Marseille: Protests after Nahel’s murder

Emeutes de 2023 : un coût « colossal » estimé à un milliard d’euros, selon le rapport du Sénat

Le coût des émeutes qui ont touché tout le territoire l’été dernier est estimé à 793 millions d’euros, selon France Assureurs. Mais en raison notamment de la non-déclaration d’une partie des sinistres, la commission d’enquête du Sénat sur ces événements estime ce coût autour d’un milliard d’euros. 2.500 bâtiments ont été touchés et plus de 12.000 véhicules ont été incendiés.
François Vignal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les chiffres des émeutes de l’été 2023 sont impressionnants. Ils dépassent largement ceux des émeutes de 2005. C’est ce que rappelle le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur les événements qui ont touché l’ensemble du territoire, du 28 juin au 5 juillet dernier. Le président LR de la commission des lois, François-Noël Buffet, en a présenté les conclusions mercredi 11 avril (lire notre article sur le sujet pour tous les détails).

Au sein du bilan chiffré, un chiffre retient l’attention : c’est le coût des émeutes. Il est « colossal », écrit le rapport. Le coût des dégâts matériels engendrés est d’un ordre de grandeur « avoisinant le milliard d’euros », peut-on lire. Clairement, « l’ampleur du phénomène est sans commune mesure avec les événements de 2005 », qui sont largement « dépassées », souligne François-Noël Buffet. Regardez :

L’Île-de-France est la première région touchée avec 38,9 % des sinistres déclarés

Selon la dernière estimation de France Assureurs, du 27 mars 2024, les émeutes ont représenté un coût total de 793 millions d’euros pour les assureurs, qui ont comptabilisé 16.400 sinistres, précise le rapport. Un montant quatre fois supérieur à celui des émeutes de 2005. L’indemnisation des collectivités représente 27 % de ce coût total. L’Île-de-France est la première région touchée avec 38,9 % des sinistres déclarés et 42,5 % du coût total. A noter qu’en septembre dernier, l’estimation de France Assureurs du coût des dégradations était de 730 millions d’euros.

En regardant le nombre de sinistres, 46 % sont des dommages aux véhicules, 41 % des dommages aux biens des professionnels, 9 % des dommages aux biens des particuliers et 4 % des dommages aux biens des collectivités territoriales.

« Pour la seule police nationale, les émeutes ont entraîné un préjudice de 30 millions d’euros »

Mais « les dommages pris en charge par les assureurs, pourtant déjà particulièrement élevés, ne permettent cependant pas d’appréhender la totalité des dégâts matériels engendrés par les émeutes », peut-on lire dans le rapport, car « tous les sinistres n’ont pas nécessairement été déclarés aux assureurs, lesquels n’ont pas toujours pris en charge la totalité des coûts occasionnés par le sinistre ». D’où une estimation d’un milliard d’euros. « Elle correspond par ailleurs à celle du gouvernement, la secrétaire d’Etat en charge de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, ayant évoqué « un milliard de dégâts estimés » », ajoute le rapport.

« Pour la seule police nationale, les émeutes ont entraîné un préjudice de 30 millions d’euros, dont 10 millions d’euros pour les travaux de réparation des commissariats dégradés, un million d’euros pour la réparation ou le renouvellement des véhicules endommagés, et 19 millions d’euros pour la reconstitution des stocks de munitions et divers matériels nécessaires aux opérations de maintien de l’ordre », précise le document de la commission des lois, qui ajoute que « pour le ministère de la Justice, le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé dans la presse que le coût de reconstruction des bâtiments relevant de son ministère s’élevait à 5 millions d’euros ».

« Malgré le préjudice financier et moral indéniable pour tous ces commerces, les émeutes n’ont cependant pas eu d’incidence majeure sur l’économie »

Dans le détail des dégradations, au moins 672 communes ont été concernées par les émeutes – soit deux fois plus qu’en 2005 – situées dans 95 départements. 2.508 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 273 bâtiments des forces de l’ordre touchés, 105 mairies, 243 établissements scolaires. Plus de mille commerces ont été dégradés, dont 366 agences bancaires, sans oublier 12.031 véhicules incendiés, selon les chiffres qu’avait donnés le ministre Gérald Darmanin, lors de son audition le 5 juillet.

« Malgré le préjudice financier et moral indéniable pour tous ces commerces, les émeutes n’ont cependant pas eu d’incidence majeure sur l’économie française », relève cependant le rapport, qui ajoute que « le secteur du tourisme, bien qu’ayant enregistré des annulations de réservations au cours des évènements, ne semble pas non plus avoir été affecté outre-mesure ».

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Emeutes de 2023 : un coût « colossal » estimé à un milliard d’euros, selon le rapport du Sénat
4min

Parlementaire

Financement de la défense : « L’idée que l’on puisse sacrifier le service public ou demander des efforts supplémentaires au monde du travail, c’est hors de question », estime Ian Brossat 

Invités de Parlement Hebdo, le sénateur communiste Ian Brossat et la députée EPR Constance Le Grip ont livré leurs différences de points de vue sur l’augmentation du budget de la défense. Les parlementaires ont également rappelé leurs divergences sur la proposition de résolution adoptée à l’Assemblée nationale proposant d’utiliser les avoirs russes gelés.

Le

Emeutes de 2023 : un coût « colossal » estimé à un milliard d’euros, selon le rapport du Sénat
6min

Parlementaire

ZAN : le Sénat exclut la construction de logements sociaux et de sites industriels du décompte de l’artificialisation des sols

Le Sénat a terminé l’examen de la proposition de loi visant à assouplir le « zéro artificialisation nette ». Après avoir supprimé l’objectif de réduire de 50 % l’artificialisation des sols d’ici 2031, la majorité sénatoriale a créé de nouvelles exceptions au dispositif. Une mesure désapprouvée par les écologistes, mais aussi par le gouvernement.

Le

Emeutes de 2023 : un coût « colossal » estimé à un milliard d’euros, selon le rapport du Sénat
6min

Parlementaire

Ecologie : le Sénat modifie la loi sur le « zéro artificialisation nette » après des débats houleux

À l’initiative de la majorité sénatoriale de droite et du centre, le Sénat a largement assoupli la trajectoire de réduction de l’artificialisation des sols, alors que la législation actuellement en vigueur prévoit de mettre fin à l’étalement urbain d’ici 2050. Vent débout, les écologistes dénoncent une « consciencieuse démolition » du dispositif.

Le