Marseille: Protests after Nahel’s murder
The killing of Nahel M, 17, has sparked riots in cities across France as well as the town of Marseille. 30/06/2023 During the protests in Marseille, police used many of tear gas and detained many demonstrators. Large groups of people, mostly young people, clashed with the police, especially around the Vieux Port. Some of demonstrators broke down the doors of many shops in the center of Marseille, mostly taking electronic and clothing and jewelry products. The clashes continued until late at night.//ASLANSENERYILMAZ_Sipa.20049/Credit:SENER YILMAZ ASLAN/SIPA/2307011837

Emeutes de 2023 : un coût « colossal » estimé à un milliard d’euros, selon le rapport du Sénat

Le coût des émeutes qui ont touché tout le territoire l’été dernier est estimé à 793 millions d’euros, selon France Assureurs. Mais en raison notamment de la non-déclaration d’une partie des sinistres, la commission d’enquête du Sénat sur ces événements estime ce coût autour d’un milliard d’euros. 2.500 bâtiments ont été touchés et plus de 12.000 véhicules ont été incendiés.
François Vignal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les chiffres des émeutes de l’été 2023 sont impressionnants. Ils dépassent largement ceux des émeutes de 2005. C’est ce que rappelle le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur les événements qui ont touché l’ensemble du territoire, du 28 juin au 5 juillet dernier. Le président LR de la commission des lois, François-Noël Buffet, en a présenté les conclusions mercredi 11 avril (lire notre article sur le sujet pour tous les détails).

Au sein du bilan chiffré, un chiffre retient l’attention : c’est le coût des émeutes. Il est « colossal », écrit le rapport. Le coût des dégâts matériels engendrés est d’un ordre de grandeur « avoisinant le milliard d’euros », peut-on lire. Clairement, « l’ampleur du phénomène est sans commune mesure avec les événements de 2005 », qui sont largement « dépassées », souligne François-Noël Buffet. Regardez :

L’Île-de-France est la première région touchée avec 38,9 % des sinistres déclarés

Selon la dernière estimation de France Assureurs, du 27 mars 2024, les émeutes ont représenté un coût total de 793 millions d’euros pour les assureurs, qui ont comptabilisé 16.400 sinistres, précise le rapport. Un montant quatre fois supérieur à celui des émeutes de 2005. L’indemnisation des collectivités représente 27 % de ce coût total. L’Île-de-France est la première région touchée avec 38,9 % des sinistres déclarés et 42,5 % du coût total. A noter qu’en septembre dernier, l’estimation de France Assureurs du coût des dégradations était de 730 millions d’euros.

En regardant le nombre de sinistres, 46 % sont des dommages aux véhicules, 41 % des dommages aux biens des professionnels, 9 % des dommages aux biens des particuliers et 4 % des dommages aux biens des collectivités territoriales.

« Pour la seule police nationale, les émeutes ont entraîné un préjudice de 30 millions d’euros »

Mais « les dommages pris en charge par les assureurs, pourtant déjà particulièrement élevés, ne permettent cependant pas d’appréhender la totalité des dégâts matériels engendrés par les émeutes », peut-on lire dans le rapport, car « tous les sinistres n’ont pas nécessairement été déclarés aux assureurs, lesquels n’ont pas toujours pris en charge la totalité des coûts occasionnés par le sinistre ». D’où une estimation d’un milliard d’euros. « Elle correspond par ailleurs à celle du gouvernement, la secrétaire d’Etat en charge de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, ayant évoqué « un milliard de dégâts estimés » », ajoute le rapport.

« Pour la seule police nationale, les émeutes ont entraîné un préjudice de 30 millions d’euros, dont 10 millions d’euros pour les travaux de réparation des commissariats dégradés, un million d’euros pour la réparation ou le renouvellement des véhicules endommagés, et 19 millions d’euros pour la reconstitution des stocks de munitions et divers matériels nécessaires aux opérations de maintien de l’ordre », précise le document de la commission des lois, qui ajoute que « pour le ministère de la Justice, le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé dans la presse que le coût de reconstruction des bâtiments relevant de son ministère s’élevait à 5 millions d’euros ».

« Malgré le préjudice financier et moral indéniable pour tous ces commerces, les émeutes n’ont cependant pas eu d’incidence majeure sur l’économie »

Dans le détail des dégradations, au moins 672 communes ont été concernées par les émeutes – soit deux fois plus qu’en 2005 – situées dans 95 départements. 2.508 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 273 bâtiments des forces de l’ordre touchés, 105 mairies, 243 établissements scolaires. Plus de mille commerces ont été dégradés, dont 366 agences bancaires, sans oublier 12.031 véhicules incendiés, selon les chiffres qu’avait donnés le ministre Gérald Darmanin, lors de son audition le 5 juillet.

« Malgré le préjudice financier et moral indéniable pour tous ces commerces, les émeutes n’ont cependant pas eu d’incidence majeure sur l’économie française », relève cependant le rapport, qui ajoute que « le secteur du tourisme, bien qu’ayant enregistré des annulations de réservations au cours des évènements, ne semble pas non plus avoir été affecté outre-mesure ».

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
5min

Parlementaire

Budget : le retard à l’Assemblée nationale ne chamboule pas, pour le moment, l’examen du texte au Sénat

Alors que l’Assemblée nationale ne tiendra pas les délais initialement fixés pour voter les recettes du budget de l’Etat, le Sénat regarde d’un œil attentif les débats à la chambre basse. Pour le moment le calendrier en séance – déjà raccourci – ne devrait pas être à nouveau bouleversé. L’objectif : que le Parlement se positionne sur le budget avant le 23 décembre, ou à défaut le 31.

Le

Faure Val
7min

Parlementaire

Réforme des retraites : une suspension loin d’être acquise

Le décalage de la réforme des retraites posé par les socialistes comme préalable aux discussions budgétaires devrait être supprimé au Sénat. En temps normal, l’Assemblée a le dernier mot, mais dans la configuration parlementaire actuelle, l’équation pourrait être plus complexe. En toute probabilité, cette concession faite par Sébastien Lecornu aux socialistes ne s’appliquerait que si le gouvernement légifère sur le budget par ordonnances.

Le