A peine terminé, que tout recommence déjà. Alors que le budget pour 2025 a été adopté avec plusieurs semaines de retard, en février 2025, les discussions ont déjà repris sur le budget pour 2026. Un budget qui ressemble à un numéro d’équilibriste : un contexte de finances publiques dégradées, 40 milliards d’euros d’économies à trouver et une Assemblée nationale divisée. La marche est haute pour le gouvernement Bayrou, soutenu par la majorité sénatoriale LR-centristes.
Une réunion des présidents de groupe de gauche autour de Gérard Larcher
A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Selon les informations de Public Sénat, le président du Sénat Gérard Larcher a convié individuellement ce mardi le président du groupe socialiste et la présidente du groupe communiste à une réunion, en présence du président et du rapporteur général de la commission des finances, le PS Claude Raynal et le LR Jean-François Husson, pour évoquer le budget à venir. Les présidents des autres groupes devraient être conviés eux aussi. « Cette réunion visait à nous informer des pistes de la majorité sénatoriale pour le budget 2026 », explique à Public Sénat Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat. « Cela n’est en aucun cas une association ou une co-construction », précise-t-il.
« Le Sénat prend une longueur d’avance »
Une initiative inédite, de mémoire de parlementaire. « L’objectif est de ne pas attendre les décisions budgétaires du Conseil des ministres », comprend Patrick Kanner, « avant, on attendait la maquette du gouvernement, aujourd’hui, le Sénat prend une longueur d’avance ». Les propositions de la majorité sénatoriale pour le budget à venir seront révélées à la fin du mois de juin. Pour Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste, cette réunion traduit la situation de blocage à l’Assemblée nationale. « Tout le monde soupçonne que le budget ne sera pas voté à l’Assemblée nationale à l’automne, parce qu’il y aura un 49.3, et qu’il se fera ici au Sénat », explique-t-elle.
Le constat est partagé, pas les solutions
« L’objectif est assez simple : quand la France est enlisée, ce n’est pas une partie contre l’autre », résume Jean-François Husson, « il vaut mieux parler des mêmes choses ». Se mettre d’accord sur un constat est également l’objectif de Claude Raynal. « Les uns et les autres, nous regardons les hypothèses, nous partageons la connaissance de ces sujets, de manière à bien repérer les difficultés potentielles, les zones où il y a des possibilités d’économies », résume-t-il à Public Sénat.
Pour autant, sur le fond, la gauche s’oppose aux orientations de la majorité sénatoriale. Cette dernière donne la priorité à la baisse des dépenses publiques. « Nous, nous envisageons les 40 milliards comme un solde, entre des recettes nouvelles et une baisse des dépenses », explique Patrick Kanner. Le groupe socialiste au Sénat, par la voix notamment du président de la commission des finances Claude Raynal, plaide depuis plusieurs années pour une hausse des recettes, alors que plusieurs taxes ont été supprimées par les gouvernements successifs depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. C’est aussi le cas du groupe communiste. Sa présidente a d’ailleurs annoncé qu’elle se coordonnera avec ses collègues de gauche, au Sénat, en vue de la période budgétaire.