Il a tenté de mettre fin aux débats. Il est resté bien seul et isolé. La question préalable, l’une des motions de procédure, défendue par le sénateur Reconquête, Stéphane Ravier, en ouverture des débats, a été rejetée par le Sénat à la quasi-unanimité, moins une voix en faveur de la motion, celle de Stéphane Ravier lui-même. Son adoption aurait été synonyme de rejet d’emblée du texte.
L’ex-sénateur RN, qui a rejoint le parti d’Eric Zemmour, a dit tout le mal qu’il pensait de la constitutionnalisation de l’IVG. « A la réflexion finalement, je vous le concède, la gauche a raison. Aujourd’hui, en France, la loi Veil est menacée. Le respect de tout être humain dès le commencement de la vie, garanti par l’article 1er de la loi Veil, est menacé, tout autant que la clause de conscience des professionnels de santé et la liberté d’expression et de communication à ce sujet », a commencé Stéphane Ravier, citant Simone Veil : « L’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ».
S’adressant aux « macronistes », il lance : « Vous voudriez une victoire symbolique, avec les idées de la gauche et les voix de la droite, pour faire oublier que pour votre champion, du Salon de l’agriculture aux salons de l’Elysée, c’est le désastre permanent ». Le sénateur des Bouches-du-Rhône s’est adressé aussi à ses « chers collègues du RN : n’oubliez pas les propos pas si lointains de votre présidente, sur la dérive que constituent, je cite, « les avortements de confort ». De la dédiabolisation au reniement, il n’y a qu’un pas. L’abandon ne mène jamais à la victoire ». Une intervention que Stéphane Ravier a terminée sous les cris de la gauche, et qu’il n’a pu conclure, ayant utilisé son temps imparti.
Prenant la parole contre la motion, la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel, a été à son tour interpellée par Stéphane Ravier. « Assois-toi et ferme là ! » lui a lancé un sénateur écologiste. « Sortez-le ! » a demandé un autre, avant que la présidente ne doive appeler au calme. « Vous avez un seul mérite, Monsieur Ravier. C’est la constance que vous avez à pouvoir nous démontrer que nous avons raison à vous donner tort ». Elle lui a rappelé que « vous êtes aujourd’hui minoritaire en France. Nous sommes majoritaires. C’est pour cela qu’il faut inscrire l’IVG dans la Constitution ».
Pour la commission des lois, la rapporteur LR Agnès Canayer a exprimé son avis défavorable, souhaitant continuer le débat, tout comme le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. « On a envie de consacrer l’IVG, c’est une journée historique ! » a lancé le ministre, qui a raillé le sénateur d’extrême droite : « Merci pour votre intervention, elle était très utile. Elle illustre qu’il y a encore aujourd’hui des gens qui souhaitent s’opposer à l’IVG ».