[Info Public Sénat] Xavier Bertrand ne reprendra pas sa carte LR pour le congrès

[Info Public Sénat] Xavier Bertrand ne reprendra pas sa carte LR pour le congrès

Xavier Bertrand a annoncé devant les sénateurs LR qu’il ne reprendra pas sa carte d’adhérent en vue du congrès, auquel il sera finalement candidat. « Je n’ai pas quitté ma famille politique, je n’ai jamais rejoint un autre parti, ni créé un autre parti. Et moi, je n’ai pas trahi non plus », explique le président de région, qui s’engage à soutenir le vainqueur, même s’il perd.
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Should I stay or should I go. On ne sait pas si Xavier Bertrand a écouté The Clash dans sa playlist ces derniers jours. Toujours est-il que le président des Hauts-de-France a décidé. Il participera au congrès LR et se soumettra au vote des adhérents, qui désigneront le candidat de la droite, les 2 et 4 décembre. « Je participerai au congrès car Les Républicains ont écarté la primaire », a annoncé le candidat lundi soir aux 20 heures de TF1, « c’est la seule façon d’avoir le plus vite possible un seul candidat de la droite et du centre ».

Il reste un peu plus d’un mois et demi à Xavier Bertrand pour faire campagne. Et dès ce mardi matin, l’ancien ministre est venu devant les sénateurs LR pour défendre sa démarche. Le président du groupe, Bruno Retailleau, a invité tous les candidats à venir répondre aux questions des sénateurs. « C’est important que chaque candidat puisse être en mesure de faire la lumière sur son projet », explique Bruno Retailleau, qui se réjouit du choix de l’ancien ministre du Travail : « Ce n’est pas moi qui vais dire l’inverse. J’ai toujours demandé qu’on ait des primaires. Je les aurais préférées plus ouvertes mais peu importe. […] Cela veut dire qu’au 4 décembre, nous aurons un seul candidat pour notre famille politique », salue le sénateur de Vendée, qui a lui-même renoncé à participer à la primaire.

Xavier Bertrand soutiendra « évidemment » le gagnant ou la gagnante du congrès

Pour ce grand oral, le candidat a pris le temps de répondre à toutes les questions. Pendant cette heure et demie d’échanges, il a expliqué ses « trois grands chantiers », que sont le « rétablissement de l’autorité », « la société du travail » et « la République des territoires ». Mais il a aussi parlé de sujets plus politiques. « Quelqu’un m’a dit, si vous ne gagnez pas, est-ce que vous vous engagez à soutenir (le vainqueur) ? Evidemment », raconte à la sortie Xavier Bertrand, au micro de Public Sénat (voir l’interview de Quentin Calmet et Jonathan Dupriez). Il a alors été applaudi par les sénateurs, selon l’un des participants. Le président des Hauts-de-France a demandé à l’un de ses proches, le sénateur LR du Pas-de-Calais, « Jean-François Rapin, pour qui (il a) rempli le formulaire d’inscription, qu’il déposera tout à l’heure » devant le parti, de « lire ce formulaire », en guise de réponse. Xavier Bertrand ajoute : « Quand on participe à un congrès, on en accepte les règles, bien évidemment ».

Autre question posée par un sénateur : va-t-il reprendre sa carte au LR ? Réponse : « Non. J’ai fait un choix il y a quelques années. Je vais devant ma famille car j’ai fait confiance aux militants », explique l’ancien maire de Saint-Quentin. Il continue : « J’ai quitté mon parti, à l’époque je m’en suis expliqué. Je n’ai pas quitté ma famille politique, je n’ai jamais rejoint un autre parti, ni créé un autre parti. Et moi, je n’ai pas trahi non plus. Et ça, c’est aussi quelque chose de très important ».

Xavier Bertrand ne pourra pas voter pour lui-même, lors du congrès

Conséquence de ce choix de ne pas reprendre sa carte LR, Xavier Bertrand ne pourra pas voter pour lui-même, lors du congrès, réservé aux adhérents à jour de cotisation quinze jours avant le vote. Si Xavier Bertrand a besoin du soutien, comme du financement de LR, « il reste au-dessus des partis. C’est sa démarche », explique le sénateur LR de l’Oise Jérôme Bascher. « Il ne faut pas être l’homme d’un parti, ne serait-ce que pour parler à nos amis de l’UDI et du centre », estime le sénateur de l’Oise. « Cela se prépare, il y aura ensuite un congrès (de rassemblement) avec eux », ajoute ce soutien.

Contrairement à ce qu’auraient voulu certains, comme Gérard Larcher, le congrès reste réservé aux seuls militants LR. Logiquement, depuis fin septembre, le nombre de nouvelles cartes grimpe en flèche. Une course aux adhésions est en cours. « Il y a des centaines de cartes qui arrivent dans toutes les fédés », confirme un sénateur.

Revirement sur le congrès

Reste que Xavier Bertrand fait preuve d’une certaine capacité de souplesse. Il change en effet complètement de pied, en quelques jours. Il a d’abord fait savoir, lors d’un bureau politique, qu’il participerait à un congrès, si les militants retenaient ce mode de désignation. Ce qui fut chose faite. Mais rapidement, ses proches font comprendre qu’il ne viendra uniquement que s’il s’agit de l’introniser candidat… Une tentative de passage en force qui pouvait sonner comme un signe de fébrilité.

Le 30 septembre, il explique finalement qu’il ne participerait pas à un congrès « d’affrontement ». Tout le monde avait compris qu’il n’irait pas au congrès… avant qu’il n’annonce, hier, rejoindre le navire LR. Une croisière qui n’amuse ni les élus LR, ni les Français. Comment expliquer ce revirement ? « Hé ! Je fais cavalier seul, on me le reproche. Je joue le rassemblement, on me le reproche. Faut choisir. Et bien moi j’ai choisi. C’est le rassemblement », lance Xavier Bertrand, sans vraiment répondre (voir la vidéo ci-dessous). « Il y a un vote mais il n’y aura pas d’affrontement », ajoute Jean-François Rapin, quitte à jouer sur les mots.

« Geste de panache » ou échec de sa stratégie ?

Avant de décider, le candidat a consulté ses proches et ses soutiens ces derniers jours sur l’opportunité d’aller – ou pas – au congrès. Un certain nombre l’a encouragé à se lancer. « J’ai simplement donné mon avis, comme d’autres proches de Xavier Bertrand, des avis dont il a tenu compte et qui lui ont permis de prendre sa décision », raconte la sénatrice LR, Dominique Estrosi Sassone, l’une de ses porte-parole, qui ajoute que « l’ensemble des proches, des élus, ont porté pour une grande part ce message et Xavier Bertrand en était aussi intimement convaincu ». « Il a beaucoup consulté. Mais il est resté secret jusqu’au bout », précise un autre soutien.

« C’est un geste de panache », lance l’un des amis. Un autre pense que sa participation redonne des couleurs à un congrès LR qui n’intéresse pas beaucoup les Français. Reste que si le président des Hauts-de-France y va, c’est aussi, en quelque sorte, un aveu de semi-échec pour sa stratégie. Celui qui espérait plier le match par les sondages n’y est pas parvenu, même si les études le donnent le mieux placé à droite. Mais pas au point que tout le monde se range derrière lui, comme il en aurait rêvé, dans un congrès d’adoubement. S’il veut être le champion de la droite, Xavier Bertrand devra passer par la case congrès et se soumettre au vote des militants. Avec tous les risques que cela implique.

« Laurent Wauquiez va donner des consignes de vote pour faire chuter Bertrand »

Beaucoup pensent qu’il n’avait en réalité plus le choix. « C’était suicidaire pour lui et la droite s’il restait en dehors », estime la sénatrice LR du Val-de-Marne, Catherine Procaccia, qui soutient Valérie Pécresse. « C’est son plan B. Il n’a rien plié », constate un autre sénateur. Quelques minutes avant l’arrivée de Xavier Bertrand devant le groupe, le même raille le Picard avec le sourire :

Il va nous présenter son projet avec le talent qu’on lui connaît de vendeur d’assurance… avec un pied dans la porte !

Bien qu’il soit en campagne depuis déjà des mois, tout reste à faire ou presque pour Xavier Bertrand, qui doit maintenant convaincre les militants, avant les Français. « On est dans le brouillard », dit l’un. « C’est très ouvert », admet sous couvert d’anonymat un soutien, qui reconnaît que « le match n’était pas plié » par les sondages. « L’effet ciseau », exercé par Eric Zemmour, et un calendrier qui semble interminable, ont fini de décider Xavier Bertrand. Les autres candidats, à commencer par Valérie Pécresse et Michel Barnier, dont la cote monte en interne, vont lui rendre la tâche difficile. D’autant que « Laurent Wauquiez va donner des consignes de vote pour faire chuter Bertrand », pense un sénateur qui connaît bien le parti. Il faut se rappeler que Xavier Bertrand avait quitté LR en décembre 2017, 24 heures après la victoire de Laurent Wauquiez à la tête du parti… Il reprochait aussi à sa formation de ne pas avoir voulu faire barrage à Marine Le Pen au second tour, en 2017.

En cas d’éventuel second tour pour le congrès, certains anticipent déjà le coup d’après. « Les alliances se préparent dès maintenant. Il faut que Pécresse et Barnier se parlent. Et Ciotti ira voir Bertrand », projette un membre de LR. On n’en est pas encore là. « Il ne faut pas que le congrès se transforme en guerre de tranchée », espère le sénateur Olivier Paccaud, l’un des porte-parole du candidat. Il assure « qu’il n’y aura aucune attaque venimeuse de la part de Xavier Bertrand ». Il faudra voir si les mauvaises habitudes ne reviennent pas avec la compétition interne. Une sénatrice, qui a choisi un autre, ajoute de son côté : « Il faut se rassembler et je ne lui ferai pas grief d’avoir tardé à le faire… On ne va pas commencer à se battre tout de suite ».

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