Lundi 11 septembre, les Catalans se sont réunis en masse pour la « Diada », la fête nationale de la Catalogne. L’occasion de marquer le coup, à quelques jours du référendum unilatéral d’autodétermination du 1er octobre, en faveur de l’indépendance de la région et ce alors que Madrid y est opposé : « Le gouvernement central [le] refuse au nom de la constitution et au nom de la légalité » explique Christophe Barret, historien spécialiste de l’Espagne. « Donc il y a deux légitimités qui s’affrontent : une légitimité historique, disent les uns : celle de la Catalogne et de ses droits historiques. Et celle de l’Espagne démocratique d’aujourd’hui, que la France reconnaît ».
« Ce que reproche les Catalans à Madrid c’est un petit peu d’être mal aimés, d’être (…) des citoyens de seconde zone. Avec une politique qui se décide à Madrid et pas trop chez eux » ajoute l’historien.
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy a déclaré partout qu’il empêchera ce référendum coûte que coûte : pour cela, « il dispose de plusieurs mesures » poursuit Christophe Barret. « Il y a des mesures qui consistent à mobiliser la justice (…) et surtout [des mesures] judiciaires. Il a « l’arme atomique » qui est la suspension de l’autonomie de la Catalogne ».
Toutefois, selon Christophe Barret, le « oui » au référendum ne serait pas prêt d’être remporté « selon l’état actuel des sondages » même si « le mouvement a pris de l’ampleur ».
Quant à un accord possible entre les indépendantistes catalans les plus durs et Madrid, Christophe Barret est catégorique : « Aucun accord. Parce que les principaux responsables, le président du gouvernement catalan, la présidente du parlement catalan, peuvent se retrouver en prison en lendemain du 1er octobre, s’ils organisent ce référendum. Donc il va peut être falloir attendre l’émergence de nouveaux acteurs, comme la maire de Barcelone, Ada Colau, issue du mouvement des Indignés (…) qui peut essayer de reprendre le dessus en essayant d’avoir une position un peu panachée, qui dit, il faut un référendum, mais un référendum dont on respecte les conséquences (…) y compris l’indépendance s’il le faut. Mais qui soit reconnu par l’Etat ».
Si la Catalogne parvenait un jour à obtenir son indépendance, il y aurait possiblement « des conséquences chez nous » selon l’historien : « Il y a un sentiment irrédentiste. C'est-à-dire que quand vous regardez certaines cartes publiées par des indépendantistes catalans, vous voyez le Languedoc-Roussillon qui est inclus dans cette Catalogne. Il y a aussi d’autres régions espagnoles : les Baléares, le pays de Valence… des frontières entre la France et l’Espagne qui ont été fixées en 1659, pourraient être remises en cause. Pas demain, mais sait-on ? »
Catalogne : interview OVPL en intégral de Christophe Barret, historien
Interview de Christophe Barret en intégral