« C’est la première fois qu’une trentaine de PDG sont auditionnés par une commission d’enquête et c’est la première fois qu’ils révèlent le montant des aides publiques », se félicite Fabien Gay. Pour le sénateur, ces auditions sont l’occasion d’avoir un « débat » et des « échanges » en toute transparence puisque, comme il l’assure, « tous les grands patrons ou quasiment tous jouent le jeu ».
« A partir de là, nous pouvons mettre sur la table la question des aides publiques et leur utilité en termes d’emplois, de maintien de l’outil industriel, de décarbonation et de stratégie industrielle », souligne le sénateur. « En face, on met les impôts, les prélèvements obligatoires et le versement de dividendes. C’est un débat d’intérêt général ».
« Même avec un rapporteur communiste, on peut avoir des échanges intéressants »
Lundi, la commission d’enquête a auditionné Rodolphe Saadé, le PDG du géant français du transport maritime CMA-CGM. Les sénateurs l’ont interrogé sur la niche fiscale « au tonnage » dont bénéficie son groupe et qui a coûté près de 5,6 milliards d’euros à l’Etat en 2023. « Lorsque l’on a une niche fiscale qui s’applique à 98 % pour une seule personne, qui a pesé sur une année plus de 5 milliards d’euros et qui a permis à un groupe de largement investir et de se diversifier, je pense qu’il est normal que nous ayons ce débat ».
Le lendemain, François-Henri Pinault, PDG du groupe de luxe Kering, était également entendu par la commission d’enquête. Si Kering n’a perçu que peu d’aides publiques directes (8 millions d’euros). « J’ai tout de même relevé une niche fiscale avantageuse de deux milliards d’euros », pointe le sénateur sans donner plus d’explications.
« Patrick Pouyanné (Directeur général de Total) a même dit que lorsque l’on aide une entreprise, celle-ci ne doit pas verser de dividendes », s’étonne encore le sénateur. « Donc même avec un rapporteur communiste, on peut avoir des échanges intéressants et trouver des pistes de travail communes ».