Le Parlement est une « zone de non-droit ». C’est ce qu’estiment deux avocats d’affaire cités par le site d’information La Lettre. Le média d’investigation révèle ce lundi 12 mai que le cabinet August Debouzy va dispenser une session de formation en direction des chefs d’entreprise, de plus en plus sollicités ces derniers mois à l’Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre de missions d’information ou de commissions d’enquête.
Les deux associés du cabinet, Nicolas Baverez et Vincent Brenot, estiment que ces instruments du contrôle parlementaire « conçus pour contrôler l’action du gouvernement et évaluer les politiques publiques, sont aujourd’hui détournés de leur objet pour intervenir dans la stratégie des entreprises privées et mettre en cause leurs dirigeants ». Les deux juristes veulent donc préparer les dirigeants économiques à ce type d’exercice, et « limiter le risque d’y voir leur responsabilité exposée ».
L’information n’a pas échappé au binôme sénatorial qui anime depuis le début de l’année la commission d’enquête sur l’utilisation des aides publiques versées aux grandes entreprises, le rapporteur Fabien Gay (PCF) et le président Olivier Rietmann (LR). Ce dernier a profité de l’audition sous serment de Rodolphe Saadé, le PDG de l’armateur CMA-CGM, auditionné ce 12 mai en début de soirée, pour lui demander s’il avait été approché par un cabinet d’avocats pour préparer l’audition. « C’est non », a répondu l’homme d’affaires, relancé sur cette question en fin d’audition. « Je compte beaucoup sur les talents des collaborateurs, pour préparer tous ces documents, et le travail a été très bien fait », a-t-il expliqué.
Selon La Lettre, TotalEnergies et Sanofi — deux entreprises qui ont été entendues par la commission d’enquête il y a plusieurs semaines — ont fait partie à un moment donné du portefeuille de clients du cabinet en question.