Adoption de prix planchers pour les agriculteurs : « Même quand les promesses sont faites, elles ne sont pas tenues par le gouvernement »

Ce 4 avril, les députés écologistes ont fait adopter à l’Assemblée l’introduction de prix planchers pour les denrées agricoles. Un texte auquel le gouvernement s’est opposé, malgré les annonces d’Emmanuel Macron, favorable à la mesure, lors de sa visite au Salon de l’agriculture.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Avec 89 voix venues de la gauche, les députés écologistes ont fait adopter en première lecture leur proposition de loi visant à « garantir un revenu digne aux agriculteurs », en fixant des prix planchers. Lors de sa visite au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron s’était dit favorable à cette mesure, dans le cadre de l’élaboration d’une nouvelle loi Egalim.

Dans l’hémicycle, le gouvernement s’est pourtant opposé au texte, suivi par les députés de la majorité. Une position que déplore Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste et invitée de l’émission Parlement Hebdo ce 5 avril : « Cela explique pourquoi il y a tant de déception, parce que même quand les promesses sont faites, elles ne sont pas tenues par le gouvernement. »

Pour la ministre Agnès Pannier-Runacher, qui a affirmé pendant les débats « partager pleinement la préoccupation » des élus de gauche, l’encadrement des prix tel que proposé par le texte des écologistes était « inopérant », l’État n’étant pas compétent pour « déterminer le prix pour un secteur économique ».

« Les prix montent pour les consommateurs, baissent pour les agriculteurs, et au milieu ce sont les profits de l’agro-industrie qui grossissent »

Un argument que réfute Cyrielle Chatelain. « La loi propose que les prix planchers soient adoptés dans les filières volontaires, notamment dans la filière bovine qui y est particulièrement favorable », indique la députée qui précise que ces prix seront élaborés dans le cadre de « conférences de filières », où échangeront tous les acteurs économiques du secteur.

Concrètement, les prix planchers proposés par les députés doivent permettre de rémunérer les agriculteurs à hauteur de deux fois le smic, minimum. Un revenu garanti qui ne pourra pas être tenu responsable d’une hausse des prix pour les consommateurs, juge la présidente du groupe écologiste. « Aujourd’hui, les prix montent pour les consommateurs, baissent pour les agriculteurs, et au milieu ce sont les profits de l’agro-industrie qui grossissent. La question, c’est la répartition de la richesse », dénonce Cyrielle Chatelain.

La proposition de loi devra encore trouver son chemin jusqu’au Sénat, où la majorité de droite semble opposée à un tel encadrement des prix. En septembre 2021, lors de l’examen par la chambre haute d’une proposition de loi visant à « protéger la rémunération des agriculteurs », le sénateur communiste Fabien Gay et l’ancien sénateur écologiste Joël Labbé avaient soutenu cette mesure dans des amendements, sans succès. La question des prix planchers divise aussi dans le monde agricole, s’ils sont demandés de longue date par la Confédération paysanne, la FNSEA, syndicat majoritaire, n’a pas clairement pris position en leur faveur.

Partager cet article

Dans la même thématique

Adoption de prix planchers pour les agriculteurs : « Même quand les promesses sont faites, elles ne sont pas tenues par le gouvernement »
6min

Parlementaire

Commission d’enquête du Sénat sur les agences : « Tous ceux qui annoncent des milliards d’euros d’économies mentent un peu aux Français »

Selon les conclusions de la commission d’enquête du Sénat sur les agences et opérateurs d’Etat, il ne sera pas possible de trouver des milliards d’euros d’économies en supprimant ces structures, sauf à stopper leurs politiques publiques. En poussant les mutualisations, près de 540 millions d’euros peuvent être espérés. Un constat qui démonte le récit fait par la ministre Amélie de Montchalin.

Le

Covid-19 Saint Denis hopital Delafontaine
5min

Parlementaire

Fin de vie : le Sénat se nourrit des expériences étrangères

Après avoir entendu les anciens députés Jean Leonetti et Alain Claeys, auteurs du texte de loi « Claeys – Leonetti » relatif aux droits du patient en fin de vie, les sénateurs de la commission des affaires sociales ont souhaité entendre certaines expériences étrangères où l’euthanasie est autorisée comme en Belgique, au Québec et aux Pays-Bas.

Le

Adoption de prix planchers pour les agriculteurs : « Même quand les promesses sont faites, elles ne sont pas tenues par le gouvernement »
5min

Parlementaire

Canicule : « Les gens ne meurent pas de la chaleur, mais de l’action climaticide du gouvernement », accuse la sénatrice Mélanie Vogel

Durant la séance de questions d’actualité au gouvernement, ce mercredi 2 juillet, l’élue écologiste a accusé le gouvernement de « mener une politique climaticide dictée par l’extrême droite », afin de se maintenir au pouvoir dans un contexte de forte fracturation politique. Alors que la France suffoque depuis plusieurs jours sous une vague de chaleur particulièrement précoce et intense, la ministre Agnès Pannier-Runacher a tenté de faire valoir les adaptations mises en place depuis la canicule de 2003.

Le