« Un petit budget, certes, mais à fort impact social. » Face aux sénateurs de la commission de la culture, mercredi, Marina Ferrari a voulu afficher son optimisme et défendre un budget jugé « perfectible ». Pour sa première audition devant la Haute Assemblée, la ministre des Sports, de la jeunesse et de la vie associative a détaillé un budget 2026 qui représente 1,476 milliard d’euros, soit 0,3 % du budget de l’État. Il est globalement en légère baisse par rapport à 2025, marquant une inflexion après plusieurs années de hausse. Mais derrière cette présentation comptable, des chiffres inquiètent. Le programme « Jeunesse et vie associative » (163) voit ses crédits fondre de 26 %, soit 121 millions d’euros en moins. Une baisse que la ministre justifie par un « recentrage » des politiques publiques, tout en rappelant que certains dispositifs sont préservés, comme le Fonds de développement de la vie associative (FDVA), maintenu à 68 millions d’euros, et le Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire (FONJEP), fixé à 37 millions d’euros.
« Le sport pour tous est touché par l’austérité »
« Ce qui est touché par cette austérité budgétaire, c’est le sport pour tous, les clubs et les associations », a dénoncé Jean-Jacques Lozach, sénateur socialiste. Son collègue Yan Chantrel (PS) a parlé d’« amputation sans précédent » pour les associations de jeunesse et évoqué « une vague de licenciements en cours ». Selon Béatrice Gosselin (LR), « 30 % ont une trésorerie inférieure à trois mois, certaines n’ont plus aucun mois d’exploitation ». Une association sur deux déclare avoir vu ses financements publics diminuer, et une sur quatre a déjà réduit ses activités, dénoncent plusieurs sénateurs. « Le monde associatif traverse une situation très précaire », a-t-elle insisté.
« Dans un contexte budgétaire dégradé comme jamais depuis quinze ans, le monde associatif est fragilisé », a rappelé Karine Daniel (PS), citant les 700 000 associations engagées dans les domaines de la santé, de la culture, du sport ou de l’aide alimentaire. « Un quart des structures de solidarité sont menacées de disparition. »
Un mouvement de protestation grandissant
Le 11 octobre, plusieurs milliers de bénévoles et de salariés du monde associatif ont manifesté à travers le pays pour dénoncer les coupes successives. Une mobilisation qui témoigne, selon Marina Ferrari, « de la gravité de la situation ». La ministre assure recevoir actuellement « les représentants du monde associatif » afin d’échanger sur leurs difficultés.
Elle défend un effort de l’État, « entre 2019 et 2023, le financement public des associations a augmenté de 44 %. » Et met en avant une mesure « attendue de longue date » : le doublement du plafond de la niche fiscale dite Coluche, qui permettra de défiscaliser désormais jusqu’à 2 000 euros de dons destinés aux structures d’aide aux plus démunis.
Vers un « nouveau modèle économique » des associations
Si elle se dit « consciente de l’épuisement des bénévoles » et de la « crise de financement » qui touche le secteur, Marina Ferrari appelle à une réflexion plus large : « Nous devons nous interroger sur le modèle économique de nos associations. Certaines doivent trouver de nouveaux équilibres, des financements croisés, un recours accru au mécénat. » Des propos qui font grincer quelques dents au Sénat, où plusieurs élus redoutent une privatisation progressive du monde associatif. « Plus l’État se retire, plus l’espace est laissé aux financements privés, parfois porteurs d’agendas politiques », a mis en garde Karine Daniel.
« Un petit budget, un grand impact social »
Malgré la contestation, la ministre s’efforce de défendre la cohérence de sa feuille de route : « Notre mission représente une part modeste du budget de l’État, mais son impact social est considérable », a-t-elle insisté, en appelant à mieux associer les collectivités locales, « premiers financeurs du sport et de la vie associative ». « Comme le Premier ministre, je considère ce budget perfectible », a conclu Marina Ferrari, promettant de « continuer à écouter et à accompagner le monde associatif ». Mais pour beaucoup d’élus, le signal envoyé reste préoccupant. Laurent Lafon, président de la commission, a souligné « le rôle fédérateur du sport et de la vie associative dans un pays en perte de cohésion sociale ».