« L’affaire Bétharram est un miroir tendu à toute notre société », prévient la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier. « Elle est représentative du peu de cas qui est fait à l’enfance ». Comme l’ont rappelé les élus écologistes, la publication de leur plan d’urgence intervient à un « moment clé ». Ce mercredi, le Premier ministre François Bayrou doit être entendu à l’Assemblée nationale sur l’affaire Bétharram.
Pour rappel, il lui est reproché de ne pas avoir alerté, lorsqu’il était ministre de l’Education nationale, des cas de violences au sein de l’institution catholique Bétharram. Le Premier ministre dément avoir eu connaissance de faits de violence.
« Un continuum de François Bayrou sur le sujet »
« Il faut que François Bayrou arrête de s’empêtrer dans ses mensonges et ses approximations », lance Marine Tondelier qui souhaite que le Premier ministre tienne des « propos lourds » sur ce que l’Etat peut faire pour les « enfants dans le pays ».
« François Bayrou s’est rendu célèbre aux yeux du grand public pour avoir mis une gifle à un enfant », se souvient la leader écologiste. « A l’époque, cela avait fait de lui un quasi-héros national et il en était très fier. Il y a quand même un continuum de François Bayrou sur ce sujet ».
Mais pour Marine Tondelier, le sujet de l’enfance dépasse l’affaire Bétharram : « Nous ne voulons pas que l’audition de François Bayrou et son destin soient l’arbre qui cache la forêt de la protection de l’enfance en France. On ne peut pas avoir les yeux rivés que sur lui ».
« Ce n’est pas acceptable »
Dès lors, la secrétaire nationale et ses collègues écologistes font du bien-être de l’enfant une « condition non seulement éthique, mais politique de toute transition » en évoquant les chiffres des violences commises sur les enfants.
Selon la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église (Ciase), pas moins de 330 000 mineur.es ont subi des agressions sexuelles par des religieux ou des laïcs en lien avec l’Eglise entre 1950 et 2020. La Ciivise rappelle aussi que toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle en France. D’après le gouvernement, un enfant meurt sous les coups de ses parents chaque semaine.
Parmi les propositions évoquées à l’occasion de leur conférence de presse, les Écologistes réclament la création d’un ministère de l’Enfance, englobant l’éducation nationale et la politique familiale. « Le fait qu’il n’y ait même pas de ministère dédié à l’enfance dans ce gouvernement en dit tellement », s’agace Marine Tondelier.
En lien avec la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, un « renforcement des contrôles des établissements scolaires » est requis, en particulier pour les établissements privés sous contrat. L’objectif : instaurer une « régularité de contrôle » et prévoir une « procédure et des sanctions en cas de manquement ». Le plan d’urgence préconise aussi la création de postes d’infirmier.es scolaires et de médecins scolaires. « Nous avons un médecin scolaire pour 12 500 élèves et un infirmier scolaire pour 1 300 élèves », alarme Guillaume Gontard, président du groupe Écologiste au Sénat et signataire du plan d’urgence. « Ce n’est pas acceptable ».
« La création d’une délégation à l’enfance et aux droits de l’enfant au Sénat »
Pour le sénateur, le travail doit se poursuivre, en particulier au sein du palais du Luxembourg : « Nous avons demandé au Sénat, depuis plusieurs années et avec d’autres groupes, la création d’une délégation à l’enfance et aux droits de l’enfant. Comme cela existe à l’Assemblée nationale ».