Violences à Paris : « Le problème c’est la relation du gouvernement à la maîtrise et au maintien de l’ordre public » estime Arnaud Benedetti

Violences à Paris : « Le problème c’est la relation du gouvernement à la maîtrise et au maintien de l’ordre public » estime Arnaud Benedetti

Les invités de l’émission « On va plus loin » réagissent aux dernières mesures annoncées par le Premier ministre, pour lutter contre les violences durant les manifestations des « gilets jaunes ».
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Alors qu’une partie des Champs-Élysées a été saccagée lors des dernières manifestations des « gilets jaunes » samedi dernier, le gouvernement a réagi, après avoir été très critiqué. Edouard Philippe, le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures : interdiction de manifester dans certains quartiers, le préfet de police de Paris Michel Delpuech remplacé, les contraventions alourdies etc.

« On peut saluer le discours de fermeté » déclare Stanislas Gaudon, secrétaire national du syndicat Alliance police nationale, qui se dit, en revanche, « dubitatif » « sur les arrêtés d’interdiction » : « Nous avions demandé (…) à ce que cette contravention soit transformée en un délit, afin que nous ayons des moyens de coercition, notamment à l’encontre des individus qui vont à l’encontre des arrêtés d’interdiction ou qui participent à des rassemblements de manifestations non autorisées. »

Nicolas Tenzer, politologue et président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique (Cerap) trouve que « la réaction du Premier ministre était quand même assez équilibrée » : « Il y a eu des dysfonctionnements graves qu’il a parfaitement reconnus (…) Tout ceci va dans le bon sens. C’est ce qu’il fallait faire (…) C’est l’expérience qui va démontrer si c’est vraiment efficace ou non. »

« Le gouvernement est sur une ligne de crête. »

« Il y a assez peu de marges de manœuvres pour le gouvernement » assure de son côté Floran Vadillo, président du think tank L’Hétairie :  « Donc c’est d’autant plus étonnant que la communication se centre sur le Premier ministre qui annonce des mesures techniciennes, dont on aurait pu imaginer qu’elles étaient du ressort d’un préfet (…) La réponse est une réponse qui n’est pas maîtrisée ni politiquement, ni administrativement, ni même tactiquement (…) C’est quand même surprenant d’exposer autant le Premier ministre, de laisser dans l’ombre un ministre de l’Intérieur extrêmement affaibli, après cette semaine particulière. Je trouve que l’épisode est quand même mal géré. Mais je n’incrimine pas véritablement le pouvoir politique pour ce qu’il s’est passé sur les Champs-Élysées. »

« Le problème c’est la relation du gouvernement à la maîtrise et au maintien de l’ordre public » estime Arnaud Benedetti, professeur associé en Histoire de la Communication à Paris Sorbonne. « On voit bien que la question du maintien de l’ordre public a été un enjeu extrêmement fort dans sa gestion de la crise des « gilets jaunes » depuis finalement trois mois. C’est-à-dire considérer que les désordres que pouvaient créer les manifestations des « gilets jaunes » étaient un élément qui allait d’une certaine manière permettre aussi de reconquérir une partie de l’opinion publique (…) Le problème c’est qu’aujourd’hui, ça se retourne un peu contre [Emmanuel Macron]. La dernière mobilisation de samedi fait que les gens qui sont extrêmement fermes sur la question de l’ordre public peuvent considérer que finalement l’état a été assez impuissant pour prendre les mesures anticipatrices, coercitives qui évitent les débordements auxquels on a assistés sur les Champs-Élysées et ailleurs. Le gouvernement est sur une ligne de crête. »  

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, seront auditionnés aujourd’hui au Sénat, à partir de 16h30. Les auditions seront diffusées en direct sur Public Sénat.

 

Vous pouvez voir et revoir ce débat, en intégralité :

 

OVPL. Débat sur les violences et la réponse du gouvernement (en intégralité)
54:46

Dans la même thématique

Violences à Paris : « Le problème c’est la relation du gouvernement à la maîtrise et au maintien de l’ordre public » estime Arnaud Benedetti
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Violences à Paris : « Le problème c’est la relation du gouvernement à la maîtrise et au maintien de l’ordre public » estime Arnaud Benedetti
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le