C’est à un examen un peu confus que l’on a eu le droit pour cette première « mission » budgétaire étudiée par le Sénat après le vote des recettes du projet de loi de finances ce jeudi après-midi (voir notre article). Selon les scrutins, les crédits du sport ont parfois été ponctionnés pour alimenter la vie associative, et inversement. « Là on est en train de faire une soupe », a commenté le spécialiste des questions sportives au Sénat, le sénateur LR Michel Savin.
Seul véritable « bougé » budgétaire voté, un amendement de Cédric Vial et Michel Savin pour augmenter le budget des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 de 8,8 millions d’euros a été adopté et le « gage » levé par Marina Ferrari, la ministre des Sports. C’est en effet une règle de l’examen des dépenses dans le projet de loi de finances : les parlementaires ne peuvent légiférer qu’à budget constant et toute dépense doit donc être prélevés sur d’autres crédits budgétaires, sauf si le gouvernement « lève le gage », c’est-à-dire s’engage à prendre en charge le financement de la mesure votée.
« Sacrifier l’un des plus petits budgets de l’Etat est incompréhensible »
Pour le reste, un amendement de Michel Savin a été adopté pour augmenter le budget des Sports de 50 millions d’euros, fléchés sur les infrastructures sportives, alors que celui-ci a été amputé de 6,5 % dans le budget 2026 par rapport au budget 2025 (crédits de paiement). « L’Etat se désengage des plusieurs politiques sportives pour un bénéfice immédiat en termes budgétaires. La grande cause nationale de Paris 2 024 paraît oubliée. Sacrifier l’un des plus petits budgets de l’Etat […] est incompréhensible », a tancé Jean-Jacques Lozach (PS). « Si nous sommes conscients que la situation budgétaire du pays nous impose des efforts, ils doivent rester réalistes et proportionnés » a ajouté le sénateur LR, Michel Savin, qui insiste : « L’ampleur de l’effort demandé sur les crédits sport est incompréhensible pour une mission qui représente 0,09 % du budget général de l’Etat, une part infime. »
Cet amendement puise pour le moment dans les crédits alloués à la vie associative, qui ont eux-mêmes été augmentés par des ponctions dans le budget du Sport au cours d’une séance extrêmement confuse. Au bout de l’examen, le Sénat espère que la ministre « arrivera à récupérer ces 50 millions dans les arbitrages » et qu’ils ne seront donc pas prélevés sur le budget de la vie associative.
Imbroglio sur la suppression de l’Agence nationale du sport
En témoigne la question de l’Agence nationale du Sport (ANS), que Christine Lavarde (LR) suggérait de supprimer pour affecter les fonds directement au ministère. Michel Savin (LR) a proposé une « mise en extinction » moins drastique de cette agence par une diminution de son budget de seulement 10 millions au lieu de 15, afin de laisser le temps au secteur de se restructurer. Son sous-amendement a été adopté par scrutin public, mais la majorité sénatoriale n’ayant pas à nouveau demandé de scrutin public, elle a été battue dans le vote final de l’amendement corrigé selon la proposition de Michel Savin. Le dossier sera donc à suivre dans la navette.
Pour ajouter de la confusion à la confusion, le temps imparti à la discussion de ces crédits a été dépassé et les onze amendements qui restent à examiner devront donc être étudiés dimanche prochain, avant le vote final sur les crédits de la mission sport et vie associative.