Valls s’invite dans la polémique sur le burkini, invoquant « les valeurs de la République »

Valls s’invite dans la polémique sur le burkini, invoquant « les valeurs de la République »

Identifiant Scald invalide. En apportant son soutien aux maires -majoritairement de droite- qui ont interdit le port du burkini sur les plages, Manuel Valls se veut fidèle à son image de défenseur des « valeurs de la République », au risque de susciter l’hostilité d’une partie de la gauche. « Je comprends les maires qui, dans ce moment […]
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Identifiant Scald invalide.

En apportant son soutien aux maires -majoritairement de droite- qui ont interdit le port du burkini sur les plages, Manuel Valls se veut fidèle à son image de défenseur des "valeurs de la République", au risque de susciter l'hostilité d'une partie de la gauche.

"Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public", a affirmé le Premier ministre dans un entretien mercredi à La Provence. "Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique."

Derrière le burkini, tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes, il y a, selon Manuel Valls, "l’idée que par nature les femmes seraient impudiques, impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes". "Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre", martèle-t-il.

Identifiant Scald invalide.

"Mais il n'a rien d'autre à faire, le Premier ministre de notre pays?" s'est insurgé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, pour qui Manuel Valls, "en suivant les pas d'une droite très radicalisée qui court après le Front National, joue un jeu très dangereux".

"D'une certaine manière, il fait le jeu des terroristes, puisque c'est très précisément ce que veulent au final les terroristes, la guerre de religion, les tensions permanentes, le basculement vers la guerre civile", a-t-il accusé.

Interrogé par l'AFP, le député PS "réformateur" Pascal Terrasse s'est pour sa part dit "surpris de voir à quel point le Premier ministre soutient les maires, sans que le Conseil d'Etat ou même la loi soient venus dire si cette décision était conforme à notre Constitution".

"Sa parole n'engage que lui. Je ne suis pas certain qu'elle puisse engager le Parti socialiste", a-t-il estimé. Jugeant que le "Premier ministre seul ne peut pas donner le +la+ de la politique laïque de la France", il a appelé à un débat "sans hystérisation".

M. Terrasse a aussi reconnu qu'il y a deux conceptions de la laïcité au sein du PS, "une conception libérale et une conception ultra-restrictive".

-Que le gouvernement engage l'interdiction-

A droite, le député LR Thierry Solère s'est "réjoui" que Manuel Valls comprenne la position des maires qui ont pris des arrêtés d'interdiction du burkini sur la plage, mais a aussi appelé le gouvernement à agir.

"Que la justice fasse respecter l’interdiction de la burqa et que demain le gouvernement engage l’interdiction de ces habits, et surtout qu’il la fasse respecter", a-t-il lancé sur Europe 1.

Identifiant Scald invalide.

Sur Twitter, Eric Ciotti a salué "une position courageuse", mais souligné que "les paroles ne peuvent suffire pour combattre le communautarisme".

Le Premier ministre n'entend cependant pas légiférer: "Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière: la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution."

"Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public", a dit celui qui, par ailleurs, s'était dit, au printemps, favorable à une interdiction du voile à l'université.

Selon lui, "les autorités musulmanes doivent aussi condamner le voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions d’une confrontation".

Manuel Valls a en outre apporté son soutien à Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France et qui a invité lundi les musulmans à la "discrétion".

Plusieurs villes côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire le burkini: Cannes, Mandelieu-La Napoule, Villeneuve-Loubet, Cap-d'Ail, dans les Alpes-Maritimes, Le Touquet, dans le Pas-de Calais, administrées par des maires de droite. A Sisco, en Haute-Corse, le maire PS a fait de même, et un autre maire socialiste, à Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, a annoncé vouloir suivre le mouvement.

Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a annoncé qu'il attaquerait en justice tous les arrêtés municipaux interdisant le port du burkini.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Valls s’invite dans la polémique sur le burkini, invoquant « les valeurs de la République »
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le