Violences sexuelles dans le sport : une proposition de loi pour renforcer la protection des mineurs
Lutte contre la récidive, contrôles plus poussés, sensibilisation des élèves : le sénateur LR Michel Savin dépose un texte pour mettre un terme aux violences sexuelles sur les mineurs dans le milieu sportif.

Violences sexuelles dans le sport : une proposition de loi pour renforcer la protection des mineurs

Lutte contre la récidive, contrôles plus poussés, sensibilisation des élèves : le sénateur LR Michel Savin dépose un texte pour mettre un terme aux violences sexuelles sur les mineurs dans le milieu sportif.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après la libération de la parole, la réponse du Parlement. Depuis la fin 2019, les témoignages de violences sexuelles dans le milieu sportif, de la part de victimes mineures au moment des faits, se sont multipliés. Celui de l’ancienne championne de patinage artistique Sarah Abitbol est devenu un cas emblématique. Le sénateur isérois Michel Savin (LR) vient de déposer une proposition de loi de cinq articles. « Il est urgent de prendre des mesures fortes et ambitieuses pour protéger les mineurs lors de leur pratique sportive », explique-t-il. Alors qu’une mission interministérielle a été lancée, « on ne peut pas rester les bras ballants », selon ce président du groupe d’études Pratiques sportives.

Rappelons que les clubs comptent huit millions de licenciés de moins de 20 ans. Selon une enquête du ministère des Sports réalisée en 2008 – à une époque où la parole était moins libérée – 11,2 % des athlètes interrogés affirmaient avoir été victimes de violences sexuelles dans leur carrière.

« Les solutions sont connues »

Les constats sont là, et surtout, les solutions « sont connues », insiste Michel Savin, qui veut envoyer un « signal fort » aux victimes et au monde sportif. Le Sénat ne part pas de zéro. En mai 2019, après six mois de travaux et d’auditions, une mission d’information rendait ses conclusions (relire notre article). Près d’une quarantaine de recommandations avaient été formulées pour empêcher les violences sexuelles sur les mineurs, qu’il s’agisse des écoles, de colonies de vacance, de lieux de culte ou encore de centres sportifs. Le rapport a donc servi en partie de base au texte de Michel Savin.

Parmi les renforcements de la législation prévus, l’article 1 propose de systématiser le contrôle des antécédents judiciaires des bénévoles qui entrent en contact avec des sportifs mineurs dans le cadre de leurs fonctions. Actuellement, cette vérification n’est obligatoire que pour les éducateurs qui sont rémunérés. Il s’agirait donc de contrôler pour ces personnes le casier judiciaire B2 et le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV). Ce dispositif avait par exemple été expérimenté dans la ligue régionale de football du Centre-Val de Loire. Le gouvernement a déjà annoncé que ce contrôle d’honorabilité serait généralisé à l’ensemble des bénévoles, d’abord dans le football.

Déjà une proposition de loi en 2015 qui était restée lettre morte

La proposition de loi aborde aussi le régime des peines complémentaires. Toute personne condamnée pour des faits d’infractions sexuelles sera définitivement interdite d’exercer tout métier au contact de la jeunesse. Cette disposition était déjà prévue par une proposition de loi de la sénatrice Catherine Troendlé, adoptée le 20 octobre 2015. Mais le texte en question n’a jamais été examiné par l’Assemblée nationale.

Le fichier FIJAISV, si la proposition de loi Savin était adoptée au Parlement, serait également étendu à tous les délits sexuels punis par loi. Et pas seulement ceux dont la peine est supérieure à cinq années d’emprisonnement. Les exemples de tentative d’atteinte sexuelle sur mineur, de harcèlement sexuel ou d’exhibition sexuelle seront inscrits dans le fichier.

Quant au volet préventif, la proposition de loi prévoit de rendre obligatoire la mise en place de séances de prévention dans le cadre scolaire, et d’inscrire dans la loi la lutte contre les violences sexuelles dans la liste des missions de l’Agence nationale du sport.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Violences sexuelles dans le sport : une proposition de loi pour renforcer la protection des mineurs
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le