Violences policières: nouvelle enquête judiciaire après les appels de l’exécutif à l’exemplarité

Violences policières: nouvelle enquête judiciaire après les appels de l’exécutif à l’exemplarité

Une nouvelle enquête judiciaire a été ouverte dimanche après la diffusion de vidéos montrant un policier frapper un manifestant,...
Public Sénat

Par Sylvie MALIGORNE

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Une nouvelle enquête judiciaire a été ouverte dimanche après la diffusion de vidéos montrant un policier frapper un manifestant, déjà au sol, malgré les appels de l'exécutif à "l'exemplarité" des forces de l'ordre il y a quelques jours.

Toutefois signe que le message du président Emmanuel Macron appelant mardi à "aucune complaisance" devant des "comportements pas acceptables", a été entendu, il a fallu moins de 24 heures pour qu'une enquête administrative soit ouverte.

Concomitamment dimanche, le parquet de Paris et la préfecture de police ont annoncé, le premier une enquête pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique" confiée à l'IGPN, la police des polices, et la seconde une enquête administrative diligentée par le service d'évaluation et de contrôle.

La diffusion des vidéos d'un manifestant au visage ensanglanté, au sol, couché sur le dos, frappé à coups de poing par un policier a vite ému au-delà des réseaux sociaux. La scène, qui s'est déroulée samedi à Paris en marge de la manifestation des "gilets jaunes", est brève mais violente.

Sur un autre angle de la scène, filmée par l'AFPTV autour de 14H30, l'homme, couché sur le ventre et déjà menotté, crie de douleur quand le policier lui appuie son genou sur le bras.

Le syndicat de police Alliance a appelé à ne "pas faire de procès d'intention" et à "appliquer les règles de droit". Stanislas Gaudon s'est indigné auprès de l'AFP d'une vidéo "sortie de son contexte", en assurant que le manifestant faisait partie "d'un attroupement violent avec arme".

Il précise que dans la 1ère vidéo (celle où le manifestant est sur le dos et reçoit les coups de poings) l'homme n'est pas menotté contrairement à celle réalisée par AFPTV.

La mort le 3 janvier à Paris d'un livreur lors d'un contrôle routier houleux, après une immobilisation au sol, puis l'image d'un croche-pied d'un policier à une jeune femme à Toulouse, et celle d'un tir de LBD à bout portant à Paris avaient relancé les critiques sur les violences policières qui émaillent depuis plus d'un an les manifestations de "gilets jaunes".

- "Cycle violences-réactions" -

Face à cette nouvelle vague de critiques, l'exécutif, qui bannit de son vocabulaire le terme "violences policières", a décidé de s'attaquer au sujet et de réagir plus vite.

Le 13 janvier, le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, avait rappelé les instructions du préfet Maurice Grimaud dans sa lettre aux policiers fin mai 1968. Lettre restée célèbre par la phrase: "frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même". Cette lettre, a-t-il dit, n'a jamais été aussi actuelle".

L'exercice est néanmoins compliqué: comment sanctionner immédiatement tout dérapage, tout en ne stigmatisant pas des forces de l'ordre éreintées par des mois de maintien de l'ordre?

"Il est normal de sanctionner vite, mais il faut aussi préserver la présomption d'innocence", a observé auprès de l'AFP un responsable policier. "Le temps des enquêtes n'est pas le temps médiatique" et je veux croire qu'on ne cède pas à la pression", a prévenu Stanislas Gaudon du syndicat Alliance.

La porte-parle du gouvernement, Sybeth Ndiaye, a rappelé qu'il y avait "beaucoup de saisines, beaucoup d'enquêtes qui sont en cours actuellement, de transmissions au parquet qui ont été réalisées".

"Je refuse, a-t-elle ajouté, qu'on jette l'opprobre sur nos policiers, parce que ce sont des hommes et des femmes qui font un travail de très grande qualité."

"Les Français savent bien que les policiers sont harcelés en permanence, que des petits groupes, les fameux black blocs, les poussent à bout et après on a les dérapages qui sont évidemment inacceptables", a estimé le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

Pour Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI), le responsable est une nouvelle fois le préfet de police de Paris Didier Lallement, dont il demande la démission. Mme Le Pen a estimé que les choix faits avaient "poussé à l'aggravation des tensions et des violences".

A Paris, au moins trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes pour des violences policières le 9 janvier lors de la manifestation contre la réforme des retraites, dont le tir de LBD à bout portant.

Au 31 décembre, 217 enquêtes avaient été confiées à l'IGPN par le parquet de Paris. 19 ont entraîné l'ouverture d'une information judiciaire, deux ont débouché sur des procès en correctionnelle et 68 ont fait l'objet d'un classement sans suite. Les autres sont en cours (à l'IGPN) ou en cours d'analyse (au parquet).

En un an de mouvement des "gilets jaunes", 24 manifestants auraient été éborgnés à cause d'un tir de LBD. Selon l'Intérieur, 1.963 membres des forces de l'ordre ont été blessées.

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