La vague de chaleur joue les prolongations sur l’Hexagone. Après plusieurs jours de températures extrêmes, la vigilance rouge canicule demeure ce mercredi 2 juillet pour l’Aube, l’Yonne, le Loiret et le Cher, avec des pointes à 39 °C attendues localement, tandis que plus de la moitié du pays reste en alerte orange. Cette atmosphère inflammable a fini par gagner l’hémicycle du Sénat, où la sénatrice écologiste Mélanie Vogel a vivement brocardé le gouvernement cet après-midi pour les reculs des derniers mois en matière d’écologie.
« Cette année, en France, du fait de canicules que l’action politique aurait pu maîtriser, combien y aura-t-il de morts ? », a lâché l’élue à l’occasion d’une séance de questions d’actualité au gouvernement largement consacrée à cet épisode climatique de très forte intensité. « Depuis 2022 seulement, et uniquement du fait des pics de chaleur, nous avons eu 20 000 morts en France », a rappelé Mélanie Vogel.
« Le sous-financement massif de la transition écologique »
« Il y a une chose qui doit être bien claire ici pour toutes les personnes qui nous écoutent et qui nous regardent : ces gens ne sont pas morts de la chaleur. Ces personnes ne sont pas mortes de la crise climatique, ni même de l’inaction climatique. Elles sont mortes de l’action climaticide menée par celles et ceux qui sont au gouvernement depuis huit ans », a-t-elle voulu dénoncer, s’attirant les sifflets d’une partie de l’hémicycle. « L’action climaticide ne tue pas les riches, elle ne tue pas les cadres qui travaillent dans des bureaux climatisés et qui vivent dans des logements isolés. Elle tue plein de travailleurs du BTP, elle tue les aides-soignantes, elles tuent les ouvrières et les ouvriers qui vivent dans des passoires énergétiques l’hiver et des bouilloires l’été ».
Mélanie Vogel a épinglé « la pause environnementale dans laquelle le président a voulu embarquer tout le continent européen », mais aussi « le sous-financement massif de la transition écologique, mené à son paroxysme cette année avec une baisse d’un tiers des crédits dans la transition ». La sénatrice a encore reproché au gouvernement, privé de majorité à l’Assemblée nationale, de « mener une politique climaticide dictée par l’extrême droite » pour se maintenir au pouvoir.
La mise en œuvre du plan national d’adaptation au changement climatique
Pour lui répondre, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, a tenté de faire valoir les évolutions mises en place depuis la canicule de 2003, qui avait fait 15 000 morts en France. « Nous avons énormément travaillé et énormément progressé, tant dans les services de santé, dans les EHPAD, que dans les services de secours. Nous nous sommes organisés pour faire en sorte de faire face à ce type d’événement de canicule », a-t-elle assuré. La ministre a expliqué que la France avait baissé de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, « rattrapant ainsi le retard accumulé par nos prédécesseurs ».
« Nous devons aussi mettre en œuvre le plan national d’adaptation au changement climatique. Ce plan, que j’ai présenté en mars dernier, qui avait été préparé par mon prédécesseur Christophe Béchu, c’est 200 actions, dont certaines ont déjà été mises en œuvre », a fait valoir Agnès Pannier-Runacher, évoquant notamment « les mesures de précaution pour les travailleurs pendant les temps de canicule ».
« Faire l’auto-satisfecit d’un plan d’adaptation qui a deux ans de retard, qui est critiqué par le Haut Conseil au climat, par la société civile parce qu’il est flou, qu’il est non financé et qu’il est non contraignant, c’est indécent », lui a rétorqué Mélanie Vogel.
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Un mois historique
Ce mois de juin est devenu le deuxième mois de juin le plus chaud depuis le début des mesures en 1900, après celui de 2003, avait annoncé un peu plus tôt dans la journée Agnès Pannier-Runacher. Si le record national de température se maintient depuis 2019 à 46 °C, plusieurs communes ont franchi le seuil des 40 °C ces derniers jours. Par ailleurs, l’exposition à la chaleur s’est traduite par une hausse significative des pathologies liées aux températures extrêmes, a fait savoir Santé publique France lors d’une conférence de presse, notamment chez les plus fragiles. Selon l’Agence française de santé publique, le recours quotidien aux soins d’urgence a doublé entre le 20 et le 30 juin chez les plus de 75 ans.