William Marx : « La peste est un ingrédient précieux pour l’écrivain »
Pour William Marx, le confinement imposé par l'épidémie pourrait être fécond. Invité de Guillaume Erner dans Livres & Vous, le 11 avril, le professeur de littérature au Collège de France nous rappelle la surprenante présence des épidémies dans la littérature mondiale.

William Marx : « La peste est un ingrédient précieux pour l’écrivain »

Pour William Marx, le confinement imposé par l'épidémie pourrait être fécond. Invité de Guillaume Erner dans Livres & Vous, le 11 avril, le professeur de littérature au Collège de France nous rappelle la surprenante présence des épidémies dans la littérature mondiale.
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Par Pierre-Henri Gergonne

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Curieusement, ce n'est pas à un livre auquel songe William Marx pour décrire l'épidémie et le confinement qui en découle. Mais à une image. Une gravure, celle d'Albrecht Dürer, ce géant de l'art allemand qui en 1514 dessinait Saint Jérome reclus dans sa cellule. Saint Jérome écrivant penché sur son pupitre.

Puis d'autres noms viennent à l'esprit du professeur de littérature comparée au Collège de France. « Montaigne dans sa bibliothèque, Marcel Proust, sans doute l'auteur le plus confiné, mais sans doute aussi le plus grand. » « Le confinement, poursuit-il, change le rythme de travail et c'est un privilège même si la maladie en est à l'origine. »

Pour William Marx, les épidémies n'ont cessé d'enrichir la littérature mondiale. Chez les Grecs d'abord, Homère et L'Iliade qui commence avec une épidémie pendant la guerre de Troie. Une épidémie extrêmement virulente et les dieux sont montrés du doigt.

L'épidémie a, là, une utilité littéraire

« L'histoire des épidémies dans la littérature nous décrit aussi des représentations du monde », souligne William Marx, qui saute les siècles en abordant Camus, l'auteur de La Peste. « Un livre qui met à nu les fonctionnements humains. Il y a les héros et les salauds, une véritable typologie de l'humain. »

Albert Camus, mais aussi La Fontaine : « Dans sa fable "Les animaux malades de la peste", la peste est un révélateur, un ingrédient précieux pour l'écrivain. L'épidémie a, là, une utilité littéraire. »

« La vraie morale se moque de la morale. »

La littérature a su aussi ouvrir des champs sur la perception de la médecine, qui, au-delà des années, demeurent pertinents. Faisant allusion aux polémiques nées des travaux du Pr Didier Raoult à Marseille, William Marx cite volontiers Molière : « Vaut-il mieux mourir selon les règles ? » rappelle-t-il avant de convoquer Pascal : « La vraie morale se moque de la morale. » Presque un hymne à la liberté dans la bouche de l'auteur-professeur.

Et l'amoureux des livres de nous inciter… à lire en ces temps de confinement comme Montaigne jadis. Pour l'heure, c'est la lecture du colossal Don Quichotte qui occupe William Marx. Tiens Cervantès, une bonne idée !

Voir l'intégralité de l'émission Livres & Vous, avec William Marx, Jean-Christophe Rufin et Geneviève Brisac, présentée par Guillaumer Erner, diffusée le 11 avril 2020

 

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