premier ministre a "raison" de pointer "un vrai problème de relativisme culturel à gauche".
Président du groupe LREM au Sénat, François Patriat s'est montré plus circonspect. "Je m'abstiendrai de commenter les propos de Manuel Valls qui sont toujours très clivants", a-t-il lâché devant la presse parlementaire, soulignant de "vraies divergences" sur la laïcité entre Emmanuel Macron et Manuel Valls.
"On l'applaudit dans l'hémicycle pour sa lutte contre l'antisémitisme mais là on ne l'applaudit plus !", affirme une autre source parlementaire. Il y a huit jours, M. Valls avait été ovationné par un grande partie des députés, après que le Premier ministre eut rendu hommage à son action dans le domaine.
Y a-t-il une visée politique dans cette offensive de M. Valls ? Pour un de ses anciens amis, Manuel Valls profite d'un certain vide laissé par l'exécutif sur les thèmes régaliens, et d'une relative "absence" du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. "Manuel Valls pense qu'il a toujours ses chances d'être ministre d'Emmanuel Macron", analyse cette source.
De fait, dans Le Monde, jeudi, M. Valls n'a pas caché son envie de revenir aux affaires un jour. "Si vous me demandez +avez-vous envie de retrouver ça+ ? Oui, bien sûr ! Gouverner c'est exceptionnel !", a-t-il lancé.
Mais beaucoup doutent qu'Emmanuel Macron fasse ce cadeau à celui qui a longtemps été son rival. "Si Manuel Valls a un ministère, ce sera dans un seconde phase. Il est dans sa traversée du désert", note un ancien compagnon de route.
Un haut responsable de la majorité ne cache pas une certaine perplexité devant la virulence de M. Valls. "La dérive hyper-laïciste et anti-islam c'est un enfermement (...) Son expression est plus à droite que celle de Laurent Wauquiez (...) Je n'arrive pas à savoir où il veut aller", commente cette source.
"Il y a une planète Valls (...) Il intervient dans un registre qui est le sien. Il garde le temple. (...) Cela l'identifie, mais cela l'isole aussi", observe un de ses anciens amis.
Après les annonces de François Bayrou, la gauche sénatoriale dénonce un budget « profondément inégalitaire », qui fait payer à tous les « largesses fiscales » du gouvernement à l’égard des grandes fortunes ces dernières années. Alors que le spectre de la censure plane sur le gouvernement Bayrou, les socialistes semblent miser sur la contribution de solidarité mais préviennent : si le dispositif n’est pas à la hauteur, « ça ne sera pas possible. »
Après le plan d’économies de près de 44 milliards d’euros annoncé par le premier ministre, le socle commun est à peu près satisfait au Sénat, d’autant que les propositions de la Haute assemblée ont été en partie reprises. Mais sur la question des collectivités, ça grince chez les LR.
C’est une signature « historique ». Un an après les violences insurrectionnelles en Nouvelle-Calédonie qui ont fait 14 morts, un accord a été trouvé entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Principale mesure : la création d’un Etat calédonien dans la Constitution française assortie d’une nationalité calédonienne. Le sénateur non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel pointe un texte qui va « améliorer la qualité de vie des citoyens ».
C'était un moment attendu. Le Premier ministre a présenté à partir de 16 heures ses grandes orientations budgétaires. Pour tenir la trajectoire de réduction de déficit, le gouvernement prévoit finalement 43,8 milliards d’euros d’effort budgétaire. Pour ce faire, le premier ministre propose notamment une année blanche, la suppression de 2 jours fériés. Retrouvez ici l'ensemble des annonces de François Bayrou.
Le
Le direct
Denis Podalydès et Bertrand Belin, raconter ses familles et ses déterminismes
Denis Podalydès et Bertrand Belin, raconter ses familles et ses déterminismes