Les sénateurs ont gelé ce mercredi 22 janvier les crédits prévus pour la Présidence de la République, le Parlement et les chaînes parlementaires, conformément aux engagement pris par ces différentes institutions dans un contexte de redressement des finances publiques. La première copie du projet de loi de finances 2025 prévoyait une légère hausse de 1,64% des crédits de la mission « pouvoirs publics », mais à l’automne dernier, les président du Sénat et de l’Assemblée nationale se sont engagés à faire déposer des amendements ramenant leurs dotations respectives au niveau de 2024. Une annonce similaire avait été faite par le Palais de l’Elysée.
Dans le détail, la présidence devra se contenter d’un budget de 122,6 millions d’euros en 2025. Celui de l’Assemblée nationale est ramené à 607,65 millions d’euros et celui du Sénat à 353,47 millions. L’enveloppe dévolue aux deux chaînes parlementaires (LCP-AN et Public Sénat) s’élève à 35,25 millions d’euros. Les élus ont notamment effacé la hausse de 307 000 euros prévu dans le texte pour la chaîne Public Sénat, dont la dotation globale de fonctionnement est désormais figée depuis une dizaine d’année.
Certaines dépenses présidentielles épinglées
C’est une économie globale de 20 millions d’euros qu’ont donc voté les élus sur les crédits de la mission « pouvoirs publics », dont le montant total devrait atteindre 1,136 milliard d’euros. « Cet effort ne va pas résorber la dette de l’Etat bien sûr, il est symbolique », a salué le rapporteur spécial de la commission des finances Grégory Blanc (EELV). Il a toutefois épinglé la hausse de certaines dépenses du côté de l’Elysée depuis plusieurs années, notamment celles « rattachées à l’action présidentielle et aux déplacements présidentielles ».
Lui emboitant le pas, sa collègue socialiste Audrey Linkenheld a dénoncé la pléthore de personnalités présentes aux côtés du président de la République lors des dernières visites d’Etat à l’étranger. « Ces déplacements ne nécessitent pas que les délégations accompagnant le chef de l’Etat soient si fournies, quand on se souvient qu’elles accueillent parfois des personnalités contestées ». En octobre dernier, la présence de l’humoriste Yassine Belattar lors du voyage d’État d’Emmanuel Macron au Maroc avait été largement critiquée.
Collaborateurs parlementaires
Mais ce sont essentiellement les efforts budgétaires imposés au Parlement qui ont cristallisé les débats, d’autant que le Sénat est lancé dans un cycle de négociations sur le temps de travail des collaborateurs parlementaires. « Lorsque nous parlons des assemblées parlementaires, il n’est pas seulement question des élus, mais aussi des fonctionnaires que je salue pour leur dévouement et leur professionnalisme au quotidien. Il s’agit aussi des assistants parlementaires, de nos collaborateurs et collaboratrices et, comme tous les salariés de ce pays, ils subissent de plein fouet l’inflation. Il faudra bien, un jour ou l’autre, que chacune et chacun qui travaille dans cette maison soit revalorisé », a martelé le communiste Fabien Gay.
En vain, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel a tenté de défendre un amendement ayant pour objet d’abonder de 4,5 millions d’euros les crédits du Sénat en vue de proposer une revalorisation salariale à ces personnels. « Nous sommes dans un état financier difficile avec peut-être 60 milliards d’intérêts de la dette par an. Je pense que tout le monde doit faire un effort », a opposé le sénateur Les Indépendants Daniel Chassaing.
« Évidemment, la démocratie a un coût, nous en avons tous conscience et les moyens donnés à nos collaborateurs ne sont pas suffisants », a reconnu le LR Cédric Perrin. « Mais soyons tous cohérent, on ne peut pas avoir dans les médias un discours démagogue sur les parlementaires qui se gavent d’argent et dire ici que l’on manque de moyens pour être suffisamment efficace », a-t-il voulu recadrer.