« Cette annonce est surréaliste », lance le sénateur communiste Pierre Ouzoulias au micro de Public Sénat. « La France donne des leçons à la planète entière, à l’Europe, mais dans le même temps, c’est un demi-milliard de crédit pour l’enseignement supérieur et la recherche qui est supprimé ».
« On enlève 500 millions d’euros pour les chercheurs français dans le budget »
Lors de la conférence « Choose Europe for Science », qui s’est tenue à la Sorbonne, lundi dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé que l’Etat allait investir 100 millions d’euros pour attirer les chercheurs étrangers. Pour Pierre Ouzoulias, également chercheur au CNRS et membre de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, cette annonce est « incohérente ». « On met 100 millions pour les chercheurs étrangers, mais à côté on enlève 500 millions pour les chercheurs français dans le budget », souligne le sénateur. « De plus, pour ses 100 millions d’euros, il s’agit d’un cofinancement avec le secteur de la recherche à hauteur de 50 %. Or, comme tout le monde le sait, les universités n’ont pas de budget, nous n’y arriverons pas ». Pierre Ouzoulias regrette une « opération de communication ». « C’est triste, car l’investissement à faire est essentiel ».
« Un discours très dangereux »
Emmanuel Macron et la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, souhaitent profiter de la situation de la recherche outre-Atlantique pour attirer de nouveaux chercheurs sur le continent. « Nous ne croyons pas à un modèle de décisions qui soit basé sur le diktat de quelques-uns », a-t-il déclaré dans son discours.
Chaque jour d’avantage, l’administration Trump s’immisce dans les projets de recherche scientifiques ou dénonce les institutions de recherche. A l’image de la Hongrie, le pouvoir politique en place tend à museler la recherche. Pour Pierre Ouzoulias, il y a un risque que ce courant antiscience se développe en France. « J’entends régulièrement des politiques, une volonté de reprise en main de la science, que les chercheurs sont tous des militants », souligne le sénateur. « Ce discours est très dangereux ».
« Arrêter de faire des efforts »
De son côté, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste a salué l’annonce du président de la République. Selon lui, les efforts dans la recherche sont « considérables » ces dernières années avec un budget de 20 milliards d’euros par an. « Les efforts considérables ont fait que le budget de la recherche en France est passé de 2,22 % du PIB à 2,19 % », rétorque Pierre Ouzoulias. « Je conseille au ministre d’arrêter de faire des efforts, car à chaque fois la part de la recherche dans le PIB diminue ».